Des médecins ukrainiens installés à Terre-Neuve se disent frustrés contre la province

SAINT-JEAN, T.-N.-L. — Une médecin qui a fui l’invasion russe de l’Ukraine et qui est arrivée à Terre-Neuve-et-Labrador le mois dernier dit qu’elle n’est pas la seule médecin de son pays frustrée par le manque d’aide du gouvernement provincial.

Maryna Sikorska dit qu’elle est arrivée à Saint-Jean en juin et a envoyé un courriel au gouvernement le 7 juillet disant qu’elle voulait travailler et avait besoin d’aide, mais elle dit qu’elle n’a reçu une réponse que dimanche soir.

Elle a déclaré dans une récente entrevue qu’elle connaissait quatre autres médecins et une infirmière de son pays qui ont déménagé à Terre-Neuve et qui se sentent également bloqués par un manque de communication de la part du gouvernement.

«Je ne veux pas partir de Terre-Neuve, j’aime cet endroit, a-t-elle déclaré. J’aime ces gens et je veux les aider, mais je ne peux pas. Et ça me brise le cœur, vraiment.»

Terre-Neuve-et-Labrador a pris plusieurs mesures pour attirer dans la province les Ukrainiens qui quittent leur pays à cause des attaques de l’armée russe. Le gouvernement a établi un bureau satellite à Varsovie, en Pologne, pour aider les Ukrainiens à s’installer dans la province, et il a affrété deux vols de la Pologne à Saint-Jean, transportant chacun plus de 150 Ukrainiens.

Mme Sikorska est arrivée le 14 juin avec son mari et ses trois enfants. Avant cela, elle avait été médecin généraliste pendant huit ans à Kyiv, où elle avait ouvert un centre médical. Elle a également enseigné la pédiatrie à l’académie de médecine militaire ukrainienne.

Mme Sikorska comprend qu’elle devra se mettre à jour et passer des examens pour obtenir un permis à Terre-Neuve-et-Labrador. Mais il existe des moyens par lesquels la province pourrait aider ou accélérer ce processus, selon elle, notant que le simple fait de fournir des formulaires traduits et des informations de certification aiderait.

«Ils ont dit qu’ils avaient besoin de médecins, que les gens n’avaient pas de médecin de famille», a-t-elle déclaré à propos des représentants provinciaux à qui elle avait parlé avant de déménager à Saint-Jean.

Michael Holden a aidé des immigrants ukrainiens à s’installer à Terre-Neuve et a affirmé dans une récente entrevue qu’il faisait partie d’une discussion de groupe de 10 médecins de ce pays qui sont également frustrés.

Il dit que pendant que les médecins attendent des nouvelles du gouvernement provincial, ils ont été approchés par le ministère de la Santé de la Nouvelle-Écosse pour déménager dans cette province.

La Nouvelle-Écosse plus proactive

La Nouvelle-Écosse a lancé un portail en ligne à la fin juin pour aider les travailleurs de la santé ukrainiens à trouver des emplois. Khalehla Perrault, porte-parole du ministère de la Santé et du Mieux-être, a déclaré lundi dans un courriel que personne n’avait encore été jumelé à un emploi par le biais du système ; cependant, «plusieurs fournisseurs de soins de santé» travaillent avec tous ceux qui ont postulé.

M. Holden a indiqué que deux médecins locaux qui font partie du groupe à Terre-Neuve-et-Labrador se disent prêts à aider les médecins ukrainiens à étudier pour les examens de licence médicale, a-t-il ajouté.

«Nous ne voulons pas de médecins ukrainiens frustrés ici à Terre-Neuve, a affirmé M. Holden. Nous devrions leur dérouler le tapis rouge.»

M. Holden a ajouté que la province avait désespérément besoin de médecins — l’association médicale de Terre-Neuve-et-Labrador a publié le mois dernier un sondage montrant que près d’un habitant sur quatre n’a pas de médecin de famille.

Il a créé dimanche une publication sur les réseaux sociaux largement partagée à propos d’un médecin ukrainien frustré, ce qui a suscité une réponse de Tom Osborne, le nouveau ministre de la Santé de la province, qui a exhorté les médecins ukrainiens à contacter directement son bureau ou le bureau du premier ministre Andrew Furey.

M. Holden a expliqué qu’il avait ensuite envoyé sa liste de médecins à M. Osborne, qui a commencé à envoyer un courriel à chacun d’eux. M. Osborne a également proposé d’organiser une réunion avec les médecins.

Ensuite, M. Holden a dit qu’il aimerait voir la province offrir les mêmes types de soutien à ces médecins qu’ils peuvent obtenir en Nouvelle-Écosse, alors qu’ils étudient pour les examens difficiles qu’ils doivent réussir pour exercer à Terre-Neuve-et-Labrador. 

«Je veux voir des règles du jeu équitables entre les provinces», a-t-il avancé.

Le bureau de M. Osborne n’a pas été en mesure de fournir une réponse lundi.

Mme Sikorska a reçu un courriel de M. Osborne dimanche soir, après avoir transmis à son bureau un courriel qu’elle avait envoyé au bureau du premier ministre le 7 juillet. Le courriel de M. Osborne l’a remerciée pour sa note et a précisé que son personnel la contacterait bientôt. 

«Nous verrons bien», a-t-elle dit.