Aucune chance que le NPD se retire de l’entente, disent les conservateurs et le Bloc

OTTAWA — Tant les conservateurs que les bloquistes ont du mal à croire en un scénario où le Nouveau Parti démocratique (NPD) renoncerait à son entente avec les libéraux pour donner suite à une résolution adoptée unanimement au congrès néo-démocrate. 

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a comparé lundi l’accord de soutien et de confiance à une «bouée de sauvetage» à laquelle les néo-démocrates s’accrochent comme en plein naufrage du «Titanic».

«Cette entente-là est illégitime sur le fond, ne correspond pas à la volonté des électeurs, mais elle est la bouée de sauvetage du NPD, alors j’ai beaucoup de mal à imaginer le NPD qui tomberait en bas du Titanic (et) dirait  »Non, non, non! Je ne veux pas de bouée de sauvetage! »», a imagé M. Blanchet en mêlée de presse.

Pour sa métaphore, il a utilisé la célèbre référence cinématographique et historique du naufrage du Titanic,survenu après que le navire eut frappé un iceberg.

Le chef bloquiste était appelé à réagir à l’adoption unanime, par des délégués néo-démocrates, d’une résolution évoquant un possible retrait des néo-démocrates de l’accord de soutien et de confiance les liant aux libéraux.

Le libellé de la résolution précise qu’elle n’est pas contraignante pour le caucus du NPD, mais le député et porte-parole en matière de santé du parti, Don Davies, a affirmé que les troupes de Jagmeet Singh étaient «unanimement» en faveur d’un tel retrait.

Selon le texte adopté durant le congrès du NPD, au courant du week-end, les délégués soutiennent que le déchirement de l’entente devrait survenir dans le scénario où le projet de loi que les libéraux ont promis de déposer d’ici à la fin de l’année sur l’assurance médicaments ne «s’engage (pas) clairement envers un programme (…) universel, complet et entièrement public».

Questionné à savoir s’il prenait avec un grain de sel la menace néo-démocrate, M. Blanchet a répondu qu’il «pense que ça va grogner sérieusement si l’assurance (médicaments) n’est pas dans le prochain budget des libéraux».

«Les libéraux vont prendre la décision à ce sujet-là», a-t-il dit. 

Même là, M. Blanchet doute fortement que les libéraux aient une quelconque envie d’abandonner l’accord avec le NPD. «J’ai l’impression qu’ils vont essayer de trouver des terrains d’entente encore longtemps parce qu’aucun des deux ne se porte singulièrement bien dans les intentions de vote», a-t-il soutenu.

Le conservateur Kevin Waugh a exprimé le même scepticisme face à la possibilité d’un retrait du NPD de l’entente, s’exprimant catégoriquement en lançant «c’est faux! c’est faux!», en mêlée de presse.

Son collègue Gérard Deltell estime que le congrès du NPD a montré un parti «déchiré». «Ces gens-là se sont fait élire jamais en disant ‘’oui, oui, on va se mettre main dans la main avec les libéraux, puis on va avaler toutes les couleuvres qu’il faut pour qu’ils restent au pouvoir »», a-t-il lancé au sujet des députés néo-démocrates.

L’entente de soutien et de confiance du NPD avec les libéraux est conçue pour assurer que ceux-ci, en situation de gouvernement minoritaire, puissent rester au pouvoir jusqu’en 2025.

En échange, les libéraux promettent d’accomplir une série de choses, comme le lancement d’un programme d’assurance médicaments.

Face aux critiques voulant que l’entente soit «illégitime» et contraire à la volonté de l’électorat, les néo-démocrates maintiennent que l’accord a permis d’aller chercher des gains pour les gens, comme une aide d’accès à des soins dentaires.

Interrogé à savoir si, dans cette veine, le NPD pourrait avoir un prix à payer s’il se retirait de l’entente, M. Davies a fait valoir que «parfois il faut se tenir debout sur des questions de principe».

Le ministre de la Santé, Mark Holland, a dit avoir bon espoir que la collaboration avec le NPD sur le projet d’assurance médicaments ira en se poursuivant.

«Je pense qu’il y a des conversations difficiles qui ont cours non seulement avec les néo-démocrates en tant que partenaires de l’accord de soutien et de confiance, mais avec tous les parlementaires, les intervenants, au sujet de ce qui consiste en l’art du possible», a-t-il conclu.

Selon lui, la feuille de route préconisée devra tenir compte de la «situation fiscale difficile».

– Avec la collaboration de Michel Saba