TikTok peine à éliminer la désinformation sur les élections américaines

Les algorithmes de TikTok sont très bons pour river les utilisateurs à leurs écrans pendant des heures. Mais ils sont moins bons pour détecter les publicités contenant des informations erronées sur les élections américaines, selon un rapport.

Pourtant, TikTok interdit toutes les publicités politiques de sa plateforme depuis 2019.

Le rapport soulève de nouvelles inquiétudes quant à la capacité de l’application de partage de vidéos très populaire à détecter les mensonges électoraux à un moment où un nombre croissant de jeunes l’utilisent non seulement pour se divertir, mais aussi pour s’informer. L’organisation à but non lucratif Global Witness et l’équipe Cybersecurity for Democracy de l’Université de New York (NYU) ont publié le rapport vendredi.

Global Witness et NYU ont testé si certaines des plateformes sociales les plus populaires – Facebook, YouTube et TikTok – peuvent détecter et supprimer les fausses publicités politiques ciblant les électeurs américains en vue des élections de mi-mandat du mois prochain. Ils ont effectué des tests similaires au Myanmar, en Éthiopie, au Kenya et au Brésil avec des publicités contenant des discours de haine et de désinformation, mais c’est la première fois qu’ils le font aux États-Unis.

Les publicités américaines comprenaient des informations erronées sur le processus de vote, telles que quand et comment les gens peuvent voter, ainsi que sur la façon dont les résultats des élections sont comptés. Elles ont également été conçues pour semer la méfiance à l’égard du processus démocratique en répandant des allégations sans fondement selon lesquelles le vote aurait été «truqué» ou décidé avant le jour du scrutin. Elles ont été soumises pour approbation aux plateformes de médias sociaux, mais aucune n’a été réellement publiée.

TikTok à la traîne

TikTok, qui appartient à la société chinoise ByteDance, a fait le pire score, laissant passer 90 % des publicités soumises par le groupe. Facebook s’en est mieux sorti, détectant sept fausses publicités sur 20, en anglais et en espagnol.

Jon Lloyd, conseiller principal chez Global Witness, a déclaré que les résultats de TikTok, en particulier, étaient «une énorme surprise» étant donné que la plateforme a une interdiction pure et simple de la publicité politique.

Dans un communiqué, TikTok a réitéré que la plateforme interdisait la désinformation électorale et les publicités politiques payantes.

«Nous apprécions les commentaires des ONG, des universitaires et d’autres experts qui nous aident à renforcer continuellement nos processus et nos politiques», a ajouté la société.

Les systèmes de Facebook ont détecté et supprimé la majorité des publicités soumises par Global Witness pour approbation.

«Ces rapports étaient basés sur un très petit échantillon d’annonces et ne sont pas représentatifs compte tenu du nombre d’annonces politiques que nous examinons quotidiennement à travers le monde, a argué Facebook. Notre processus d’examen des annonces comporte plusieurs couches d’analyse et de détection, à la fois avant et après la mise en ligne d’une annonce.» 

Il a ajouté qu’il investit «des ressources importantes» pour protéger le processus électoral.

YouTube en tête de liste

YouTube, quant à lui, a détecté et supprimé toutes les publicités problématiques, et a même suspendu le compte test que Global Witness a mis en place pour publier les fausses publicités en question. En même temps, la plateforme vidéo appartenant à Alphabet n’a détecté aucune des publicités électorales fausses ou trompeuses que le groupe a soumises pour approbation au Brésil.

«Cela montre donc qu’il existe un véritable écart mondial dans leur capacité à appliquer leurs propres politiques», a souligné M. Lloyd.

Google a déclaré avoir «développé des mesures étendues pour lutter contre la désinformation» sur ses plateformes, y compris de fausses déclarations sur les élections et le vote.

«En 2021, nous avons bloqué ou supprimé plus de 3,4 milliards d’annonces pour violation de nos politiques, dont 38 millions pour violation de notre politique de fausse déclaration», a indiqué l’entreprise par communiqué.

«Nous savons à quel point il est important de protéger nos utilisateurs de ce type d’abus – en particulier avant des élections majeures comme celles aux États-Unis et au Brésil – et nous continuons à investir et à améliorer nos systèmes d’application pour mieux détecter et supprimer ce contenu.»