Début d’une grève affectant le transport dans la voie maritime du Saint-Laurent

MONTRÉAL — Les travailleurs de la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent (CGVMSL) sont officiellement en grève, depuis les alentours de minuit dimanche, après que les négociations n’ont pas été concluantes pour une entente satisfaisante entre les deux parties concernées.

Dans un communiqué transmis dans la nuit de samedi à dimanche, la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, s’est dite déçue que l’employeur «n’ait pas réussi à faire bouger les choses au cours des deux derniers jours.»

Il n’y a pas eu de progrès significatif dans les dernières heures lors des discussions entre la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent (CGVMSL) et le syndicat Unifor, ont convenu samedi après-midi les deux parties, qui ont continué de négocier afin d’éviter in extremis le déclenchement d’une grève, en vain.

«Cette impasse est extrêmement regrettable, mais nos membres restent déterminés à obtenir un accord équitable», a déclaré Mme Payne par voie de communiqué.

Selon le directeur québécois d’Unifor, Daniel Cloutier, le syndicat a négocié «de bonne foi» jusqu’à la dernière minute. Il a cependant fait valoir qu’il n’était pas question «que les droits des travailleuses et travailleurs soient compromis.»

M. Cloutier a indiqué que le syndicat restait ouvert à la discussion et qu’il espérait que l’employeur reconsidéra sa position.

Les syndiqués qui travaillent à la Voie maritime ont voté à 99 % en faveur d’un mandat de grève et ont donné leur préavis de 72 heures à l’employeur plus tôt cette semaine. Le débrayage a donc été déclenché à 00 h 01 dimanche.

Ces 361 syndiqués travaillent à l’entretien, à la supervision, au service de génie et aux différentes opérations de navigation de la Voie maritime, qui s’étend du pont Jacques-Cartier, à Montréal, à Niagara, en Ontario, en passant par les écluses.

Les deux parties ont déjà fait savoir qu’en cas de grève, toute navigation dans cet axe serait interrompue. Environ 4000 navires circulent dans la Voie maritime chaque année, notamment des cargaisons de céréales, pour un total d’une valeur de 16,7 milliards $ en biens l’année dernière.

Le salaire est le principal point en litige.

Selon la partie patronale, le syndicat exige des augmentations salariales calquées sur les négociations dans l’industrie automobile. Elle fait toutefois valoir que la situation est différente à la Voie maritime, où les salaires n’accusent pas de retard sur l’inflation, comme c’est le cas chez les constructeurs automobiles, à son avis.

«Malgré les récentes augmentations de l’inflation, les travailleurs de la Voie maritime ont négocié au cours des 20 dernières années des salaires bien supérieurs à l’inflation et se retrouvent aujourd’hui avec près de 10 % d’avance sur l’inflation», a soutenu la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent dans un communiqué.

Le directeur québécois d’Unifor, Daniel Cloutier, a répliqué que «les demandes ont été déposées à l’employeur bien avant que l’on connaisse le résultat des négociations du secteur de l’automobile. Le processus est en cours depuis déjà un moment», a-t-il fait valoir.

«C’est un débat futile. Est-ce qu’il faut comprendre que parce qu’il y a des travailleurs qui auraient fait des gains supérieurs à l’inflation dans les 10 ou 15 dernières années, à certaines de ces années-là, il faudrait qu’ils perdent aujourd’hui pendant qu’on vit une crise de l’inflation?»

«Nous restons déterminés à poursuivre les discussions et à parvenir à un accord de travail équitable», a pour sa part déclaré Terence Bowles, président et chef de la direction de la CGVMSL.

Les pourparlers se sont amorcés les 19 et 20 juin avec l’aide d’un conciliateur. Les deux parties ont tenu des rencontres supplémentaires en septembre et ont repris les négociations le 17 octobre.

Les négociations ont ensuite repris samedi après-midi et se sont poursuivies durant la soirée. Au moment de s’entretenir avec La Presse Canadienne, M. Cloutier avait mentionné que les deux parties étaient toujours à «1000 milles nautiques» l’une de l’autre en ce qui concerne les salaires.

Maintenir les services essentiels

La CGVMSL attend maintenant une réponse à sa demande auprès du Conseil canadien des relations industrielles, qui souhaite obtenir une décision en vertu du Code canadien du travail pour que le syndicat fournisse des employés pendant la grève afin de s’assurer que les navires participant au transport des céréales continuent de transiter par le système.

Une fermeture ordonnée du réseau a eu lieu pendant la période de préavis de 72 heures, permettant aux navires de quitter le réseau de la Voie Maritime en toute sécurité, a souligné l’employeur. À l’heure actuelle, aucun navire n’attend de sortir du réseau, a indiqué la Corporation, mais «il y a plus de 100 navires à l’extérieur du réseau qui sont touchés par la situation.

«En cette période de crise économique et géopolitique, il est important que la Voie Maritime demeure une voie de transport fiable pour le transport efficace de cargaisons essentielles entre l’Amérique du Nord et le reste du monde», a affirmé Terence Bowles, président et chef de la direction de la CGVMSL.