Changement climatique: des dizaines de millions $ pour Montréal et Québec

MONTRÉAL — Le ministre Benoit Charette a annoncé un financement de 117 millions $ à la Ville de Montréal pour soutenir ses efforts de lutte contre les changements climatiques et une somme de 49 millions $ sera également octroyée à la Ville de Québec pour les mêmes raisons.

Le financement vise trois chantiers, soit: «l’électrification des modes de transport, le remplacement de l’énergie fossile par des énergies renouvelables dans les bâtiments municipaux et la prévention des risques liés aux changements climatiques pour les citoyens».

Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques en a fait l’annonce lundi matin à Montréal et en après-midi à Québec.

Électrifier les transports

Une partie de la somme permettra à Montréal d’installer 800 nouvelles bornes de recharge publiques pour les véhicules électriques d’ici trois ans. Il y a actuellement 1000 bornes sur le territoire; la Ville se rapprochera donc de l’objectif qu’elle s’est fixé d’atteindre 2000 bornes publiques d’ici 2025.

«C’est vraiment important si on veut atteindre l’objectif d’avoir près de 50 % du parc automobile électrique d’ici 2030», a déclaré la mairesse Plante.

Décarboniser le parc immobilier montréalais

Le financement de la province servira aussi à décarboniser le parc immobilier en effectuant des «travaux de conversion dans une quinzaine d’édifices municipaux» à Montréal.

«Ça veut dire qu’on veut que nos bâtiments fonctionnent sans énergie fossile», a indiqué la mairesse en soulignant que le secteur des bâtiments est le plus grand émetteur de GES après celui des transports.

«On veut éliminer le mazout, le propane et le gaz naturel dans une vingtaine de bâtiments.»

Le marché Atwater, le Jardin botanique et le Centre opérationnel Nord du Service de police de la Ville de Montréal sont parmi les infrastructures qui seront converties à l’électricité.

«Ces travaux vont nous permettre de réduire nos émissions de près de 10 000 tonnes de CO2 (annuellement) et ça, c’est majeur», a indiqué Valérie Plante en ajoutant que c’est l’équivalent, en émissions de gaz à effet de serre, «du retrait de plus de 3000 véhicules» des routes.

Environ 63 millions $ du financement de 117 millions $ octroyé par la province serviront à décarboniser des bâtiments, alors que la Ville de Montréal injectera de son côté 28 millions $, une somme qui était déjà prévue pour la conversion énergétique de bâtiments.

Infrastructures vertes dans la métropole

Une partie du financement sera également utilisée pour l’adaptation aux impacts des changements climatiques par la «plantation d’arbres, la création d’aménagements visant à protéger les citoyens contre les inondations et les îlots de chaleur et l’installation d’infrastructures vertes».

Par exemple, la Ville compte mettre en place un projet de gestion écologique des eaux de pluie sur l’avenue Papineau, dans le quartier Ahuntsic. L’ aménagement prévoit 23 bassins de rétention d’eau et 15 bassins de rétention végétalisés.

Les bassins de rétention d’eau permettent de réduire les refoulements d’égout et le rejet d’eaux usées dans les cours d’eau lors de fortes pluies et les bassins végétalisés servent d’éponges en absorbant l’eau de pluie. Ce sont des mesures reconnues pour augmenter la résilience et diminuer l’impact des changements climatiques.

Le financement de la province permettra également à la Ville de planter 94 000 arbres d’ici 2024.

«Je vous rappelle que dans notre plan climat, c’est 500 000 arbres qui vont être plantés d’ici 2030», a souligné la mairesse.

Le ministre Charette a indiqué que son gouvernement était «fier de reconnaître le leadership et de soutenir les efforts de villes comme Montréal, car leurs actions auront un effet significatif sur l’atteinte des cibles du Québec en matière de transition climatique».

49 millions $ pour Québec

En échange de la somme de 49 millions $, la Ville de Québec s’est engagée à agir sur six grands fronts, notamment la mise en œuvre d’une stratégie de décarbonisation du parc immobilier, l’ajout de près de 100 bornes de recharge publiques et la déminéralisation et le verdissement dans plus d’une soixantaine de projets.

La Ville de Québec compte également s’outiller pour évaluer et choisir les actions climatiques les plus prometteuses, quantifier les émissions de gaz à effet de serre et soutenir l’innovation et l’intégration de la lutte au changement climatique dans le développement résidentiel.

«Les gouvernements de proximité comme le nôtre jouent un rôle majeur dans cette lutte sans précédent pour laisser un avenir meilleur aux générations futures. Je suis très heureux de cette somme qui viendra consolider nos actions et donner une nouvelle impulsion à l’innovation environnementale», a indiqué le maire de Québec, Bruno Marchand.

Le ministre Charette a félicité «la Ville de Québec pour son Plan de transition et d’action climatique 2021-2025 et lui souhaite tout le succès possible, car ses actions auront un effet significatif sur l’atteinte des cibles de tout le Québec en matière de transition climatique».

L’aide financière découle du Plan pour une économie verte 2030 et provient du Fonds d’électrification et de changements climatiques.

La question du tramway refait surface

Par ailleurs, le maire Marchand et le ministre de l’Environnement n’ont pu échapper aux questions concernant le projet de tramway à Québec. 

La Ville privilégie la mise en place d’une rue partagée sur le boulevard René-Lévesque alors que des députés de la Coalition avenir Québec ont fait part de leurs inquiétudes la semaine dernière concernant le concept de rue partagée. 

Le ministre de la Cybersécurité et député de La Peltrie, Éric Caire, avait même laissé entendre que le maire de Québec voulait «polluer l’existence des conducteurs». 

Lundi, Bruno Marchand a indiqué que la rue partagée était «non négociable» alors que le ministre Charrette lui a rappelé que c’est «le gouvernement du Québec qui est de loin le principal bailleur de fonds» du projet.