Anand défend le maintien de l’exigence de vaccination pour les militaires

OTTAWA — Le gouvernement libéral défend le maintien de l’obligation de vaccination pour les membres des Forces armées comme condition d’emploi en dépit de pressions pour mettre fin à l’exigence et de questions sur le moment où un «ajustement» promis sera finalement dévoilé.

Les Forces armées canadiennes (FAC) exigent depuis décembre 2021 que tous les soldats aient reçu deux injections d’un vaccin reconnu contre la COVID-19 sous peine de poursuites disciplinaires, y compris le retrait forcé de l’armée.

Alors que la grande majorité des militaires ont reçu les doses requises, plus de 1100 ne l’ont pas fait. Plus de 400 d’entre eux ont depuis accroché leurs uniformes, volontairement ou involontairement, et d’autres pourraient suivre.

L’exigence reste en place même si les obligations pour les autres travailleurs fédéraux ont été suspendues. Le gouvernement a annoncé cette semaine que les exigences de vaccination pour les voyageurs internationaux seront également levées samedi.

C’est dans ce contexte que le chef conservateur Pierre Poilievre a appelé cette semaine les libéraux à mettre fin à ce qu’il a décrit comme une exigence de vaccination «discriminatoire et non scientifique» au sein de l’armée, bien que la décision revienne finalement au chef d’état-major de la défense, le général Wayne Eyre.

Jeudi, la ministre de la Défense, Anita Anand, a exprimé son soutien à l’exigence de vaccination alors qu’elle et d’autres ministres fédéraux ont informé les Canadiens des efforts de rétablissement après le passage de la tempête post-tropicale au Canada atlantique.

«C’est une force qui doit être prête à tout moment à mener des opérations militaires nationales et internationales, parfois dans des endroits où l’accès à des soins médicaux spécialisés est limité ou inexistant, parfois dans des lieux de très grande proximité avec leurs collègues membres des Forces armées canadiennes», a-t-elle déclaré.

«Par conséquent, les Forces armées canadiennes ont une exigence plus stricte pour appliquer les mesures de protection de la santé», a-t-elle indiqué.

Mme Anand a noté que M. Eyre réexamine l’exigence après que le gouvernement a levé ses obligations pour les autres employés fédéraux. «En attendant cet examen, les directives (du général Eyre) restent en vigueur pour les membres des FAC jusqu’à nouvel ordre», a-t-elle ajouté.

On ignore à quel moment précis cet examen prendra fin.

Le porte-parole du ministère de la Défense, Daniel Le Bouthillier, a décrit jeudi l’examen comme «une question complexe», l’armée devant «équilibrer les impératifs médicaux et juridiques, les considérations éthiques et les exigences opérationnelles».

«Les FAC continueront d’adopter une approche mesurée et de prendre une décision lorsqu’il sera jugé sécuritaire sur le plan opérationnel de le faire», a-t-il indiqué.

Le ministère de la Défense nationale avait d’abord signalé pour la première fois que l’exigence était réexaminée en juin, et une ébauche d’une politique révisée sur les vaccins obtenue par le «Ottawa Citizen» en juillet suggérait que les exigences en matière de vaccins pour le personnel militaire seraient levées.

Le projet de document, qui, selon les responsables, n’a pas été approuvé par M. Eyre, indique que le personnel militaire et les nouvelles recrues n’auraient plus à attester de leur statut vaccinal.

Le document note également les difficultés juridiques potentielles à venir pour traiter avec les personnes qui ont été expulsées de l’armée en raison de l’exigence de vaccination, suggérant qu’elles pourraient être forcées de faire la demande pour être enrôlées de nouveau dans les FAC.

En revanche, d’autres fonctionnaires fédéraux non vaccinés ont été mis en congé sans solde, mais ont été autorisés à reprendre leur travail lorsque l’obligation de vaccination a été suspendue.

Cependant, M. Eyre a indiqué dans une entrevue avec La Presse Canadienne le mois dernier qu’un «ajustement» se préparait dans quelques semaines alors qu’il tentait de trouver l’équilibre entre les exigences médicales, juridiques, opérationnelles et éthiques de l’armée.

Du même souffle, il a qualifié l’exigence de nécessaire pour garder l’armée prête à répondre à toute urgence, notant que la force était appelée à aider dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée au Canada, et que de nombreux alliés et pays étrangers ont encore des exigences de vaccination.

«Nous devons maintenir notre viabilité opérationnelle à l’avenir, a-t-il déclaré. Donc, au cours des prochaines semaines, nous allons peaufiner la politique, nous publierons quelque chose de modifié.»

Un certain nombre de militaires en service ont contesté en vain l’exigence devant les tribunaux, tandis que certains groupes et individus opposés aux obligations de vaccination, aux confinements et plus largement au gouvernement libéral ont utilisé le maintien de l’exigence de vaccination pour les militaires comme un point de ralliement.