Conflit au Proche-Orient: Trudeau évoque une réflexion sur «le coût de la justice»

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau, s’il dit comprendre qu’Israël souhaite la libération de ses ressortissants pris en otage par le Hamas, affirme aussi qu’«on doit se demander si le coût de la justice doit être que tous les civils palestiniens souffrent».

Il a fait cette déclaration vendredi en répondant aux questions des journalistes, en marge d’une visite à Washington.

Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a soutenu qu’aucune «pause humanitaire» au Proche-Orient – où l’escalade du conflit israélo-palestinien perdure depuis près d’un mois – n’est possible tant que le Hamas n’aura pas libéré les otages capturés lors des attaques-surprises contre des civils israéliens le 7 octobre.

Le Canada demande depuis plus d’une semaine la tenue de «pauses humanitaires», une position qui s’aligne avec des appels similaires faits par les États-Unis.

«On a besoin d’assurer (l’arrivée) de l’aide humanitaire, (…) de l’eau, des médicaments, de la nourriture, de l’électricité pour pouvoir fonctionner et c’est pour ça qu’on appelle à des pauses humanitaires le plus rapidement possible pour protéger la vie des civils», a dit vendredi M. Trudeau.

Le premier ministre canadien n’a pas dérogé de sa position lorsqu’il a été invité par des représentants de la presse à indiquer s’il considère désormais de demander un cessez-le-feu.

«Nous comprenons tous à quel point Israël veut et a besoin que ses otages soient libérés. (…) Ces otages doivent être retrouvés (et) libérés. En même temps, on doit se demander si le coût de la justice doit être que tous les civils palestiniens souffrent», a déclaré M. Trudeau.

Quant aux Canadiens coincés en territoire palestinien, le premier ministre a dit avoir «beaucoup d’espoir qu’on va les voir dans les journées à venir».

Affaires mondiales Canada a indiqué avoir reçu l’information que «plus de 400 citoyens canadiens, résidents permanents et membres admissibles de leur famille pourront quitter Gaza par le poste frontalier de Rafah dans les prochains jours». Le ministère a précisé en avoir été informé par une unité des Forces de défense israéliennes, soit la  Coordination des activités gouvernementales dans les territoires.

Selon des communications par courriel reçues par des ressortissants canadiens de la part d’Ottawa, l’évacuation pourrait se produire «dans les jours à venir, et possiblement aussitôt que dimanche». Le gouvernement du Canada n’a pas confirmé un tel échéancier possible.

Plusieurs personnes, y compris des ressortissants étrangers d’autres pays, ont été autorisées depuis quelques jours à quitter le territoire palestinien par le poste de Rafah, à la frontière avec l’Égypte. Les Canadiens n’en ont pas fait partie jusqu’à présent.

Affaires mondiales Canada a toutefois indiqué dès mercredi être «au courant d’informations selon lesquelles un citoyen canadien aurait traversé la frontière de Rafah avec un tiers le 1er novembre».

Dans sa mise à jour de vendredi, le ministère a assuré que du personnel consulaire serait présent en Égypte pour soutenir les ressortissants canadiens sur le terrain. On a fait savoir que cela inclura de «faciliter le transport en autobus jusqu’au Caire et aider à la poursuite du voyage vers le Canada».

Le ministre de la Défense, Bill Blair a affirmé depuis Ottawa qu’il n’y avait «aucun obstacle spécifique» à l’évacuation de ces personnes, et que le gouvernement canadien travaillait en étroite collaboration avec Israël, l’Égypte, les États-Unis et le Royaume-Uni.

«Pour l’instant, le gouvernement égyptien n’autorise les ambassades étrangères à se rendre du côté égyptien du poste frontalier de Rafah qu’une fois l’évacuation de leurs résidents de la bande de Gaza confirmée», a déclaré, de son côté, Affaires mondiales Canada.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a écrit jeudi soir sur la plateforme X qu’elle avait discuté de la question avec son homologue israélien. Eli Cohen lui aurait confirmé que «les Canadiens et leurs familles vont pouvoir quitter Gaza au cours des prochains jours», selon Mme Joly.

Plus de 1400 personnes ont été tuées en Israël, pour la plupart lors des attaques initiales du Hamas, le 7 octobre. En outre, environ 240 otages ont été emmenés d’Israël à Gaza par l’organisation militante. 

La riposte militaire israélienne a fait jusqu’ici plus de 9000 morts chez les Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas. En Cisjordanie, plus de 140 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes.

– Avec des informations de Dylan Robertson, La Presse Canadienne, et de l’Associated Press