Améliorer l’enseignement et la vie à l’école passe par la négociation, dit la CSQ

MONTRÉAL — Enseignants non qualifiés, grand nombre d’élèves en difficulté avec un soutien manquant, manque d’enseignants, de professionnels, d’employés de soutien dans les classes. «Ce qui se passe dans le réseau, ce n’est pas la faute des syndicats», lance le président de la CSQ, Éric Gingras.

À quelques jours de la rentrée dans les écoles primaires et secondaires du Québec, la Centrale des syndicats du Québec a fait le point lundi sur les problèmes qui affligent le réseau de l’éducation. Et les solutions passent, selon elle, par l’amélioration des conditions de travail, donc la négociation des conventions collectives.

Les négociations piétinent, tant au niveau du front commun intersyndical, qui négocie les salaires, le régime de retraite, qu’au niveau sectoriel, en éducation, ont affirmé les présidents des trois fédérations concernées affiliées à la CSQ.

Si des assemblées pour tenir des votes de grève sont dans les cartons, elles ne sont pas pour demain. Les syndicats de l’éducation veulent avant tout négocier, ont-ils plaidé.

«C’est pas vrai que notre but, c’est de faire la grève», a ajouté M. Gingras.

Et si grève il y a, «ce seront les membres qui auront voulu la grève, pas les syndicats», a rappelé la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, affiliée à la CSQ, Josée Scalabrini.

Rentrée difficile

La rentrée scolaire est encore difficile, ont rapporté Éric Pronovost (président, soutien scolaire), Jacques Landry (professionnels de l’éducation) et Mme Scalabrini (enseignants).

Le manque de personnel ne touche pas seulement les postes d’enseignants, mais aussi ceux d’employés de soutien et de professionnels. Les professionnels quittent vers le privé, où ils seront mieux rémunérés.

M. Landry, qui représente des psychologues, des psychoéducateurs, des orthophonistes et autres, rapporte qu’«on a de plus en plus de privé un peu partout. On a des agences qui offrent leurs services aux centres de services scolaires. On ne voyait pas ça avant».

Les enseignants sont aussi aux prises avec plusieurs élèves dans les classes qui ont un «plan d’intervention», parce qu’ils éprouvent des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage. Et ils n’ont pas toujours l’aide requise des professionnels. Et ces enseignants doivent aussi donner un coup de main aux enseignants non qualifiés et aux nouveaux dans la profession.

«Allégez la tâche avant qu’on lâche», a lancé Mme Scalabrini.

Elle a cité une consultation des enseignants, selon laquelle 37 % du temps en classe n’est plus consacré à l’enseignement, mais à la discipline, à «la bureaucratie» ou à d’autres tâches.

M. Pronovost relate un autre phénomène chez les employés de soutien: oui il y a un manque de personnel, pourtant plusieurs employés actuels ont des postes de 15 à 20 heures par semaine.

Pour la CSQ, ces problèmes doivent être réglés par l’amélioration des conditions de travail, qui rendra ces professions et métiers plus attrayants.

LeBel: des solutions, «j’en suis»

Interrogée au sujet de la négociation avec les enseignants, alors qu’elle quittait une rencontre avec la FIQ, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, s’est dite ouverte aux solutions qui ne nécessitent pas d’ajout de personnel à court terme, puisqu’il y a pénurie.

Si les syndicats de l’éducation veulent accélérer le rythme des négociations, «j’en suis», a répliqué la ministre LeBel.

S’ils veulent discuter des moyens de retenir les enseignants qui ont peu d’années d’expérience, afin d’éviter qu’ils quittent la profession, ou des moyens d’ajouter du soutien aux enseignants, «je vais être partante pour en discuter», a assuré la ministre.