Crise au PLQ: Tanguay échoue à son premier test de leadership auprès de Nichols

QUÉBEC — Le nouveau chef par intérim du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, a échoué à son premier test de leadership, mardi, n’ayant pas réussi à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé, à savoir de réintégrer dans le caucus la députée de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols.

Au terme de plusieurs rebondissements au cours des dernières semaines, cette dernière, ne se sentant plus la bienvenue dans l’équipe libérale, a fait savoir mardi qu’elle maintenait sa décision de siéger comme indépendante à l’Assemblée nationale, tant qu’un nouveau chef du parti ne sera pas choisi.

En conférence de presse, mardi, dans le hall du parlement, M. Tanguay rendait les armes, disant avoir «tout essayé» ces derniers jours pour tenter de ramener la députée au sein de l’équipe, mais il n’aura réussi qu’à jeter encore plus d’huile sur le feu.

En poste depuis quelques jours à peine, M. Tanguay, qui a offert des excuses publiques à Mme Nichols, a dit que la porte restait quand même ouverte pour son retour au caucus, si tel était son désir, mais sans lui proposer quoi que ce soit de précis.

«J’aurais tellement souhaité que ça fonctionne», a-t-il commenté.

Chose certaine, le dossier houleux du poste à la vice-présidence est désormais clos, dans l’esprit du chef intérimaire du PLQ. 

Rappelons que pour susciter l’intérêt de la députée, M. Tanguay avait sollicité une rencontre avec l’élue, qui a eu lieu dimanche, et au cours de laquelle il lui a offert d’occuper le poste de 3e vice-président de l’Assemblée nationale, conformément à son souhait, mais seulement pour la moitié du mandat, donc deux ans. L’autre moitié du temps devait revenir à son collègue de Viau, Frantz Benjamin.

M. Tanguay voulait donc couper la poire en deux, pensant bien faire et calmer le jeu, mais dans les faits il a mécontenté tout le monde: Mme Nichols, M. Benjamin et une partie du caucus, qui jugeait la décision de M. Tanguay inacceptable.

En soirée lundi, en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne, furieux, M. Benjamin disait qu’il remettait en question sa carrière politique, envisageant de quitter le caucus, parce qu’on lui avait promis à deux reprises que le poste lui était destiné et à temps complet pour l’ensemble du mandat et que la promesse était brisée.

M. Benjamin et Mme Nichols étaient tous deux intéressés par le poste à la vice-présidence, mais Mme Anglade avait tranché en faveur du premier, fin octobre, au moment de former son cabinet fantôme, et M. Tanguay avait confirmé ce choix au cours des derniers jours. 

Frustrée, Mme Nichols avait refusé toute autre fonction et avait été expulsée du caucus. 

Dans les circonstances, lundi soir, voyant que la situation dérapait et que la grogne s’installait dans le caucus, risquant de se retrouver avec un autre député en moins, M. Tanguay a reculé, annonçant qu’il retirait l’offre faite à Mme Nichols et disant que M. Benjamin obtiendrait ce qu’il voulait, soit le poste pour les quatre prochaines années.

Sauf que pendant ce temps Mme Nichols se retrouvait bredouille, ce qu’elle n’a pas apprécié, surtout après avoir été expulsée du caucus, selon elle de façon injuste et cavalière, à la fin octobre, par l’ancienne cheffe Dominique Anglade.

«Je vais attendre le prochain chef» du PLQ, a-t-elle confié à l’animateur du 98,5, Paul Arcand, frustrée d’avoir appris par les médias les derniers soubresauts au sein du caucus.

«Jamais la 3e vice-présidence de l’Assemblée nationale n’aura dans notre histoire créé autant de remous», a reconnu M. Tanguay, convenant que sa proposition de division du poste en deux était «inédite, sans précédent» et «non viable».

Le président du caucus, Enrico Ciccone, qui avait jugé publiquement que Mme Nichols n’était pas «une joueuse d’équipe», a dit qu’il était «profondément désolé» de la tournure des événements.

Le grand gagnant de l’histoire, le député de Viau, Frantz Benjamin, a dit que tout cela était désormais «derrière» lui.

Les libéraux, qui ne sont plus que 19 députés, tiennent un caucus présessionnel mardi, mercredi et jeudi, au Salon rouge du parlement, en prévision de la prochaine session parlementaire, qui débute le 29 novembre.