Dr Boileau encourage les «personnes à risque» à «reprendre le port du masque»

QUÉBEC — Devant une hausse de la transmission de la COVID-19 au Québec, le directeur national de santé publique Luc Boileau encourage les «personnes à risque» à «reprendre le port du masque». 

Lors d’une conférence de presse mercredi avant-midi, le Dr Boileau a également invité les personnes immunosupprimées, les gens âgés de 60 ans et plus, et ceux qui souffrent d’une maladie chronique à obtenir une quatrième dose du vaccin contre la COVID-19, si ce n’est pas déjà fait. 

«On estime que cette remontée des cas va se poursuivre quelques jours ou peu de semaines», a indiqué Luc Boileau en ajoutant qu’une nouvelle baisse de la transmission devrait être observée d’ici quelques semaines, «alors c’est possible de profiter de son été», mais «en étant conscient que le virus circule». 

La province a rapporté mercredi quatre nouveaux décès liés à la COVID-19 et on compte actuellement 1260 hospitalisations, une hausse de 34 comparativement à mardi. Trente-cinq patients sont aux soins intensifs, soit un de moins que la veille. 

Une hausse plus hâtive que prévu

Cette nouvelle hausse de transmissibilité est liée à «l’arrivée de nouveaux variants», comme les «BA2.12.1 BA4 et BA5», a expliqué le directeur national de santé publique qui les a qualifiés de «variants plus transmissibles et qui se propagent plus facilement». 

«Le trois quarts des nouveaux cas qui circulent sont des cas liés à ces types de variant», a indiqué Luc Boileau en ajoutant que «cette hausse était prévisible, mais elle est arrivée plus hâtivement que nous le croyions». 

Le Dr Boileau a mentionné qu’il est possible que le nombre d’hospitalisations atteigne 1500 dans les prochaines semaines, mais la santé publique ne s’attend pas à ce qu’il y ait 2000 ou 3000 hospitalisations comme c’était le cas au mois de décembre ou encore au mois d’avril dernier. 

«Dans les scénarios qui sont devant nous, il n’y en a pas où nous allons recommander des mesures plus fortes et le port du masque notamment pour tout le monde», a précisé le directeur national de santé publique. 

Une «tempête parfaite»

Le Dr Don Vinh, du Centre universitaire de santé McGill, affirme pour sa part que le Québec fait face à une «tempête parfaite» de facteurs, notamment l’émergence de nouveaux variants, la diminution de l’immunité induite par la vaccination ou une infection qui date de quelques mois et la suppression des restrictions de santé publique.

Les nouveaux sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5, a-t-il déclaré dans une entrevue, semblent gagner du terrain et trouver des personnes vulnérables à infecter, d’autant plus que les mutations semblent mieux capables d’échapper à l’immunité que les souches précédentes.

«Vous mettez les deux ensemble, les nouveaux variants et l’immunité décroissante provenant de l’infection, de la vaccination ou des deux, et ce qui se passe, c’est que vous avez un bassin renouvelé de personnes sensibles et un variant qui émerge», a-t-il déclaré.

L’augmentation des hospitalisations, a-t-il ajouté, survient à un moment où le système de santé est le moins préparé à y faire face.

Les travailleurs hospitaliers à «tous les niveaux» sont débordés, a-t-il indiqué, en faisant référence aux ambulanciers, au personnel des urgences, aux travailleurs communautaires et à ceux qui offrent des soins à domicile.

La COVID-19 exerce également une pression accrue sur le système en obligeant les travailleurs de la santé qui sont malades à rester à la maison au moment où le système de santé en a le plus besoin, a-t-il déclaré. 

Un total de 6285 travailleurs de la santé sont absents pour des raisons liées à la COVID-19, comme un retrait préventif ou un isolement. 

«Le réseau est toujours prêt à répondre à tout ce qui lui arrive», a indiqué le Dr Boileau, mais «il y a des endroits où ça peut être plus difficile», donc plusieurs centres hospitaliers sont en train de redéfinir «comment ils peuvent organiser leurs services», a précisé le directeur national de santé publique qui s’est dit préoccuper par cette situation.

Des vaccins toujours efficaces

Même face aux nouveaux variants, Luc Boileau a rappelé «que le vaccin est toujours très efficace pour éviter les complications de la maladie, en particulier les hospitalisations ou les soins intensifs ou les décès». 

Questionné à savoir si les personnes non vaccinées sont surreprésentées parmi les 1260 hospitalisations actuelles, le Dr Boileau a indiqué «qu’on a des chiffres qui indiquent que les personnes non vaccinées sont clairement plus à risque».

À ceux qui remettraient en doute l’efficacité des vaccins contre les nouveaux variants, le Dr Boileau a affirmé qu’aucun scientifique sérieux «ne va remettre en question l’efficacité de la vaccination». 

Selon l’Institut national de santé publique du Québec, 8 % des personnes âgées de 12 ans et plus n’ont reçu aucune dose du vaccin contre la COVID-19. Les Québécois de plus de 12 ans, qui ne sont pas vaccinés, représentaient 17 % des personnes admises aux soins intensifs dans les 28 derniers jours, selon des données publiées mardi par le gouvernement.

Le Dr Jean Longtin, expert clinique en appui à la gestion scientifique de la pandémie du MSSS, qui accompagnait le Dr Boileau, a expliqué que Moderna et Pfizer préparaient de nouveaux vaccins, «qui vont probablement mieux couvrir les nouveaux variants» et que ces vaccins seraient prêts cet automne. 

En fonction de la situation épidémiologique et de la quantité de vaccins disponibles, la Santé publique déterminera alors «qui aura besoin de ces nouveaux vaccins», a indiqué Jean Longtin.