700 membres attendus au congrès de QS cette fin de semaine à Gatineau

GATINEAU, Qc — Quelque 700 membres de Québec solidaire (QS) se réuniront en congrès cette fin de semaine à Gatineau, où ils éliront notamment une porte-parole féminine en remplacement de Manon Massé.

Le congrès sera aussi l’occasion pour les membres de débattre d’idées comme celle de permettre uniquement aux femmes ou aux personnes non binaires de se présenter lors de prochaines élections partielles.

La mesure serait temporaire, le temps que le parti effectue une révision globale de ses statuts. Elle viserait à augmenter la diversité et atteindre la parité au sein du caucus, peut-on lire dans le cahier de propositions.

Les membres seront également appelés à voter sur des propositions concernant le coût de la vie. 

On propose de plafonner les marges de profits des grandes chaînes d’alimentation, de créer un programme d’alimentation scolaire universel et d’éliminer la TVQ sur les produits usagés et les services de réparation.

Le parti souhaite aussi que les membres discutent de cinq «grands défis»: les changements climatiques, l’avenir énergétique, l’intelligence artificielle, la culture québécoise et le vieillissement de la population.

Cette réflexion se poursuivra au courant de l’hiver, pour déboucher sur des propositions à adopter lors d’un conseil national au printemps 2024, en vue des élections générales de 2026, indique-t-on.

Selon le plus récent sondage Pallas-Data, QS ne récolterait que 16 % de la faveur populaire, loin derrière le Parti québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ), mais à égalité avec le Parti libéral du Québec (PLQ).

La sortie récente du livre de l’ex-députée solidaire Catherine Dorion, dans lequel elle critique le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a également passablement secoué le parti.

Les membres devront décider s’ils renouent leur confiance envers M. Nadeau-Dubois, ou s’ils préfèrent «laisser le poste vacant». Ces deux options apparaîtront sur leur bulletin de vote.

«Ce que j’espère, c’est que les délégués lui donneront un mandat fort, je pense qu’il le mérite», a déclaré le leader parlementaire de QS, Alexandre Leduc, à son arrivée au congrès, vendredi.

En 2021, M. Nadeau-Dubois avait obtenu un score de 94 %.

Les candidates au poste de porte-parole féminine sont Christine Labrie, Émilise Lessard-Therrien et Ruba Ghazal. Elles auront la chance de s’affronter une dernière fois lors d’un débat samedi matin.

Les résultats des votes seront dévoilés dimanche.

Qui l’emportera?

Jusqu’ici, les trois femmes — qui ont des parcours bien différents — ont débattu d’indépendance et de la meilleure manière de faire progresser le parti.

Elles font toutes le constat que QS stagne, mais proposent des moyens différents d’y remédier.

De l’avis de Ruba Ghazal, une diplômée de HEC qui a grandi à Laval, le parti doit rapidement se mettre à courtiser les banlieues, des endroits qu’il a trop longtemps négligés, a-t-elle dit. 

L’ancienne conseillère municipale et agricultrice Émilise Lessard-Therrien propose pour sa part de «redonner du rêve» aux Québécois en faisant de la souveraineté alimentaire sa priorité.

Et Christine Labrie s’est montrée sévère, en appelant QS à simplifier son vocabulaire, à changer le ton de son message et à faire plus de propositions concrètes.

L’ex-chargée de cours à l’Université de Sherbrooke a même accusé son parti d’essayer d’éviter de se prononcer sur sa vision d’un Québec indépendant.

«On a toutes les trois mis de l’avant des propositions qui résonnent auprès des membres et le résultat, en ce moment, moi, je ne suis pas capable de le deviner», a déclaré Mme Labrie en mêlée de presse, vendredi.

Se disant «sereine», Mme Lessard-Therrien a plaidé qu’une porte-parole extraparlementaire pourra passer plus de temps sur le terrain. 

«Je vais être une agente de développement, quelqu’un qui va être disponible pour les médias, je vais faire du terrain et j’ai espoir que ça va rallier beaucoup plus de gens», a-t-elle dit.

De son côté, Mme Ghazal continue d’y voir un désavantage. «Si Émilise gagne, c’est juste que le défi est plus grand, vu qu’elle n’est pas à l’Assemblée nationale», a-t-elle prévenu. 

Appuis

Mme Labrie bénéficie de l’appui de quatre députés: Alexandre Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Haroun Bouazzi (Maurice-Richard), Étienne Grandmont (Taschereau) et Guillaume Cliche-Rivard (Saint-Henri–Sainte-Anne).

Mme Ghazal est appuyée par les députés de Jean-Lesage et de Laurier-Dorion, Sol Zanetti et Andrés Fontecilla, alors que Mme Lessard-Therrien a reçu l’appui du député de Rosemont, Vincent Marissal.

Gabriel Nadeau-Dubois, Manon Massé et la whip Alejandra Zaga Mendez ont indiqué qu’ils resteraient neutres d’ici le vote.