De nouvelles évacuations à Val-d’Or en raison d’un incendie de forêt

MONTRÉAL — Les résidants de trois secteurs de Val-d’Or, en Abitibi-Témiscamingue, ont reçu l’ordre mardi soir d’évacuer leur domicile en raison d’un incendie de forêt qui est de nouveau considéré comme non maîtrisé.

La Ville de Val-d’Or a ordonné l’évacuation d’urgence des secteurs des lacs Gueguen, Matchi-Manitou et Villebon, «et ce, pour une période indéterminée», à la suite d’une recommandation de la Sécurité civile. 

«La SOPFEU indique que le feu (numéro) 297 est à nouveau hors contrôle», a indiqué la municipalité dans un communiqué. 

La Ville de Val-d’Or a précisé à La Presse Canadienne que 11 résidences principales sont touchées par cet avis d’évacuation obligatoire qui exigeait aux résidants de quitter d’ici 19h mardi. 

«Les autres habitations sont des chalets et des camps de chasse. L’accès à ce secteur était déjà interdit en raison du décret ministériel sur les terres du domaine de l’État», a mentionné la directrice du service des communications de la Ville, Sylviane Mailhot, par courriel. 

Les trois secteurs concernés avaient été évacués une première fois au début du mois. L’ordre d’évacuation avait duré près de dix jours. 

La Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) rapporte que l’incendie dans les environs du lac Matchi-Manitou, qui a commencé le 1er juin, est maintenant «évalué à 19 506 hectares». 

«Trente-quatre pompiers forestiers et combattants ainsi que 40 militaires travaillent sur cet incendie. Le flanc ouest a été très actif hier et a nécessité l’intervention des avions-citernes», a-t-elle déclaré dans son bilan quotidien, diffusé sur Facebook en début d’après-midi. 

La Ville de Val-d’Or assure que d’après les informations de la SOPFEU, aucun incendie ne menace son territoire urbain. 

«La population est toujours invitée à suivre les mesures préventives émises par la Santé publique en lien avec la qualité de l’air et du ministère des Ressources naturelles et des Forêts pour l’accès en forêt, lequel est pour l’instant interdit sur le territoire», ajoute la municipalité. 

Lebel-sur-Quévillon sur le pied d’alerte

Un peu plus au nord, à Lebel-sur-Quévillon, la population demeure en sécurité, malgré que «les conditions de fumée sont très intenses», a déclaré le maire Guy Lafrenière, en point de presse mardi soir. 

La fumée provient des feux de forêt qui sévissent à plusieurs kilomètres au nord de la municipalité, a-t-il indiqué.

M. Lafrenière a cependant rappelé à ses résidants de demeurer prêts à devoir évacuer à nouveau, puisque le feu au sud de Lebel-sur-Quévillon reste sous haute surveillance. 

«Si ce n’est pas déjà fait, il pourrait traverser la route 113 ce soir. Malgré cela, il faut savoir que la ville demeure sécuritaire pour la nuit, a-t-il affirmé. Toutefois, nous vous rappelons que vous devez être prêts à évacuer de nouveau en tout temps si la situation l’oblige. Faites vos bagages, soyez prêts. Nous sommes toujours en pré-alerte d’évacuation.»

Plus tôt, M. Lafrenière signalait que la situation demeurerait préoccupante pour les prochains jours, d’autant plus qu’aucune pluie n’est annoncée avant la semaine prochaine. 

Cela n’allège en rien l’incertitude dans laquelle sont plongés les citoyens depuis désormais près de trois semaines.

«On espère que la rivière Bell servira de coupe-feu naturel», a dit le maire lors d’un point de presse mardi matin. 

Selon la SOPFEU, l’incendie est maintenant évalué à une superficie de 343 424 hectares.

Les efforts se poursuivent

La SOPFEU combattait toujours plus d’une centaine d’incendies de forêt mardi. 

En début d’après-midi, l’organisme recensait 86 incendies en activité en zone intensive et 23 autres en zone nordique. Du nombre, 17 sont considérés en progression. Les interventions des combattants du feu se concentrent sur une quarantaine d’incendies.

«Des efforts particuliers visent toujours les feux des secteurs de Lebel-sur-Quévillon, Senneterre, Chibougamau, et Obedjiwan», a-t-on fait savoir.

On demeure sur un pied d’alerte alors que très peu de pluie est attendue dans la zone intensive d’ici les prochains jours et que les températures sont à la hausse. Cela pourrait redonner de la vigueur à certains feux et engendrer des conditions favorables à l’éclosion de nouveaux foyers d’incendie.

«Les analyses des spécialistes en comportement d’incendie de la SOPFEU indiquent que 28 des feux actuellement contenus ou maîtrisés auront un potentiel variant de modéré à élevé de reprendre de la vigueur au cours de cette semaine plus critique», a indiqué l’organisme.

Ce faisant, une interdiction d’accès en forêt sur les terres publiques est en vigueur dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Mauricie, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec. 

À cela s’ajoute une interdiction de faire des feux à ciel ouvert en vigueur partout au nord du Saint-Laurent.

Un total de 1684 personnes, incluant les pompiers provenant d’autres provinces, des États-Unis et de l’Europe, combattent les flammes sans relâche.

L’aide aérienne se résume à 19 avions-citernes, 78 hélicoptères et 16 avions d’aéropointage.

Les feux d’artifice interdits

Compte tenu de l’indice élevé d’inflammabilité dans certaines régions du Québec, les festivités de la Fête nationale risquent d’être célébrées sans les traditionnels feux d’artifice.

En point de presse mardi matin à Québec, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette-Vézina, a invité les Québécois à la prudence.

«Il faut tenir compte du contexte, a-t-elle indiqué. L’interdiction de feux à ciel ouvert est encore en vigueur sur toute la rive nord du Québec, et ça inclut les feux d’artifice.

«Il est important de comprendre que ce serait triste et dommageable que des feux d’artifice déclenchent d’autres feux qui deviendraient incontrôlables», a-t-elle ensuite plaidé.

La ministre indique cependant être en communication avec la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) pour déterminer si des allègements pourraient avoir lieu dans des secteurs où l’indice d’inflammabilité serait moindre.

Du côté de Sept-Îles, on indique que plus de 200 ressources sont affectées depuis le 31 mai dernier au combat des nombreux incendies. La progression de deux incendies, les numéros 215 et 378, a été arrêtée de façon définitive, indique la SOPFEU. 

«Dépendamment de la direction des vents, de la fumée pourrait être visible, et beaucoup de travail à l’intérieur des périmètres affectés reste à être effectué», a précisé l’organisme sur sa page Facebook.

Environnement Canada a diffusé mardi une alerte de smog pour la région de l’Abitibi-Témiscamingue, où font encore rage de nombreux incendies.

Un bulletin spécial pour aviser de «concentrations élevées de particules fines» dans l’air a aussi été publié mardi matin. La présence de ces particules a un effet néfaste sur la qualité de l’air dans le nord de la province, sur une zone liant Schefferville à Val-d’Or.

De l’aide pour l’industrie forestière réclamée

Compte tenu des grandes superficies de forêt ayant été détruites par les incendies des dernières semaines, le Bloc québécois réclame qu’Ottawa mette rapidement en place un programme d’aide d’urgence pour compenser les lourdes pertes des acteurs de l’industrie.

Cette mesure d’aide s’inspire du programme de subventions salariales mis sur pied durant la pandémie de la COVID-19, qui permettait aux petites et moyennes entreprises de garder leurs employés malgré l’arrêt de leurs activités, a mentionné le porte-parole bloquiste en matière de ressources naturelles, Mario Simard, dans un point de presse tenu à la Chambre des communes mardi midi.

L’élu plaide aussi pour une plus grande souplesse dans le programme d’assurance-emploi pour éviter que des travailleurs de l’industrie forestière soient contraints de se trouver un emploi dans un autre domaine, ce qui pourrait compromettre la reprise du secteur le moment venu.

«Le gouvernement a fait la démonstration qu’il peut être très rapide pour mettre en place des mesures pour soutenir l’activité économique, a fait valoir M. Simard. Ça prend simplement du courage pour mettre [ce programme] en application.

«Normalement, on vit actuellement une période où nos activités s’intensifient, a fait valoir Benoit Lasalle, vice-président de l’Association québécoise des entrepreneurs en travaux d’aménagement forestier. Mais là, beaucoup de nos membres vivent dans le néant. On n’a aucune idée de quand on pourra retourner sur le terrain.»

Le programme temporaire souhaité par le Bloc québécois comprendrait notamment le remboursement des frais fixes mensuels des entreprises touchées, mais aussi le paiement du déductible de 50 000 $ par machine devant être remplacée. Il prévoirait également le remboursement d’une partie de la maintenance effectuée avant la reprise des activités forestières et des garanties de prêts équivalant à 25 % de la valeur marchande des équipements remplacés.

Comme la machinerie se trouve encore sur de nombreux sites d’incendie, il est actuellement impossible d’évaluer l’ampleur des dommages. 

«Ces machines coûtent très cher et souvent, ce gagne-pain est l’investissement d’une vie pour un entrepreneur forestier. Ainsi, avant même de débuter la saison, la facture d’entretien peut avoisiner 200 000 $, des investissements qui n’ont pu être rentabilisés cette année», allègue dans un communiqué la députée d’Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou, Sylvie Bérubé.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.