«Ça se peut qu’il y ait eu des discussions pour l’approcher», dit Legault

QUÉBEC — Le chef caquiste François Legault a discrédité mercredi le candidat péquiste dans la complémentaire à venir dans Jean-Talon, Pascal Paradis.

Il ne digère pas que cet avocat qui était intéressé à devenir candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ) et même ministre portera maintenant la bannière du Parti québécois (PQ).

«J’ai de la misère à croire qu’il va être candidat du PQ», a dit le premier ministre en mêlée de presse mercredi matin au parlement.

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a défendu mercredi sa recrue dans une longue publication sur X (anciennement Twitter), à la veille de l’annonce officielle de sa candidature: Pascal Paradis s’est plutôt fait offrir par la CAQ un poste de ministre en vue des élections générales de l’an dernier, mais l’offre a ensuite été retirée, a-t-il écrit.

C’est la Coalition avenir Québec (CAQ) qui avait approché M. Paradis pour être candidat dans la circonscription de Charlevoix–Côte-de-Beaupré aux élections de 2022 et non M. Paradis qui a approché la CAQ, dit le chef du PQ.

«Ça se peut qu’il y ait eu des discussions de notre part pour l’approcher», a confirmé M. Legault, et M. Paradis a accepté de rencontrer la directrice générale de la CAQ, Brigitte Legault, à l’été 2022, et le directeur de cabinet du premier ministre, Martin Koskinen.

Les pourparlers auraient échoué parce que M. Paradis aurait exigé un poste de ministre et que le parti lui paie un appartement pendant la campagne électorale.

«Il a demandé à Martin Koskinen, mon directeur de cabinet: ‘est-ce que j’ai de fortes probabilités de devenir ministre?’ Notre réponse a été non. On n’a garanti aucun poste de ministre.»

Dans un long message, M. St-Pierre-Plamondon a rejeté cette version des faits.

Le chef péquiste a indiqué que la CAQ avait elle-même approché M. Paradis, qui avait «simplement consenti à des échanges exploratoires dans le cadre desquels on lui a garanti la confidentialité».

Et selon la version de M. St-Pierre-Plamondon, c’est M. Paradis qui aurait refusé l’offre de la CAQ.

«L’une des raisons est qu’on lui a d’abord représenté qu’il serait ministre de la Capitale nationale, pour ensuite retirer cette offre dans le cadre de la discussion», a-t-il indiqué.

«De toute évidence, entre M. Paradis et M. Koskinen, il y en a un des deux qui ment», a riposté M. Legault après avoir lu le texte de M. St-Pierre Plamondon.

M. Paradis aurait également exprimé son opposition au fameux troisième lien et la CAQ lui aurait demandé de faire campagne en gardant le silence sur le sujet.

«En ce qui me concerne, sa seule erreur aura été d’avoir fait confiance à la CAQ quant à la confidentialité de leur offre», a tranché Paul St-Pierre-Plamondon.

«Pascal Paradis est un indépendantiste assumé. C’est une candidature de calibre ministérielle qui choisit de se présenter avec le Parti québécois alors qu’il n’y a vraisemblablement pas de poste de ministre qui l’attend chez nous au terme de cette élection.»

M. St-Pierre-Plamondon fera l’annonce officielle de la candidature de Pascal Paradis jeudi matin dans le secteur Sillery. M. Paradis est un avocat qui a notamment cofondé Avocats sans frontières, dont il est directeur général depuis 2004.

M. Legault n’a pas encore annoncé la date de la complémentaire dans Jean-Talon. La députée caquiste Joëlle Boutin a forcé la tenue d’un scrutin après sa démission en juillet.

Pour la première fois en pratiquement 20 ans, le PQ a le vent dans les voiles dans la région de la capitale, selon les sondages, et il mise sur une victoire dans Jean-Talon, autrefois un bastion libéral qu’il n’a jamais remporté d’ailleurs.

Le sondage Léger dévoilé vendredi dernier et réalisé pour le PQ lui attribuerait 32 % des intentions de vote dans la circonscription, contre 30 % pour la CAQ.

Jean-Talon a été historiquement un château-fort libéral jusqu’en 2019, lorsque la CAQ avait remporté une élection partielle. Mais les sondages placeraient désormais le PLQ quatrième, à 16 %, derrière Québec solidaire (QS), à 17 %.

Les libéraux n’ont pas encore annoncé de candidat dans cette circonscription.

Des médias ont rapporté que la Coalition avenir Québec (CAQ) aurait pour sa part désigné Marie-Anik Shoiry candidate, mais l’annonce n’a pas encore été faite.

Les militants de Québec solidaire (QS) ont quant à eux investi Olivier Bolduc, même si l’exécutif national préférait une candidature féminine et avait recommandé de voter pour son adversaire, Christine Gilbert.

Le Parti conservateur d’Éric Duhaime n’a pas encore dévoilé qui allait porter sa bannière.

Note aux lecteurs: Dans une version précédente de ce texte, La Presse Canadienne écrivait au 21e paragraphe que la Coalition avenir Québec (CAQ) avait remporté la circonscription de Jean-Talon en 2018. En fait, la CAQ a remporté la circonscription en 2019, lors d’une élection partielle.