Des recherches pour le recyclage du futur

Annoncé en grande pompe en juin dernier au Cégep de Shawinigan, le projet d’implantation d’une filière de recyclage de piles commence à faire son chemin au Centre national en électrochimie et en technologies environnementales (CNETE).

Il s’agit d’un projet total de 6,34 millions $ qui permet au CNETE de réaliser les recherches pour une filière de recyclage de piles avec l’embauche de chercheur scientifique. Du montant, 3,8 millions $ proviennent de subventions des gouvernements provincial et fédéral. Le projet cible autant les piles alcalines que les piles au lithium.

La directrice générale du CNETE, Nancy Déziel, soulignait qu’il est rare de voir un projet de 6,3 M$ en recherche.

«Il existe deux volets pour ce projet de cinq ans: les piles alcalines et les piles au lithium, qui n’impliquent pas le même procédé et qui n’impliquent pas les mêmes clients», explique Mme Déziel.

Pour le projet de piles alcalines, la Société Laurentide agit comme partenaire.

«La Société Laurentide récupère les piles alcalines d’une bonne partie de l’est du Canada depuis quelques années avec un contrat exclusif pour la récupération. Pour le moment, ces piles sont envoyées dans d’autres usines du Canada et des États-Unis. Pour la Société Laurentide, ça serait beaucoup plus durable de les faire traiter sur place ici à Shawinigan. La société récupère aussi la peinture, l’antigel et les huiles usées pour leur donner une seconde vie. D’ailleurs, le CNETE avait contribué à la recherche pour ces procédés, sauf pour l’huile.»

La directrice générale indique qu’il existe des procédés pour les piles alcalines, mais ce sont des procédés thermochimiques qui ne récupèrent pas tout ce qui est contenu dans une pile.

«Société Laurentide aimerait récupérer au maximum toutes les composantes, donner une valeur aux produits avec plus de pureté, et de les retourner sur le marché. Ça fait environ six ou sept mois que nous avons commencé les procédés de recherche et on a déjà de bons résultats de récupération pour certains métaux »

« L’idée est de prendre les composantes de la pile, de les séparer, pour faire les procédés d’hydrométallurgie et d’électrochimie. Ces composantes pourraient être revendues à des entreprises pour qui ce sont leur matière première.»

Il s’agit d’un projet de cinq ans. L’objectif est d’en arriver à une étape semi-pilote au bout de cette période. «Mais si on va plus vite, la Société Laurentide est prête!»

Actuellement et pour les huit prochaines années, c’est le marché des piles alcalines qui est faste, puisque les piles au lithium ne sont pas encore arrivées à leur fin de vie. On peut notamment penser aux piles au lithium que l’on retrouve dans les voitures électriques. Il faut savoir que Nemaska Lithium est partenaire du projet pour ce volet.

«Les piles au lithium peuvent même avoir une seconde vie dans d’autres applications en raison de leur puissance, renseigne Mme Déziel. Présentement, les piles au lithium recueillies par la Société Laurentide ne représentent même pas 100 tonnes par année.»

Au Québec, le taux de récupération des piles se trouve sous la barre des 30%.

«En majorité, les gens mettent leurs piles directement à la poubelle. C’est un contaminant épouvantable pour la nappe phréatique et c’est une perte de minéraux. Ce n’est pas infini, les minéraux. La voie du recyclage est tellement importante, surtout dans le monde minier», se désole Mme Déziel.

Pour le projet de recherche sur les piles alcalines, deux chercheurs travaillent sur les procédés et ils étaient déjà au sein de l’équipe du CNETE. À cela s’ajoutent des étudiants de différentes universités et du Cégep de Shawinigan.

Pour les procédés des piles au lithium, les chercheurs ont été plus difficiles à dénicher. Deux ressources sont arrivées au CNETE récemment.

«Il n’y a pas des tonnes de gens qui ont le savoir en électrochimie. On devrait avoir des résultats dans les prochains mois suite à leur travail. J’espère qu’au bout des cinq ans, nous aurons un procédé laboratoire entre les mains et pourquoi pas un procédé semi-pilote», ajoute la directrice.

Il faut savoir que 85% des projets de recherche du CNETE au cours des 15 dernières années se sont rendus au marché.

Est-ce que le volet des piles au lithium peut cesser en lien avec la précarité financière du partenaire Nemaska Lithium? «Pour l’instant, c’est Nemaska Lithium qui détient la propriété de ce qu’on développe. Il faudra voir ce qui arrive avec Nemaska Lithium. Je pense que la compagnie et la mine ont une grande valeur. La mine à Whabouchi contient le deuxième plus grand gisement de lithium au monde. On sait que le marché va exploser pour le lithium.»