Des emballages verts pour éliminer le plastique à usage unique

C’est par le biais d’une toute nouvelle chaire de recherche que Tarik Jabrane souhaite arriver à concevoir un produit qui remplit les mêmes fonctionnalités que les emballages en plastique à usage unique, mais avec un impact environnemental plus faible, notamment en ayant recours à des fibres cellulosiques 100% recyclables ou compostables.

Tarik Jabrane, formateur-chercheur chez Innofibre, se penche sur la recherche en écoconception pour une économie circulaire d’emballages en pâte cellulosique thermoformée. Objectif: devenir un leader mondial dans le développement de ces produits.

« C’est un retour aux sources parce que les emballages de papier existent depuis plus longtemps qu’on ne l’imagine», lance le formateur-chercheur chez Innofibre.

Cependant, selon Tarik Jabrane, les produits ne sont pas disponibles comme on croit qu’ils le sont, car ils ne sont pas fabriqués au Canada. On les importe, principalement de l’Asie, qui est avancée dans cette technologie.

«On dispose déjà de fibres cellulosiques au Québec, alors pourquoi on ne prendrait-on pas notre matière première ici? On fabriquerait nos produits ici et on les commercialiserait ici. Cette économie circulaire n’existe pas au Québec dans le cas des emballages moulés», explique-t-il.

Comme fabriquer une feuille de papier

On pourrait comparer les emballages de pâte cellulosique thermoformée à la fabrication d’une feuille de papier. Dans le cas des emballages de pâte cellulosique thermoformée, on transforme une suspension de fibres cellulosiques de plusieurs origines (bois ou plante annuelle, par exemple) en une forme tridimensionnelle plutôt qu’en une forme plate. Un exemple que tous peuvent identifier est la classique boîte qui contient notre douzaine d’œufs.

«C’est une technologie industrielle qui a encore besoin d’innovation en matière de procédés », précise M. Jabrane. Sa chaire de recherche veut donc utiliser les matières résiduelles ou recyclées dans les produits thermoformés et atteindre un taux d’addition de plus de 20 %, ce qui représente un réel défi.

« On peut commencer avec les fibres recyclées qui ne trouvent pas preneur et qui contiennent un taux de contamination supérieur à 2 %, alors pourquoi ne pas imaginer faire le traitement de ces matières pour pouvoir les intégrer dans des produits?», se questionne le chercheur.

Fait à 50%…de gazon!

Par ces ajouts, il est également possible d’enrichir le compost.

«On veut également apporter une plus-value au compost et non lui nuire. On peut donc ajouter un adjuvant ou une biomasse dans la composition des emballages, ce qui va venir améliorer la qualité du compost. Par exemple, les résidus de micro-algues qui sont cultivées dans les eaux usées d’une entreprise peuvent être récoltées et ajoutées dans des emballages qui vont finir dans des composts et qui vont enrichir le sol par la suite», explique M. Jabrane.

Un bel exemple de réalisation inspirante pour l’équipe d’Innofibre est un emballage d’œufs fabriqué aux Pays-Bas composé à 50 % de gazon.

«C’est quelque chose qu’aujourd’hui on ne sait pas faire encore ici. Ça a nécessité beaucoup de travaux, de recherches et de développement pour faire en sorte de pouvoir mettre autant de matières recyclées dans le procédé à l’échelle industrielle».

Un coût à payer

Tarik Jabrane rappelle que l’industrie du thermoformage de plastique s’est développée parce que le coût de l’équipement pour les fabriquer est moindre et rapide.  Selon M. Jabrane, les règlementations changent et les exigences en matière de recyclabilité et de compostabilité sont de plus en plus strictes, ce qui pousse les entreprises à trouver des solutions.

« Innofibre est là pour ça, pour tester les solutions en conditions réelles, ce qui sécurise le client et apporte des solutions au fournisseur. On vient apporter des ressources qu’ils n’ont pas nécessairement à l’interne. On est plus efficace pour faire de la recherche, et on leur laisse le soin de produire à l’échelle industrielle ».