Chefferie du Parti libéral du Canada: Champagne et Clark passent aussi leur tour

OTTAWA — L’ex-première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark et le ministre québécois François-Philippe Champagne ont décidé de ne pas tenter de succéder à Justin Trudeau à la tête du Parti libéral du Canada.

La première l’a annoncé mardi, peu de temps avant que le deuxième fasse de même devant le Canadian Club, à Toronto.

«C’était une décision difficile, mais c’est la bonne décision au bon moment», a dit M. Champagne au cours d’un entretien animé devant public par la journaliste économique Amanda Lang.

Le ministre de l’Innovation a dit vouloir, au cours d’une parenthèse en français durant l’événement se déroulant en anglais, se concentrer entièrement à «défendre le Canada, défendre nos travailleurs, défendre notre industrie».

Dans la langue de Shakespeare, M. Champagne a qualifié le choix qu’il a dû faire de l’un des plus difficiles de sa vie.

Il a refusé de spécifier s’il a l’intention de tenter de se faire réélire, à la prochaine élection fédérale, en tant que député.

Quant à Mme Clark, elle mentionne, parmi les raisons motivant son choix, qu’elle estime ne pas avoir suffisamment de temps pour «connecter» comme elle le voudrait «avec les Canadiens francophones dans leur langue».

«J’ai travaillé fort à améliorer mon français, mais il n’est pas (au niveau) où il devrait être, aujourd’hui», a-t-elle écrit dans une déclaration rédigée en anglais envoyée aux personnes inscrites à une liste de distribution de son site web.

À l’instar de M. Champagne, elle soutient que sa décision a été «difficile». «Le moment de la démission du premier ministre n’a tout simplement pas laissé assez de temps au parti pour mettre en place un processus qui va renouveler et faire grandir notre parti, poursuit celle qui était une candidate pressentie. Notre parti doit toujours trouver une façon de générer un nouveau  »momentum ».»

Celle-ci conclut son message par un «merci beaucoup», en français.

Les aspirants candidats à la direction du PLC ont jusqu’au 23 janvier pour officialiser leur candidature, tandis que le résultat du scrutin sera connu le 9 mars.

Jusqu’à présent, le député ontarien Chandra Arya, l’ex-élu montréalais Frank Baylis et le député mi’kmaq Jaime Battiste ont fait savoir qu’ils comptaient faire partie de la course.

Mme Clark et M. Champagne s’ajoutent à la liste de candidats qui étaient pressentis de longue date ayant tour à tour renoncé à se lancer dans la course. Les ministres Dominic LeBlanc (Finances), Mélanie Joly (Affaires étrangères) et Anita Anand (Transports) ont écarté l’idée.

Steven MacKinnon, député de Gatineau et ministre du Travail qui a été un nouveau venu dans la liste des potentiels candidats, a aussi décidé de passer son tour.

Ces décisions semblent braquer davantage les projecteurs sur d’autres éventuels candidats dont les noms circulent depuis des mois, soit l’ex-ministre des Finances Chrystia Freeland et l’ancien gouverneur de banques centrales Mark Carney.

Mme Freeland, qui a quitté subitement le conseil des ministres sur fond de désaccord avec M. Trudeau, devrait annoncer qu’elle a l’intention de briguer la direction du Parti libéral du Canada tout juste avant l’assermentation du président élu des États-Unis, Donald Trump, le 20 janvier.

M. Carney a laissé flotter, au cours d’une entrevue accordée lundi soir à l’émission américaine «Daily Show», l’idée qu’il se lancera. Plus tôt, ce jour-là, le bruit courrait qu’il pourrait confirmer cette semaine qu’il présentera sa candidature; il aurait déjà fait part de ses intentions à son équipe de campagne.

Karina Gould, qui a côtoyé Mme Freeland à la table du conseil des ministres, prévoit aussi se lancer. Une source libérale bien au fait des intentions de Mme Gould, leader en Chambre du gouvernement, a précisé que l’annonce est planifiée pour plus tard cette semaine. La Presse Canadienne a accordé l’anonymat à cette personne puisqu’elle n’était pas autorisée à discuter publiquement de ces questions.

En point de presse mardi dans sa circonscription, en Ontario, Mme Gould n’a pas dévoilé publiquement ses intentions, se contentant d’affirmer qu’elle aura «plus à dire dans les jours à venir».

Le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a signalé mercredi dernier qu’il considérait également se porter candidat.

Depuis, le Conseil national de direction du PLC a annoncé de premières règles pour la course, comme l’exigence pour chaque aspirant candidat de recueillir au moins 300 signatures de «libéraux inscrits», dont au moins 100 de trois provinces ou territoires différents.

D’anciens stratèges libéraux estiment que les frais d’entrée dans la course, qui s’élèvent à la rondelette somme de 350 000 $, peuvent décourager des personnes tentées de se présenter d’aller de l’avant.

– Avec des informations de Kyle Duggan