Vladimir Poutine sollicitera un autre mandat en mars

MOSCOU — Vladimir Poutine prépare le terrain pour prolonger son emprise répressive et inflexible sur la Russie pendant au moins six ans, en annonçant sa candidature à l’élection présidentielle de mars prochain qu’il est presque certain de gagner.

M. Poutine bénéficie toujours d’un large soutien après près d’un quart de siècle au pouvoir, malgré le déclenchement d’une guerre extrêmement coûteuse en Ukraine qui a coûté la vie à des milliers de ses compatriotes, provoqué des attaques répétées à l’intérieur de la Russie – dont une contre le Kremlin lui-même – et rongé son aura d’invincibilité.

En juin, une rébellion de courte durée menée par le chef mercenaire Evgueni Prigojine a suscité de nombreuses spéculations selon lesquelles le président Poutine pourrait perdre son emprise, mais il s’en est sorti sans cicatrices permanentes. La mort de M. Prigojine dans un mystérieux accident d’avion deux mois plus tard a renforcé l’idée selon laquelle Vladimir Poutine était en contrôle absolu.

M. Poutine a annoncé sa décision de se présenter à l’élection présidentielle du 17 mars lors d’une cérémonie de remise des prix au Kremlin, selon les agences de presse d’État Tass et RIA Novosti.

Environ 80 % de la population approuve son travail, selon l’institut de sondage indépendant Levada Center. Ce soutien peut venir du cœur ou refléter une soumission à un dirigeant dont la répression contre toute opposition a rendu périlleuse toute critique, même relativement légère.

Que ce soit en raison d’un soutien réel ou forcé, M. Poutine ne devrait faire face qu’à une opposition symbolique lors du scrutin.

Le président de 71 ans a utilisé à deux reprises son influence pour amender la constitution afin de pouvoir théoriquement rester au pouvoir jusqu’à l’âge de 85 ans. Il est déjà le dirigeant du Kremlin qui a le règne le plus long depuis le dictateur soviétique Joseph Staline.

En 2008, il s’était retiré pour devenir premier ministre en raison de la limitation du mandat, mais il est resté la force motrice de la Russie. Les mandats présidentiels ont ensuite été prolongés de quatre à six ans, tandis qu’un autre ensemble d’amendements qu’il a fait adopter il y a trois ans a réinitialisé le décompte de deux mandats consécutifs pour commencer en 2024.

«Il a peur d’abandonner le pouvoir», a affirmé cette année à l’Associated Press Dmitry Oreshkin, analyste politique et professeur à l’Université libre de Riga, en Lettonie.

Au moment de l’adoption des amendements qui lui ont permis deux mandats supplémentaires, l’inquiétude de M. Poutine quant à une perte de pouvoir était peut-être élevée: les sondages Levada ont montré que son taux d’approbation était nettement inférieur, oscillant autour de 60 %.

De l’avis de certains analystes, cette baisse de popularité aurait pu être l’un des principaux moteurs de la guerre lancée par M. Poutine en Ukraine en février 2022.

«Ce conflit avec l’Ukraine était nécessaire pour servir de ciment. Il avait besoin de consolider son pouvoir», a déclaré le commentateur Abbas Gallyamov, ancien rédacteur de discours du président Poutine vivant désormais en Israël.

Le règne de Vladimir Poutine s’est étendu sur cinq présidences américaines, de Bill Clinton à Joe Biden. Il est devenu président par intérim le soir du Nouvel An 1999, lorsque Boris Eltsine a démissionné de manière inattendue. Il a été élu pour son premier mandat en mars 2000.