Antony Blinken est arrivé en Arabie saoudite

RIYAD, Arabie saoudite — Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé lundi en Arabie saoudite pour sa cinquième visite dans la région depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, dans l’espoir de faire avancer un éventuel accord de cessez-le-feu et la planification de l’après-guerre tout en apaisant les tensions régionales.

Mais sur ces trois fronts, il est confronté à des défis majeurs : le Hamas et Israël sont publiquement en désaccord sur les éléments clés d’une éventuelle trêve. Israël a rejeté les appels des États-Unis en faveur d’un État palestinien, et les alliés militants de l’Iran dans la région ne semblent pas dissuadés par les frappes américaines.

À Gaza, entre-temps, le Hamas a commencé à réapparaître dans certaines des zones les plus dévastées après le retrait des forces israéliennes, ce qui indique que l’objectif principal d’Israël d’écraser le groupe reste insaisissable. Des vidéos prises dans ces mêmes zones montrent de vastes destructions, presque tous les bâtiments étant endommagés ou détruits.

M. Blinken devait rencontrer le prince héritier Mohammed bin Salman. Les responsables saoudiens affirment que le royaume est toujours intéressé par la normalisation des relations avec Israël dans le cadre d’un accord qui pourrait faire date, mais seulement s’il existe un plan crédible pour créer un État palestinien.

Mais un tel accord semble encore loin, alors que la guerre fait toujours rage à Gaza, où 113 corps ont été transportés dans les hôpitaux au cours des seules dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du territoire gouverné par le Hamas. Le ministère précise que 205 autres personnes ont été blessées.

Ces décès portent à 27 478 le nombre total de morts palestiniens en près de quatre mois de guerre. Le ministère ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants dans son décompte, mais précise que la plupart des morts sont des femmes et des enfants.

La guerre à Gaza a rasé de vastes étendues de la petite enclave, déplacé 85 % de sa population et poussé un quart des habitants à la famine.

Une vidéo circulant sur Internet lundi montre des hommes armés masqués conduisant une file de détenus torse nu devant des bâtiments bombardés dans le nord de Gaza, les forçant à crier qu’ils sont des voleurs. L’Associated Press n’a pas été en mesure de confirmer l’incident de manière indépendante, mais il est conforme aux rapports de l’AP.

C’est le dernier signe en date que le Hamas, qui dirige la bande de Gaza depuis qu’il a pris le pouvoir face aux forces palestiniennes rivales en 2007, réaffirme son contrôle dans certaines parties du nord. Les habitants affirment que les forces de sécurité dirigées par le Hamas, qui se comptaient par dizaines de milliers avant la guerre, ont commencé à réapparaître dans certaines zones où elles se concentrent sur la distribution des salaires des fonctionnaires et la répression des pillards.

L’armée israélienne affirme avoir lancé des opérations ciblées dans le nord de la bande de Gaza au cours de la semaine dernière afin d’empêcher le Hamas de reconstituer ses capacités.

Le premier ministre Benjamin Nétanyahou a promis de poursuivre la guerre jusqu’à ce qu’Israël écrase les capacités militaires et gouvernementales du Hamas et obtienne le retour de la centaine d’otages toujours détenus par le groupe militant après le raid transfrontalier du 7 octobre qui a déclenché la guerre.

Le Hamas et d’autres militants ont tué quelque 1200 personnes, pour la plupart des civils, lors de cette attaque et en ont enlevé environ 250. Plus de 100 captifs, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été libérés lors d’un cessez-le-feu d’une semaine en novembre, en échange de la libération de 240 Palestiniens emprisonnés par Israël.

Lors d’une réunion avec les troupes lundi, M. Nétanyahou a déclaré qu’Israël avait vaincu 18 des 24 bataillons du Hamas, sans fournir de preuves. «Nous sommes sur la voie d’une victoire absolue et je tiens à vous dire que nous sommes déterminés à y parvenir et que nous n’y renoncerons pas», a-t-il lancé.

Les États-Unis, le Qatar et l’Égypte ont élaboré une proposition de cessez-le-feu de plusieurs semaines et de libération progressive du reste des otages.

Mais le Hamas, qui n’a pas encore répondu publiquement à cette proposition, a déclaré qu’il ne libérerait pas d’autres captifs tant qu’Israël ne mettrait pas fin à son offensive. On s’attend à ce que les militants exigent en retour la libération de milliers de prisonniers palestiniens, ce que M. Nétanyahou a publiquement exclu.

La guerre a ravivé les tensions dans toute la région, avec une avalanche de frappes et de contre-attaques qui augmentent le risque d’un conflit plus large.

Israël et le puissant groupe militant libanais Hezbollah échangent quotidiennement des coups de feu de part et d’autre de la frontière et, ces dernières semaines, des frappes israéliennes apparentes ont tué de hauts commandants du Hezbollah.

La semaine dernière, une attaque de drone lancée par des militants soutenus par l’Iran a tué trois soldats américains près de la frontière entre la Jordanie et la Syrie, provoquant une vague de frappes américaines en représailles. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont également mené des frappes contre les rebelles houthis soutenus par l’Iran au Yémen, en réponse à leurs attaques contre la navigation internationale dans la mer Rouge.

Bilan alourdi

Le bilan des victimes dans la bande de Gaza s’est alourdi à la suite des dernières frappes aériennes sur le territoire palestinien, où l’armée israélienne s’efforce d’éradiquer les dirigeants du Hamas et de détruire le groupe militant qui a attaqué le sud d’Israël il y a près de quatre mois. 

Des frappes ont touché deux maisons et une mosquée dans le centre de Gaza dimanche, tuant 29 personnes et en blessant au moins 60 autres. Des frappes aériennes distinctes à Rafah, la ville la plus méridionale de l’enclave, ont tué deux enfants âgés de 12 et 2 ans, selon le bureau d’enregistrement de l’hôpital où les corps ont été transportés. 

L’armée israélienne a annoncé avoir perquisitionné le quartier général de la brigade du Hamas dans la ville de Khan Younis, dans le sud du pays, et avoir trouvé ce qu’elle appelle du matériel d’entraînement pour l’attaque du 7 octobre dans le sud d’Israël, notamment des «modèles simulant des portes d’entrée de kibboutzim israéliens, des bases militaires et des véhicules blindés de Tsahal».

La police israélienne a révélé que des agents avaient abattu un jeune Palestinien qui aurait tenté de les poignarder en Cisjordanie occupée.

La police a indiqué que la police des frontières paramilitaire effectuait un contrôle de sécurité de routine dans une zone située à l’est de Jérusalem lorsqu’un adolescent de 14 ans a prétendument sorti un couteau et tenté de poignarder les officiers. Les agents ont ouvert le feu, abattant l’adolescent, et n’ont pas été blessés, selon la police. 

Sur les images de sécurité de l’incident diffusées par la police, on voit une personne s’approcher des agents et commencer à s’élancer vers l’un d’entre eux en faisant des gestes de poignardage. Alors que l’individu tente de s’enfuir, les policiers ouvrent le feu et le suspect tombe au sol. 

La police a publié une photo d’un couteau de cuisine qui aurait été utilisé lors de la tentative d’agression. Elle a déclaré que l’adolescent était originaire de Jérusalem-Est, mais son nom n’a pas été dévoilé. 

Les détracteurs d’Israël affirment que ses services de sécurité font un usage excessif de la force contre les suspects palestiniens, allégations qui se sont intensifiées au cours de la guerre menée par le pays contre le Hamas à Gaza. Israël a effectué des raids nocturnes en Cisjordanie pour réprimer les militants présumés. 

Les Palestiniens ont mené plusieurs attaques contre les forces de sécurité et les civils israéliens en Cisjordanie et en Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Le mois dernier, une Israélienne a été tuée et 13 autres personnes blessées lors d’une attaque à la voiture bélier et à l’arme blanche dans une banlieue au nord de Tel Aviv.