Zonage du parc Girard: le projet de logements sociaux pour aînés compromis

Le conseil municipal de Trois-Rivières devait se prononcer, mardi soir, sur la démarche de changement de zonage d’une partie du parc Girard afin d’y permettre la construction de logements sociaux. Les élus ont toutefois décidé de retirer le point de l’ordre du jour et de repousser la décision à une séance ultérieure, ce qui vient compromettre le projet de Mission Unitaînés désiré par la Ville sur ce lot.

Le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, ne cache pas sa déception face à ce report. « De dire non à 100 portes de logements sociaux pour des gens de 65 ans et plus qui auraient eu l’occasion de payer entre 600$ et 900% de loyer par mois, c’est une grande déception. Ce sera difficile de parler de crise du logement après avoir dit non à ça. Maintenant, c’est la décision du conseil. Je me rallie », déclare-t-il.

« Ce qu’on veut faire du côté du conseil, c’est de trouver un projet qui serait socialement plus acceptable de la part des résidents qui habitent à proximité, donc peut-être moins haut que six étages. Ce sera à voir comment on va élaborer le tout », ajoute le maire.

Plusieurs élus ont fait état de leur déchirement dans ce dossier, entre la nécessité de la création de nouveaux logements sociaux sur le territoire et les enjeux soulevés par les citoyens du quartier.

Certains conseillers ont émis le souhait que la Ville trouve un nouveau terrain, mais en allant du côté du privé, les démarches seront trop longues.

« On n’y arrivera pas à temps pour Mission Unitaînés, affirme le maire. On n’a pas eu de nouvelles de la deuxième phase encore, mais à partir du moment où le conseil n’est pas enclin à aller de l’avant avec le projet qui était proposé, l’empressement n’est plus le même. »

La Ville de Trois-Rivières et Mission Unitaînés sont en discussion « presque tous les jours », mentionne Marc-André Godin, chef de service à la Direction de l’aménagement et du développement urbain. « À la fin de la première phase, Mission Unitaînés nous avait suggéré de garder notre nom pour la phase 2. Et ils nous ont rappelé », précise-t-il.

Le point devrait revenir lors d’une prochaine séance publique du conseil municipal. « On va le travailler autrement. J’espère que les citoyens vont vouloir qu’on ait de l’avant avec ce projet-là. On se rappelle qu’on est en crise de l’habitation, mais l’opportunité de Mission Unitaînés ne sera plus là », commente le maire.

Le reste de la zone tampon protégé?

Lors de la consultation publique tenue sur le sujet le 14 janvier, les résidents du secteur ont laissé comprendre qu’ils veulent conserver la zone tampon telle qu’elle est présentement.

Plusieurs enjeux ont été soulevés: la hauteur du bâtiment, le peu de cases de stationnement prévu, l’utilité de la zone tampon entre la zone industrielle et la zone résidentielle, l’abattage d’arbres matures qu’engendrerait la construction de logements sociaux, ainsi que la capacité des infrastructures souterraines.

Des citoyens ont également exprimé leur inquiétude face à l’éventualité que le reste de la zone tampon puisse faire l’objet d’un développement un jour. Si la Ville de Trois-Rivières est limitée dans ce qu’elle peut faire pour y empêcher de futurs projets de développement.

« C’est extrêmement difficile de lier les conseils futurs pour le reste de l’éternité, précisait Myriam Lavoie, chef de service – planification et urbanisme à la Ville de Trois-Rivières. On peut mettre beaucoup de cadenas, mais ces processus doivent se faire avec des processus de consultation. »

Une solution s’est toutefois présentée aux élus municipaux: la Fondation Trois-Rivières durable pourrait acquérir les 88% du terrain qui conserveraient le zonage d’origine, à l’exception du bassin de rétention. La Ville a approché la Fondation, qui s’est montrée ouverte à la proposition. En contrepartie, la Ville continuerait d’assurer l’entretien du terrain, comme c’est déjà le cas.

(Photo L’Hebdo Journal)

Pour le conseiller municipal du secteur, Dany Carpentier, si le changement de zonage va ultimement de l’avant, il faut s’assurer, du même coup, que le reste du parc Girard soit protégé.

« Je pense qu’on doit accueillir un projet comme celui-là à Trois-Rivières, mais je ne pense pas que ce soit le bon endroit. Je sens que le conseil souhaite un dézonage, mais pour un projet plus adapté au milieu. C’est vers là que j’irais. On sent qu’il y a un clash entre le quartier actuel et la situation projetée. Comme conseil, on devrait accélérer la recherche d’un autre terrain. Sinon, si ça doit rester là, je préférerais un projet de deux à quatre étages, conditionnellement à protéger le reste de la zone tampon », détaille le conseiller municipal du district de La-Vérendrye.

Le projet de Mission Unitaînés en bref

C’est dans le but d’avoir des terrains municipaux disponibles rapidement pour accueillir des projets de logements sociaux que la Ville de Trois-Rivières a entamé des démarches pour changer le zonage d’une partie du parc Girard.

La Ville souhaite accueillir le projet de Mission Unitaînés, qui pourrait bénéficier d’une deuxième phase de développement, qui permettrait de construire un bâtiment de six étages totalisant 100 logements.

Il s’agirait du seul terrain appartenant à la Ville qui correspond à l’ensemble des critères pour accueillir ce projet.

Pour ce faire, il fallait dénicher un terrain d’une superficie de 2800 mètres carrés pour accueillir un immeuble de six étages comptant 100 unités. Le terrain doit être desservis par des services et par le transport en commun. Les infrastructures souterraines doivent également avoir la capacité d’accueillir le projet.

Dans sa première phase de développement, Mission Unitaînés a annoncé le déploiement de 10 projets identiques dans autant de villes au Québec, dont à Shawinigan et Drummondville.

Vers un projet plus local?

Les élus municipaux souhaitent également évaluer la possibilité de prioriser un projet à dimension plus locale. Après l’assemblée de consultation citoyenne du 14 janvier, Richard Maziade, président de la Fédération régionale des OSBL d’habitation Mauricie – Centre-du-Québec et propriétaire d’une RPA, a contacté des conseillers municipaux pour faire connaître son intérêt à développer un projet similaire et rapidement.

Dans ce courriel, il déplorait que la Ville donne beaucoup d’importance à des promoteurs de Montréal ou Québec dans le dossier.

Des conseillers se sont aussi montrés ouverts à travailler sur un compromis sur le zonage de cette partie du parc Girard, notamment en limitant le nombre d’étages d’un éventuel futur bâtiment.