Des groupes sonnent l’alarme contre la vente de sachets de nicotine aux enfants

MONTRÉAL — Des groupes antitabac sonnent l’alarme contre la vente de sachets de nicotine aux enfants au Canada. Ils demandent à Ottawa de suspendre la vente jusqu’à ce que le produit soit encadré adéquatement.

De l’avis de ces groupes impliqués dans la lutte contre les produits du tabac, l’heure est grave et les gouvernements doivent agir rapidement. 

Dans l’immédiat, ils proposent de rendre la nicotine disponible uniquement sous ordonnance médicale ou de suspendre complètement la vente de ces produits.

En conférence de presse à Ottawa, la codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise sur le contrôle du tabac, Flory Doucas, a souligné que pour la première fois en plus de 100 ans «on a permis à un cigarettier de commercialiser et de vendre, en toute légalité, des produits contenant de la nicotine à des enfants».

Les groupes de défense affirment revivre le scénario éculé des compagnies de tabac qui développent un produit contournant les lois existantes afin de cibler des jeunes et de les rendre dépendants.

Après les cigarettes, les cigares et les vapoteuses, c’est maintenant par les sachets de nicotine comestibles qu’ils tentent d’accrocher leur jeune public. De l’avis des groupes de défense, le fabricant a déjà commencé à faire la promotion de ce produit en vantant des saveurs attirantes et en mettant en scène un mode de vie branché.

Flory Doucas précise que des saveurs de «menthe rafraîchissante» et de «brise tropicale» sont mises de l’avant dans des publicités où des jeunes semblent s’amuser.

Selon ce que dénoncent la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, la Société canadienne du cancer, Médecins pour un Canada sans fumée, l’Association pulmonaire du Canada, Cœur + AVC et Action on Smoking and Health, la vente de sachets de nicotine a été approuvée au pays de manière à rendre légale la vente de ces produits aux enfants.

Une société sœur du géant du tabac Imperial Tobacco Canada aurait obtenu une approbation de Santé Canada pour ses produits, en juillet dernier, en vertu du Règlement sur les produits de santé naturels pour les produits sans tabac contenant de la nicotine.

La procédure utilisée par le fabricant aurait pour effet de créer une nouvelle catégorie de produits qui échappe aux lois actuelles prévues pour encadrer les produits du tabac. Bien que le produit soit décrit comme un outil de cessation tabagique, rien n’empêche qu’il soit mis en marché comme un simple produit de consommation auprès des adolescents.

Ces produits «tombent dans des flous réglementaires», mentionne Flory Doucas.

Ils sont «ni couverts par la loi sur le tabac et les produits de vapotage (…), ni adéquatement réglementés en matière de marketing et de mise en marché», indique-t-elle en ajoutant qu’il est même permis de distribuer des échantillons gratuitement.

«Imperial Tobacco effectue présentement à l’échelle canadienne une campagne agressive de mise en marché pour ces sachets de nicotine, faisant leur promotion dans les magasins en les mettant en valeur à proximité des barres de chocolat et autres friandises. La vente de ces sachets nicotiniques aromatisés à des jeunes de tout âge est parfaitement légale», signalent les groupes antitabac par voie de communiqué.

Ceux-ci lancent donc un appel à l’action au ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, et à sa collègue la ministre de la Santé mentale et des Dépendances, Ya’ara Saks.

En entrevue à La Presse Canadienne, l’analyste principal des politiques à la Société canadienne du cancer, Rob Cunningham, affirme avoir pu discuter avec l’équipe du ministre Holland et qu’on semble sincèrement inquiet de la situation. On lui aurait dit vouloir prendre le temps d’étudier les options.

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