Les républicains de la Chambre s’en prennent au secrétaire à la Sécurité intérieure

WASHINGTON — Les républicains de la Chambre ont publié dimanche deux articles de mise en accusation contre le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, qu’ils jugent incapable à défendre la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Les démocrates et l’agence ont critiqué cette décision, la qualifiant de coup politique motivé, dépourvu de la base constitutionnelle nécessaire pour le démettre de ses fonctions.

Les républicains affirment que M. Mayorkas est coupable de «crimes et délits graves» qui équivalent à un «refus délibéré et systémique de se conformer à la loi» sur l’immigration et à un «abus de confiance du public». La destitution, disent-ils, est «la seule option viable du Congrès».

«Alejandro N. Mayorkas a délibérément et systématiquement refusé de se conformer aux lois sur l’immigration, n’a pas réussi à contrôler la frontière au détriment de la sécurité nationale, a compromis la sécurité publique et a violé l’État de droit et la séparation des pouvoirs inscrits dans la Constitution, au préjudice manifeste du peuple des États-Unis», indique la résolution de mise en accusation.

Depuis qu’ils ont pris le contrôle de la Chambre en 2023, les républicains ont fait pression pour destituer M. Mayorkas. L’annonce de dimanche intervient alors que leur autre campagne de destitution – visant à destituer le président démocrate Joe Biden en lien avec les relations commerciales de son fils Hunter – a eu du mal à avancer.

L’immigration, enjeu clé de la présidentielle

Mais les républicains ont réagi rapidement contre M. Mayorkas après une série d’audiences ces dernières semaines. Tout cela arrive à un moment où la sécurité des frontières et l’immigration sont des enjeux clés de la campagne 2024 et où Donald Trump, favori pour l’investiture présidentielle républicaine, promet de lancer la «plus grande opération d’expulsion» de l’histoire des États-Unis s’il revient à la Maison-Blanche.

L’offensive des représentants républicains survient à un moment étrange puisque le ministre négocie ardemment avec le Sénat pour parvenir à un accord bipartite sur la politique frontalière. Il a reçu les éloges des sénateurs pour son engagement dans le processus.

Le comité de sécurité intérieure de la Chambre, contrôlé par les républicains, devrait voter mardi sur les articles de mise en accusation, dans le but de les envoyer à la Chambre plénière pour examen. Le président Mike Johnson a déclaré que l’ensemble des représentants devraient pouvoir rapidement voter à la fin d’un processus rapide.

L’adoption ne nécessite qu’une majorité simple à la Chambre, mais c’est au Sénat de tenir le procès. Un vote des deux tiers est requis pour une condamnation, un résultat extrêmement improbable dans le Sénat encore contrôlé par les démocrates.

Une simulation de procédure de destitution

Les démocrates affirment que les républicains ont organisé un simulacre de procédure de destitution contre M. Mayorkas et qu’ils n’ont pas les bases constitutionnelles nécessaires pour destituer le secrétaire. Selon eux, les républicains ont aussi nui au travail du ministre en refusant de lui donner les outils nécessaires pour gérer la situation.

«Ils ne veulent pas résoudre le problème. Ils veulent faire campagne là-dessus. C’est pourquoi ils ont sapé les efforts visant à parvenir à des solutions bipartites et ignoré les faits, les juristes et les experts, et même la Constitution elle-même, dans leur quête pour destituer sans fondement le secrétaire Mayorkas», a déclaré dimanche le ministère dans un communiqué.

Les deux articles de destitution marquent le point culminant de l’opposition des républicains aux politiques de l’administration du président Joe Biden. Ils lui reprochent, à elle et à M. Mayorkas d’avoir aboli les mesures du président précédent, Donald Trump, et d’avoir encouragé les migrants du monde entier à venir illégalement aux États-Unis.