Le journaliste Terry Anderson, gardé en otage pendant sept ans, est décédé

LOS ANGELES — Terry Anderson, le correspondant de l’Associated Press qui est devenu l’un des otages américains les plus longtemps détenus, est décédé à l’âge de 76 ans.

M. Anderson a été enlevé dans une rue du Liban déchiré par la guerre en 1985 et a été détenu pendant près de sept ans.

Le correspondant, qui avait raconté son enlèvement et son emprisonnement par des militants islamiques dans ses mémoires «Den of Lions» (La fosse aux lions), parus en 1993, est décédé à Greenwood Lake, dans l’État de New York, a annoncé sa fille, Sulome Anderson.

Après son retour aux États-Unis en 1991, M. Anderson a mené une vie mouvementée, prononçant des discours publics, enseignant le journalisme dans plusieurs universités de premier plan et, à différents moments, gérant un bar de blues, un restaurant cajun, un ranch de chevaux et un restaurant gastronomique.

Il a également souffert d’un trouble de stress post-traumatique et a gagné des millions de dollars en avoirs iraniens gelés après qu’un tribunal fédéral a conclu que le pays avait joué un rôle dans sa capture. Il a ensuite perdu la majeure partie de ses avoirs dans de mauvais investissements. Il a fait faillite en 2009.

À sa retraite de l’Université de Floride en 2015, M. Anderson s’est installé dans une petite ferme équestre dans une zone rurale et tranquille du nord de la Virginie qu’il avait découverte en campant avec des amis.

«Je vis à la campagne, et il fait assez beau et c’est calme ici, et c’est un endroit agréable, donc je vais bien», avait-il déclaré en riant, lors d’une entrevue en 2018 avec l’Associated Press (AP).

En 1985, il est devenu l’un des nombreux Occidentaux enlevés par des membres du groupe musulman chiite Hezbollah pendant une période de guerre qui avait plongé le Liban dans le chaos.

Après sa libération, il a été accueilli en héros au siège de l’AP à New York.

En tant que correspondant en chef de l’AP au Moyen-Orient, M. Anderson rendait compte depuis plusieurs années de la montée de la violence au Liban alors que le pays menait une guerre avec Israël, tandis que l’Iran finançait des groupes militants qui tentaient de renverser son gouvernement.

Emprisonné pendant sept ans

Le 16 mars 1985, une journée de congé, il avait pris une pause pour jouer au tennis avec l’ancien photographe de l’AP Don Mell. Il déposait M. Mell chez lui lorsque des ravisseurs armés l’ont traîné hors de sa voiture.

Il a probablement été pris pour cible, a-t-il expliqué, parce qu’il était l’un des rares Occidentaux encore au Liban et puisque son rôle de journaliste éveillait les soupçons parmi les membres du Hezbollah.

«Parce que selon leurs termes, les gens qui posent des questions dans des endroits difficiles et dangereux doivent être des espions», a-t-il déclaré au journal de Virginie The Review of Orange County, en 2018.

Ce qui a suivi a été près de sept années de brutalité au cours desquelles il a été battu, enchaîné à un mur, menacé de mort, souvent avec des armes pointées sur la tempe, et souvent maintenu à l’isolement pendant de longues périodes.

M. Anderson était le plus longtemps détenu parmi plusieurs otages occidentaux enlevés par le Hezbollah au fil des années, y compris Terry Waite, l’ancien envoyé auprès de l’archevêque de Cantorbéry, qui était venu pour tenter de négocier sa libération.

D’après ses récits et ceux d’autres otages, il était également leur prisonnier le plus hostile, exigeant constamment une meilleure nourriture et un meilleur traitement, discutant de religion et de politique avec ses ravisseurs et enseignant à d’autres otages la langue des signes et où cacher les messages afin qu’ils puissent communiquer en privé.

Il a réussi à conserver un esprit vif et un sens de l’humour mordant pendant sa longue épreuve. Lors de son dernier jour à Beyrouth, il a appelé le chef de ses ravisseurs dans sa chambre pour lui dire qu’il venait d’entendre un reportage radio erroné annonçant qu’il avait été libéré et qu’il se trouvait en Syrie.

«J’ai dit : « Mahmound, écoute ça, je ne suis pas là. Je suis parti. Je suis en route pour Damas ». Et nous avons tous les deux ri», a-t-il raconté à Giovanna DellÓrto, auteur de «AP Foreign Correspondents in Action: World War II to the Present» (Les correspondants étrangers de l’AP en action: de la Deuxième Guerre mondiale à de nos jours).

Il a appris plus tard que sa libération avait été retardée lorsqu’un tiers à qui ses ravisseurs prévoyaient le livrer était parti pour un rendez-vous avec sa maîtresse et qu’ils avaient dû trouver quelqu’un d’autre.

Le retour aux États-Unis

L’humour de M. Anderson cachait souvent le trouble de stress post-traumatique dont il reconnaissait souffrir pendant des années.

Au moment de son enlèvement, M. Anderson était fiancé et sa future épouse était enceinte de six mois de leur fille, Sulome.

Le couple s’est marié peu de temps après sa libération, mais a divorcé quelques années plus tard et, bien qu’ils soient restés en bons termes, M. Anderson et sa fille sont restés éloignés pendant des années.

«J’aime beaucoup mon père. Mon père m’a toujours aimé. Je ne le savais tout simplement pas parce qu’il n’était pas capable de me le montrer», a confié Sulome Anderson à l’AP, en 2017.

Le père et la fille se sont réconciliés après la publication de son livre acclamé par la critique en 2017, «The Hostage’s Daughter» (La fille de l’otage), dans lequel elle raconte son voyage au Liban pour affronter et éventuellement pardonner à l’un des ravisseurs de son père.

Terry Alan Anderson est né le 27 octobre 1947. Il a passé sa petite enfance dans la petite ville de Vermillion, dans l’Ohio, en bordure du lac Érié, où son père était policier.

Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, il a refusé une bourse pour l’Université du Michigan et s’est enrôlé dans la marine américaine, où il a accédé au grade de sergent d’état-major tout en participant aux combats pendant la guerre du Vietnam.

De retour chez lui, il s’est inscrit à l’Université d’État de l’Iowa où il a obtenu une double spécialisation en journalisme et en sciences politiques, et est allé peu après travailler pour l’AP. Il a travaillé au Kentucky, au Japon et en Afrique du Sud avant d’arriver au Liban en 1982, alors que le pays sombrait dans le chaos.

M. Anderson s’est marié et a divorcé trois fois. Outre sa fille Sulome, il laisse dans le deuil une autre fille, Gabrielle Anderson, issue de son premier mariage.