Vers une réouverture de la Halte-douceur au même endroit
Tout laisse croire que la Halte-douceur continuera d’occuper le bâtiment du 1645, rue Royale à l’hiver prochain, puisque la Ville de Trois-Rivières a lancé une modification réglementaire pour accueillir des personnes en situation d’itinérance dans cet immeuble.
La Ville abandonne ainsi le projet de règlement, entamé depuis quelques mois, qui visait un changement de zonage pour opter pour un projet de type PPCMOI (projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble).
Ce processus permet d’autoriser un refuge pour les personnes en situation d’itinérance en ciblant le bâtiment plutôt que d’autoriser les usages liés à la sous-classe Institution de santé et services sociaux dans l’ensemble du secteur.
« Le PPCMOI permet de rendre le processus plus niché, à une adresse civique plutôt qu’une zone. Pour le citoyen, quand on lui dit qu’il perd son processus référendaire, ça peut sembler un déni de démocratie, mais ce n’est pas le cas, affirme le maire Jean Lamarche. L’idée, c’est qu’on doit se rendre en novembre avec un processus. D’ici l’automne, on va continuer à travailler avec les citoyens pour améliorer la situation, atténuer les nuisances comme le bruit et la gestion des déchets et mettre en place des mesures de mitigation. »
La Halte-douceur permet à une trentaine de personnes en situation d’itinérance de dormir au chaud pendant l’hiver. L’organisme Point de rue, responsable du service, envisage toutefois d’utiliser le local tout au long de l’année. Une dizaine d’options alternatives ont été évaluées avant de choisir de maintenir la Halte-douceur au centre-ville, soutient la Ville.
« On travaille dans un contexte d’urgence sociale. À cette distance du centre-ville et l’aménagement déjà en place par rapport aux douches et aux lits, notamment, ça fait en sorte que c’est la solution qui semble la plus pratique, ajoute le maire. On est dans une situation où l’on doit choisir entre l’intérêt collectif et la situation dans le voisinage. C’est là que c’est difficile. C’est là qu’il faut du courage politique parce qu’autrement, il y aura des itinérants qui vont coucher dehors l’hiver prochain. »
Rappelons que pour sa première année d’existence à l’hiver 2023, la Halte-douceur était installée dans le bâtiment de Point de rue. Toutefois, cet hiver, le propriétaire d’un édifice de la rue Royale a proposé son local à l’organisme afin d’accueillir l’initiative qui permet d’offrir un hébergement d’urgence la nuit, sous la forme d’un dortoir, aux personnes itinérantes du centre-ville.
Tout au long de l’hiver, plusieurs citoyens dérangés par la présence de la Halte-douceur sur la rue Royale sont venus exprimer leurs doléances aux élus du conseil municipal lors des séances publiques. Ces résidents du secteur ont souligné des difficultés à dormir en raison du bruit nocturne, des enjeux de gestions de déchets et le fait qu’ils se sentaient moins en sécurité, réclamant un meilleur encadrement de la Halte-douceur.
Une assemblée de consultation devancée
Le conseiller du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier, a émis le souhait que les résidents du secteur puissent être consultés en marge du processus. La proposition a mené au devancement de l’assemblée de consultation publique, qui se serait normalement tenue le même soir que le dépôt de la résolution pour approbation.
L’assemblée publique sur le sujet est prévue le mardi 13 août à 18 h à l’hôtel de ville. Ce sera l’occasion pour les citoyens de s’exprimer sur le changement réglementaire qui sera, par la suite, déposé pour approbation le mardi suivant, le 20 août.
« La Halte-douceur est un projet important pour les personnes itinérantes, mais il faut inclure les résidents à proximité aussi. Pour moi, le courage politique, c’est d’aller à la rencontre des gens et d’assumer le rôle de décideur, commente M. Carpentier. Un plan de match visant à atténuer les impacts sur le voisinage pourra être présenté Je préfère donner mon vote ce soir et faire tout en mon pouvoir pour que ça fonctionne, surtout que je pense que ça aurait été approuvé de toute façon. »
« Maintenant, on va faire de l’accompagnement. On a en place un comité itinérance formé de plusieurs gens du milieu. Ce sera de voir comment on fait pour avancer là-dedans. Je souhaite que ces rencontres ne soient pas politiques. Je ne m’attends pas à ce qu’on ait 100% d’adhésion envers la Halte-douceur Pour ma part, je ne veux pas de cas d’hypothermie sur la conscience l’hiver prochain », conclut M. Lamarche.