Une agence onusienne accusée d’avoir collaboré à l’attaque du Hamas

TEL-AVIV, Israël — Un document israélien obtenu lundi énonce des allégations à l’encontre d’une douzaine d’employés de l’ONU qui, selon le pays, ont participé à l’assaut du Hamas le 7 octobre, affirmant que sept d’entre eux ont pris d’assaut le territoire israélien, dont deux qui ont participé à des enlèvements.

Les allégations contre le personnel de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens ont incité les pays occidentaux à geler les fonds vitaux pour l’organisme, qui est une bouée de sauvetage pour les Palestiniens désespérés de Gaza. L’ONU a licencié neuf des douze employés accusés et a condamné «les actes odieux présumés» des membres du personnel.

Ces accusations surviennent après des années de tensions entre Israël et l’agence connue sous le nom d’UNRWA au sujet de son travail à Gaza, où elle emploie environ 13 000 personnes.

Malgré la catastrophe humanitaire qui se déroule dans le territoire assiégé ― où la guerre d’Israël contre le Hamas a déplacé la grande majorité de la population et où, selon les autorités, un quart des Palestiniens meurent de faim ― les principaux donateurs, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ont réduit leur financement. Lundi, le Japon et l’Autriche les ont rejoints en interrompant leur aide.

La majorité de son budget étant remis en question, l’UNRWA affirme qu’elle sera contrainte d’interrompre ses activités dans les semaines à venir si le financement n’est pas rétabli.

La menace qui pèse sur l’agence des Nations unies intervient alors qu’Israël a déclaré que les pourparlers sur le cessez-le-feu qui ont eu lieu dimanche étaient constructifs, mais qu’il restait des «lacunes importantes» dans tout accord potentiel. Ces pourparlers visent à apporter un peu de répit à la bande de Gaza, déchirée par la guerre, et à obtenir la libération de plus de 100 otages toujours détenus dans le territoire.

Les combats se sont poursuivis, compliquant encore l’aide apportée aux habitants de Gaza épuisés par la guerre. Israël a donné un ordre d’évacuation aux habitants de la partie ouest de la ville de Gaza, leur demandant de se diriger vers le sud. Cet ordre indique que les combats se poursuivent dans le nord de la bande de Gaza, une zone qu’Israël a pilonnée au cours des premières semaines de la guerre et sur laquelle il avait précédemment déclaré exercer un contrôle militaire.

La guerre a été déclenchée par l’attaque du Hamas, le 7 octobre, qui a fait 1200 morts, pour la plupart des civils, et quelque 250 prisonniers, selon les autorités israéliennes.

Cette attaque a déclenché une intense offensive aérienne, maritime et terrestre qui a tué plus de 26 000 Palestiniens, dont la plupart sont des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza, gouvernée par le Hamas. Le ministère ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants dans son décompte. 

La guerre a également menacé de déclencher un conflit régional plus large, les États-Unis ayant annoncé que trois de leurs soldats avaient été tués lors d’une attaque attribuée à des milices soutenues par l’Iran en Jordanie.

TRAVAILLEURS DE L’UNRWA

Le document israélien, qui a été communiqué aux autorités américaines et obtenu par l’Associated Press, énumère 12 personnes, leur rôle présumé dans l’attaque, des descriptions de poste et des photos.

Le document indique que les renseignements recueillis montrent qu’au moins 190 employés de l’UNRWA étaient des agents du Hamas ou du Jihad islamique, sans fournir de preuves.

Il précise que sur les 12 employés, neuf étaient des enseignants et un, un travailleur social. Sept des employés ont été accusés d’être entrés en Israël le 7 octobre. Parmi eux, deux auraient enlevé ou aidé à enlever des Israéliens et deux autres auraient participé à des raids sur des villages agricoles communaux, selon le document.

L’un d’entre eux a été accusé de s’être armé d’un missile antichar la nuit précédant l’attaque, tandis que le document affirme qu’un autre a pris des photos d’une femme otage.

Certains ont été accusés de «participer à une activité terroriste» ou de coordonner le déplacement de camions ou d’armes utilisés dans l’attentat. Dix d’entre eux ont été répertoriés comme ayant des liens avec le Hamas et un avec le groupe militant du Jihad islamique.

Les noms et les photos des travailleurs accusés n’ont pas pu être vérifiés dans l’immédiat.

Deux des 12 ont été tués, selon le document. L’ONU avait précédemment déclaré qu’un des 12 travailleurs était encore en cours d’identification.

Ces allégations ont ravivé des tensions de longue date entre Israël et l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Israël affirme que le Hamas utilise les installations de l’Office pour stocker des armes ou lancer des attaques. L’UNRWA affirme qu’il ne tolère pas sciemment un tel comportement et qu’il dispose de garanties internes pour prévenir les abus et sanctionner tout acte répréhensible. 

Le commissaire de l’agence, Philippe Lazzarini, a récemment annoncé qu’il demandait un examen externe des opérations de l’agence et de ses garanties.

Israël critique depuis longtemps l’agence et l’accuse de contribuer à perpétuer la crise des réfugiés palestiniens, vieille de 76 ans. L’UNRWA affirme qu’elle répond aux besoins considérables de millions de Palestiniens à travers le Moyen-Orient, besoins qui ont été fortement exacerbés par la dernière guerre.

APPEL À LA REPRISE DU FINANCEMENT

L’ONU estime que l’ensemble de l’agence ne devrait pas être pénalisé par les actions présumées de la douzaine d’employés, qui, selon elle, devront répondre de leurs actes s’ils s’avèrent exacts. Elle a appelé les donateurs à reprendre leur financement.

Les États-Unis, principal donateur de l’agence, ont réduit leur financement au cours du week-end, suivis par plusieurs autres pays. Ensemble, ils ont fourni plus de 60 % du budget de l’UNRWA en 2022.

L’UNRWA fournit des services de base aux familles palestiniennes qui ont fui ou ont été chassées de ce qui est aujourd’hui Israël pendant la guerre de 1948 qui a entouré la création du pays. Les réfugiés et leurs descendants constituent la majorité de la population de Gaza.

Depuis le début de la guerre, la plupart des 2,3 millions d’habitants du territoire dépendent des programmes de l’agence pour leur «simple survie», notamment en ce qui concerne la nourriture et le logement, a déclaré M. Lazzarini. 

Un quart de la population de Gaza est menacée de famine en raison des combats et des restrictions israéliennes qui entravent l’acheminement de l’aide, bien en deçà de la moyenne quotidienne de 500 camions avant la guerre.

Juliette Touma, directrice de la communication, a prévenu que l’agence serait contrainte de mettre fin à son soutien à Gaza d’ici la fin du mois de février.