Des organisations se mobilisent pour réclamer le financement du transport collectif

MONTRÉAL — Une centaine de personnes ont marché dimanche dans les rues du centre-ville de Montréal pour protester contre le manque de financement du transport collectif. Une éventuelle réduction de service de la Société de transport de Montréal (STM) les préoccupe.  

Le collectif à l’origine de l’événement, Vélorution Montréal, dit s’inquiéter des compressions qui surviendraient si le déficit de la STM n’est pas comblé. Radio-Canada a dévoilé le mois dernier que, sans financement additionnel, le métro pourrait fermer à 23 h tous les jours, ouvrir à 9 h la fin de semaine et que le service de bus serait réduit, selon des documents et des sources consultés par le diffuseur public.  

L’un des membres fondateurs de Vélorution Montréal, Mathieu Murphy-Perron, indique que cette situation serait très grave.  

«Si on veut une ville qui est décongestionnée, une ville qui est sécuritaire, une ville qui n’est pas trop bruyante, on a besoin d’offrir des alternatives à la culture tout à l’auto», affirmait-il en entrevue peu avant que le rassemblement ne se mette en branle à 11 h au Square Victoria.  

Les marcheurs étaient suivis par un ancien autobus de la STM des années 1980, une gracieuseté de l’une des organisations qui collaboraient à la manifestation, à savoir Équiterre, Greenpeace et Trajectoire Québec.  

«Vu qu’on parle d’un retour en arrière de 1992, 1993, (le groupe s’est dit que) ce serait logique de faire sortir un des vieux bus», explique Mathieu Murphy-Perron.  

Dans l’autobus étaient accrochées des photographies grandeur nature du premier ministre François Legault et de la ministre des Transports Geneviève Guilbault.  

«Ça me fait vraiment plaisir de voir M. Legault et Mme Guilbault dans un autobus. Je pense que c’est la première fois qu’ils prennent ça. Peut-être que s’ils le prenaient plus souvent, mon travail serait plus facile», a commenté lors des discours Sarah V. Doyon, la directrice générale de Trajectoire Québec, une association qui assure la promotion des intérêts des usagers du transport collectif. 

Partout au Québec  

Et la situation ne concerne pas que la région métropolitaine.  

L’ensemble des dix sociétés de transport du Québec sont dans l’incertitude, selon Sarah V. Doyon. 

Elle explique que, dans la région de la Capitale-Nationale par exemple, la société de transport estime être capable de «sauver les meubles» pour 2024. «On n’a toujours pas d’entente pour les cinq prochaines années pour le financement», indique Mme V. Doyon en entrevue avec La Presse Canadienne.  

Pour 2025 à 2028, les fonds devraient être connus lors du prochain budget en mars, précise-t-elle. «Mais on est très inquiet, l’entente pour 2024 ne nous a pas envoyé de signaux positifs pour les quatre prochaines années, donc on a peur que les coupures de services qu’on envisageait soient évitées pour 2024, mais ne soient que partie remise pour 2025.» 

Pour Mme V. Doyon, il faudrait donner suite au chantier sur le financement de la mobilité qui avait été lancé par le gouvernement en 2019.  

«Il y a eu une longue tournée de consultations, il y a eu un rapport, mais il n’y a rien sur les choix ou la mise en œuvre de nouvelles sources de financement. Et c’est là que ça bloque», affirme-t-elle.  

Pressions politiques 

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, était des manifestants avec la députée Alejandra Zaga Mendez. Le deuxième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale a l’intention de talonner la Coalition avenir Québec (CAQ) dans le dossier du transport collectif.  

«On souhaitait que la mise à jour économique apporte des solutions pour les sociétés de transport partout à travers le Québec, ce n’était pas au rendez-vous», précise en marge de la manifestation Manon Massé, en référence à la mise à jour économique du 7 novembre dernier.  

Le ministre des Finances, Éric Girard, a annoncé que 265 millions $ seront déboursés pour éponger une partie des déficits des sociétés de transport. 

Selon Manon Massé, faire la moitié du chemin ne règle pas le problème. «Il n’accepterait pas de faire ça pour aucune entreprise privée, déplore l’élue. Pour Northvolt, s’est-il posé la question “j’y vais à moitié, pas à moitié ?”, non, non.» 

Elle martèle que le transport collectif est un bien commun et que le premier ministre François Legault doit changer son fusil d’épaule, «parce qu’on est en 2023». 

Le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, n’a pas répondu à une demande de commentaires de La Presse Canadienne en fin de semaine.