Un troisième directeur général adjoint s’ajoute à la Ville de Trois-Rivières

Le conseil municipal a entériné le nouvel organigramme de la Direction générale de la Ville de Trois-Rivières qui vise à positionner Trois-Rivières pour faire face aux défis des prochaines années. Il en découle la nomination d’un troisième directeur général adjoint (DGA), ainsi que la création d’un Bureau des relations gouvernementales et projets stratégiques.

En vertu de ce nouvel organigramme, Annie Pagé, qui occupait le poste de directrice générale adjointe – Proximité, hérite de la direction générale adjointe – Services corporatifs qui regroupe les directions de l’évaluation, du greffe, des ressources humaines, des services juridiques et des technologies de l’information.

C’est Éric Angers qui prendra le flambeau à titre de directeur général adjoint- Proximité. Celui qui était directeur de la gestion des eaux et des immeubles aura sous sa charge les directions de la culture, des loisirs et de la vie communautaire, de la gestion des eaux et des immeubles, des travaux publics et du bureau du service client 311.

Le nouveau directeur général adjoint – Planification et développement, Sébastien Roy, entré en poste le 7 septembre, complète l’équipe des DGA. Ce dernier se voit aussi confier le développement économique et la création d’un chantier pour s’attarder aux nouvelles sources de revenus et à l’écofiscalité.

La réorganisation prévoit également la création d’un Bureau des relations gouvernementales et projets stratégiques. Ces changements visent à renforcer la capacité d’analyse et le positionnement stratégique de la Direction générale pour mieux planifier les services et les investissements de la Ville en fonction des besoins actuels et futurs de la population.

« Cette personne aura une trentaine de responsabilités. Elle agira en amont pour faire des analyses, me soumettre des expertises, préparer des notes, faire un lien avec nos alter ego dans d’autres villes, préparer des rencontres avec les sous-ministres et les partenaires et va me représenter pour les commissions parlementaires que je n’ai pas le temps de faire, détaille le directeur général de la Ville de Trois-Rivières, François Vaillancourt. Ça me permettra de pleinement assumer le rôle pour lequel je suis payé et avoir une pensée stratégique pour traduire les orientations politiques en orientations stratégiques, puis dans l’opérationnel. »

Se projeter dans les 10 prochaines années

M. Vaillancourt justifie notamment la nécessité de cette réorganisation de la Direction générale par la grande effervescence économique que connaît présentement Trois-Rivières, une croissance démographique exponentielle, la hausse du PIB et tous les enjeux sociaux avec lesquels les villes doivent composer, dont la crise de l’habitation, l’itinérance et les enjeux de santé mentale.

« D’ici deux ans, on aura sans doute dépassé les 250 000 résidents. La croissance de la richesse foncière uniformisée est la plus importante des grandes villes et on a un passif au niveau de nos infrastructures souterraines pour nous permettre de maintenir la cadence du développement pour atténuer les impacts de la crise de l’habitation, explique-t-il. Si on veut remonter à un taux d’inoccupation de 3,5%, il faut construire minimalement 2500 portes par année. »

« Les champs de compétence des villes se sont aussi accrus, poursuit-il. Le gouvernement nous en transfère plus sans les ressources humaines, financières et matérielles qui viennent avec. Ça fait en sorte que maintenant, les villes ont des enjeux transversaux et similaires. On se parle beaucoup plus tous ensemble. En ce moment, à la Direction générale, notre structure n’était pas adaptée à la réalité économique, opérationnelle, démographie et sociale de Trois-Rivières. Je dois pouvoir projeter la Ville dans les 10 prochaines années pour amener des réflexions sur des enjeux macroscopiques. »

M. Vaillancourt soutient que sans ces changements, la Ville aurait été en mode rattrapage. « On ne pourra pas gérer cette croissance et la bonification de nos infrastructures sans ça. Si on ne le fait pas, on frappe un mur. »

« On a été surpris »

Alors que les négociations entre l’employeur et les cols blancs de la Ville en sont au stade de la médiation, la convention collective étant échue depuis janvier 2023, le syndicat se questionne sur le moment choisi pour ces nominations.

Patricia Larouche, présidente du syndicat des fonctionnaires de la Ville de Trois-Rivières. (Photo Marie-Eve Alarie)

« On a été surpris en partie. On n’est pas contre le changement. C’est normal que ça évolue et que l’employeur veuille changer les façons de faire si c’est pour améliorer le service pour le citoyen. Pour ça, on n’a pas de problème. Mais on a été surpris parce que généralement, quand il y a de grands changements d’organigramme dans les différentes directions, le syndicat, souligne Patricia Larouche, présidente du syndicat des fonctionnaires de la Ville de Trois-Rivières. Là, on ne l’a pas su à l’avance. Je ne l’ai su que ce matin. »

Mais l’annonce n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde alors que les deux parties ne s’entendent pas sur les aspects monétaires de la prochaine convention.

« Le directeur général est allé dire que malgré qu’on soit parmi les grandes villes du Québec, on a encore la masse salariale la moins chère, mentionne-t-elle. Ça a moins bien passé auprès des membres du syndicat. J’ai reçu plusieurs commentaires en ce sens durant la journée. On remarque aussi beaucoup de promotions au sein des cadres supérieurs depuis quelques mois. J’ai pris beaucoup de notes ce soir. »

Pour sa part, le directeur général de la Ville affirme qu' »on maintient le cap selon le besoin. On ne vient pas occulter les négociations. Ce sont deux enjeux différents ».

Ces changements à l’organigramme seraient à coût nul jusqu’à la fin de l’année 2024, les salaires étant déjà comptabilisés dans la masse salariale. Pour la suite, cela fera partie des présentations prébudgétaires en novembre.

Un débalancement appréhendé

Le conseiller municipal du district de Pointe-du-Lac, François Bélisle, craint cependant que cette restructuration contribue à « une perte d’influence des élus sur la ville ». « Je le déplore depuis quelques années. Lors des prochaines plénières, on aura sept membres de l’administration pour 15 élus autour de la table. Je crains que ça entraîne un débalancement et que ça enlève encore plus l’impact des élus sur leur ville », dit-il.

Même son de cloche chez son confrère du district des Estacades, Pierre-Luc Fortin, qui s’inquiète que ces changements ne se traduisent, au final, en hausse de taxes ou en baisse de services pour les citoyens.

Une demande de repousser l’adoption de cette restructuration de l’organigramme à la Direction générale afin d’en discuter plus en profondeur a été proposée par la conseillère Pascale Albernhe-Lahaie, mais une majorité de conseillers s’y est opposée.