Des associations tamoules demandent l’aide du Canada pour un recours à la CPI

OTTAWA — Des associations de la diaspora tamoule saluent les sanctions décrétées par Ottawa contre de hauts responsables du Sri Lanka, tout en demandant au Canada de traduire ce pays devant la Cour pénale internationale.

Ottawa a imposé au début du mois des sanctions à quatre hauts responsables sri-lankais, pour des violations présumées des droits de la personne pendant la guerre civile sanglante avec les séparatistes tamouls, qui a duré 26 ans dans ce pays d’Asie du Sud.

Les anciens présidents Gotabaya Rajapaksa et son frère aîné Mahinda Rajapaksa sont tous deux visés par les sanctions canadiennes. 

Le gouvernement du Sri Lanka a immédiatement convoqué le représentant diplomatique du Canada au sujet de cette décision, accusant Ottawa de céder à la politique de la diaspora tamoule.

«Certains groupes extrémistes aux objectifs séparatistes ne souhaitent pas voir de progrès au Sri Lanka, car cela mettrait en péril leurs moyens de subsistance au Canada», a affirmé le haut-commissaire adjoint du Sri Lanka au Canada, Anzul Jhan, dans un courriel.

Mais des associations tamoules soutiennent qu’Ottawa a donné l’exemple à d’autres capitales dans le monde. Ces groupes demandent même au gouvernement canadien d’amorcer un processus pour faire comparaître de hauts fonctionnaires sri-lankais devant la Cour pénale internationale.

«La diaspora tamoule réclame un procès semblable à celui de Nuremberg pour poursuivre les dirigeants du gouvernement sri-lankais», a déclaré lundi Vel Velautahpillai, membre du conseil d’administration de la Fédération des organisations tamoules mondiales, sur la Colline du Parlement, à Ottawa.

Les États-Unis ont déjà imposé eux aussi des sanctions à de hauts responsables sri-lankais, mais l’organisme Human Rights Watch affirme que le Canada est le seul pays à avoir visé les frères Rajapaksa.

Ottawa a annoncé le 10 janvier qu’il interdisait l’entrée au pays des deux anciens présidents Rajapaksa ainsi qu’à deux officiers militaires sri-lankais de haut rang. En plus de l’interdiction d’entrée, ces quatre Sri-Lankais ne peuvent plus faire de transactions financières au Canada.

Au bureau de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, on répète que les mesures du Sri Lanka dans un objectif de réconciliation sont inadéquates.

«Nous continuons d’appeler le Sri Lanka à prendre des mesures concrètes pour respecter ses obligations en matière de droits de la personne et pour établir un processus de responsabilisation significatif», a souligné le porte-parole de la ministre Joly, Adrien Blanchard, dans une déclaration écrite transmise à La Presse Canadienne.

«Nous continuerons à collaborer aux côtés de partenaires internationaux, notamment par le biais d’organismes multilatéraux compétents, pour défendre les droits de la personne au Sri Lanka.»