Changements climatiques: Québec «plus rigoureux» qu’Ottawa, dit Charette

QUÉBEC — Le gouvernement Legault juge sévèrement le plan de réduction des gaz à effet de serre (GES) présenté par le fédéral.

Le Québec a une démarche «mieux financée et plus rigoureuse» que celle du gouvernement Trudeau, selon le ministre caquiste de l’Environnement, Benoit Charette – qui espère néanmoins obtenir l’aide fédérale pour son propre plan.  

Québec solidaire a pour sa part soutenu que le gouvernement Legault n’a pas de quoi pavaner, tandis que le Parti québécois (PQ) a dénoncé l’aide fédérale qui continue d’être versée aux pétrolières. 

Le Québec consacrera 7,7 milliards $ sur cinq ans à la réduction des GES, tout en sachant que des efforts supplémentaires restent à déterminer pour atteindre la cible, tandis que le fédéral juge que 9 milliards $ sur huit ans dans tout le pays suffiront pour atteindre sa cible de réduction, a fait remarquer M. Charette. 

«C’est un peu ironique, a-t-il affirmé dans une mêlée de presse à l’Assemblée nationale. Je leur souhaite bonne chance.» 

M. Charette a déploré que le plan de son homologue fédéral Steven Guilbeault manque de précision, de même que d’outils pour faire un suivi année après année de la progression des efforts.

L’ambition est «clairement» du côté québécois, a-t-il poursuivi.

Le plan fédéral cible particulièrement l’industrie pétrolière et gazière, qui est pratiquement absente du Québec. Cependant, M. Charette souhaite que le Québec puisse aussi bénéficier des mesures et du financement fédéral pour l’aider à atteindre ses cibles de réduction de GES. 

Le ministre espère notamment une aide financière supplémentaire pour les acheteurs de véhicules électriques, alors que le gouvernement caquiste vient lui-même de réduire son soutien à l’achat de ce type de véhicules.   

Ottawa prévoit dépenser 1,7 milliard $ pour élargir un programme d’incitatifs pour les véhicules zéro émission qui vise à réduire leur coût à l’achat.

Rappelons que le Plan vert du gouvernement Legault prévoit de réduire de 37,5 % les émissions de GES d’ici à 2030, conformément aux obligations internationales de l’accord de Paris sur la lutte aux changements climatiques. 

Cependant, le plan caquiste est incomplet, puisqu’il comprend des mesures pour atteindre environ 50 % de l’objectif, soit près de 15 mégatonnes de GES sur 29, et reste silencieux sur ce qui doit être fait pour les 50 % restants.

«La fierté du ministre est bien mal placée, le plan de la CAQ n’atteindra même pas la moitié de la cible selon la propre modélisation du gouvernement du Québec, a d’ailleurs commenté la députée Manon Massé, de Québec solidaire (QS). C’est presque gênant de s’en vanter!»

En vertu du plan climatique fédéral, l’industrie pétrolière et gazière devra réduire ses émissions de GES de 42 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2019.

Selon le Parti québécois (PQ), le plan fédéral est un échec «sur toute la ligne» parce qu’il sert essentiellement à faire payer tous les secteurs pour la pollution du secteur pétrolier. 

En outre, il n’y a pas de plafond d’émissions de GES pour le secteur pétrolier, a rappelé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon. 

«On est obligé de lancer 9 milliards $ d’investissements pour compenser les cadeaux qu’on donne aux pétrolières», a-t-il dit en conférence de presse.  

«Je veux que les 2 milliards $ qu’on envoie en Alberta dans les sables bitumineux soient investis ici au Québec, dans des énergies vertes, dans la transition énergétique. (…) Ça devrait être une source de honte pour ceux qui essaient de nous vendre le fédéralisme comme quelque chose d’acceptable sur le plan environnemental.»