Hillary Clinton revient à la Maison-Blanche dans un nouveau rôle

WASHINGTON — Pendant la campagne présidentielle de son mari en 1992, Hillary Clinton a observé que «nos vies sont un mélange de différents rôles» et a déclaré que la plupart des gens essayaient de trouver le bon équilibre.

«Pour moi, cet équilibre se situe entre la famille, le travail et le service», a-t-elle déclaré.

Mme Clinton a jonglé avec ces rôles – et bien plus encore – pendant huit ans en tant que première dame de la Maison-Blanche. Elle revient mardi pour sa première apparition publique dans le bâtiment depuis les années Obama pour exprimer son amour pour les arts.

Lors de ses années à la Maison-Blanche, elle était une épouse, une mère et l’hôtesse de la nation, mais aussi une épouse lésée, à la tête d’un groupe de travail national sur les soins de santé et en couverture de «Vogue». Au cours des années suivantes, elle a franchi le seuil de la Maison-Blanche en tant que sénatrice en visite et membre du Cabinet, mais jamais dans le rôle tant recherché de Madame la Présidente.

Dès ses débuts en tant que première dame, elle a tenu une rare conférence de presse au cours de laquelle elle a été interrogée sur les transactions immobilières passées des Clinton, déclarant qu’elle avait été «rezonée» hors de sa sphère de vie privée.

L’ancienne première dame et l’actuelle première dame Jill Biden apparaîtront ensemble pour annoncer les récipiendaires du Praemium Imperiale, un prix artistique mondial annuel décerné par la Japan Art Association pour l’œuvre de toute une vie. Les deux femmes prononceront un discours.

Son retour sera probablement émotif.

«Je dois imaginer qu’elle a vraiment hâte d’être de retour et de retrouver les Biden, dont elle est proche depuis longtemps», a confié Lisa Caputo, qui était l’attachée de presse de Mme Clinton à la Maison-Blanche.

Une habituée de la Maison-Blanche

Hillary Clinton a fait ses premières visites avec son mari Bill Clinton, qui a été gouverneur de l’Arkansas de la fin des années 1970 au début des années 1990, pour les réceptions annuelles des gouverneurs du pays.

Elle était une habituée de la Maison-Blanche dans ses fonctions de sénatrice américaine et de secrétaire d’État, poste qui lui permettait d’occuper un siège permanent aux côtés du président lors des réunions du Cabinet.

À deux reprises, elle a cherché à obtenir le siège ultime à la Maison-Blanche, faisant campagne en 2008 puis en 2016 pour devenir la première femme élue présidente. Elle a échoué à chaque fois et a gardé ses distances avec la Maison-Blanche pendant l’ère Trump.

Ellen Fitzpatrick, professeure émérite d’histoire à l’Université du New Hampshire, affirme qu’un retour à la Maison-Blanche ravive des souvenirs pour toute ancienne première dame.

Elle a rappelé la visite Jacqueline Kennedy avec ses enfants des années après l’assassinat du président John F. Kennedy. L’ancienne première dame avait ensuite écrit au président Richard Nixon dans une note de remerciement que ce jour qu’elle redoutait s’était avéré être l’un des plus précieux qu’elle ait passé avec ses enfants.

«Pour Hillary elle-même, je suis sûre que ce sera tout un moment, de retourner», a avancé Mme Fitzpatrick, autrice de «The Highest Glass Ceiling», un livre sur les femmes qui se présentent à la présidence.

Des souvenirs mitigés

Hillary Clinton a gardé de bons et de moins bons souvenirs à la Maison-Blanche.

«Mes huit années à la Maison-Blanche ont mis à l’épreuve ma foi et mes convictions politiques, mon mariage et la Constitution de notre pays», a-t-elle écrit dans «Living History» («Ma vie»), ses premiers mémoires. 

«Je suis devenue un paratonnerre pour les batailles politiques et idéologiques menées sur l’avenir de l’Amérique et un aimant pour les sentiments, bons ou mauvais, concernant les choix et les rôles des femmes.»

Au cours de sa première année de mandat, le président Clinton s’est tenu avec son épouse dans la salle Est et l’a nommée à la tête d’un groupe de travail national sur les soins de santé visant à offrir une assurance maladie à tous les Américains. Aucune première dame n’avait jamais été responsable de l’élaboration d’une politique publique aussi importante. Le travail, réalisé en grande partie en secret, a inévitablement suscité des critiques. Le projet est finalement mort sans vote au Congrès.

En 1994, Mme Clinton avait répondu à des questions pendant plus d’une heure dans la salle Est sur ses transactions financières dans le cadre de l’affaire Whitewater, un projet immobilier de l’Arkansas dans lequel le couple avait perdu de l’argent et sur lequel les autorités fédérales enquêtaient.

À un moment au cours de la conférence de presse, elle a déclaré: «J’ai toujours cru en une zone d’intimité, et j’ai dit à un ami l’autre jour qu’après avoir longtemps résisté, j’avais l’impression d’avoir été rezonée.»

L’affaire Lewinsky

Une autre image notable des Clinton à la Maison-Blanche est apparue en 1998, après que la relation sexuelle du président avec la stagiaire Monica Lewinsky eut été révélée. Alors que la famille planifiait des vacances de deux semaines sur l’île de Martha’s Vineyard, dans le Massachusetts, les Clinton avaient traversé la pelouse Sud jusqu’à l’hélicoptère qui les attendait avec leur adolescente, Chelsea, comme tampon entre ses parents.

Hillary Clinton était également présente dans la salle Roosevelt de la Maison-Blanche lorsque le président a déclaré à la nation: «Je n’ai pas eu de relations sexuelles avec cette femme, Miss Lewinsky». Elle est passée à la télévision nationale et a imputé leurs problèmes politiques à une «vaste conspiration de droite».

Ses cotes d’approbation du public ont augmenté à mesure que ses malheurs conjugaux se déroulaient en public. Elle est également devenue la première première dame à faire la couverture du magazine «Vogue», vêtue d’une robe à manches longues en velours noir et assise sur un canapé rouge dans la salle rouge de la Maison-Blanche.

Sénatrice et secrétaire d’État

Après que son mari eut été acquitté lors d’un procès en destitution au Sénat en janvier 1999, elle s’est présentée et a remporté un siège au Sénat américain à New York en 2000, leur dernière année à la Maison-Blanche. Pendant une courte période, elle a exercé ses fonctions de législatrice, tout en clôturant son chapitre en tant que première dame.

Lorsque Hillary Clinton a perdu l’investiture démocrate à la présidentielle face à son collègue sénateur Barack Obama en 2008, il l’a persuadée à devenir sa secrétaire d’État. Elle était encore une fois régulièrement présente à la Maison-Blanche, avec un siège à côté de M. Obama à la table du Cabinet. Elle figure en bonne place sur la célèbre photo de responsables entassés dans la salle de crise lorsqu’Oussama ben Laden a été tué en 2011.

Mardi permettra en quelque sorte de boucler la boucle pour Hillary Clinton. Elle et le président Clinton ont célébré pour la première fois les prix Praemium Imperiale à la Maison-Blanche en 1994. Elle est la conseillère internationale des États-Unis pour ces prix.