Spectacle « Les Veuves parallèles »: l’univers de Claudine Rivest prend vie

Le spectacle Les Veuves parallèles de la marionnettiste trifluvienne Claudine Rivest inaugurera la nouvelle Fabrique de théâtre insolite des Sages Fous, dans l’ancienne église St. James, les 21, 22 et 23 mars à 20h.

Les Veuves parallèles dresse un portrait de famille onirique où se côtoient le terrifiant et le banal. À travers l’histoire d’Amanda, restée muette pendant les 18 dernières années de sa vie, cette œuvre s’interroge sur la transmission de la mémoire entre femmes de différentes générations.

Claudine Rivest s’est inspirée de son arrière-grand-mère qui avait arrêté de parler durant les 20 dernières années de sa vie.

« On me racontait des histoires sur elle. Elle ne parlait plus, mais elle vivait avec la famille dans la cuisine. Cette histoire m’a marquée. J’en avais fait un projet de vêtements marionnettiques à l’université. J’ai continué à entendre d’autres histoires de famille qui venaient nourrir mon imaginaire. Ça a fait naître en moi des images que j’ai laissé macérer pendant plusieurs années. En 2020, j’ai entrepris de créer une longue forme sur cette thématique », raconte la marionnettiste trifluvienne.

Voguant entre le réel et l’imaginaire, la table de la salle à manger devient le théâtre par lequel le passé refait surface. Au rythme des mélodies interprétées en direct par le violoniste Isaac Beaudet-Lefebvre, des fragments de vie chargés de secrets s’enchaînent et se superposent aux gestes du quotidien.

(Photo Sylvie-Ann Paré)

Un scénario qui se révèle

Contrairement à un spectacle de théâtre plus traditionnel où le travail se fait autour d’un scénario, Les Veuves parallèles s’est écrit à partir de la matière, des marionnettes, au fil de leur manipulation.

« Dans ce type d’écriture, on fonctionne beaucoup par essais et erreurs, précise Sophie Deslauriers, qui a œuvré à la mise en scène du spectacle et aidé à la conception des marionnettes. Quand on essaie quelque chose, on essaie de manipuler les marionnettes pour faire vivre une image sur scène. Il faut penser aux façons dont ça peut refléter ce qu’on veut raconter. On essaie de monter une dramaturgie sur ces éléments. Même s’il n’y a pas de trame narrative linéaire, il y a un sens à ce qu’on raconte. »

« Le scénario se révèle, complète Claudine Rivest. On travaille à partir de l’image et de la musique. Pour ce spectacle, une partie de l’écriture se faisait dans le travail du son, puisque la musique participe à la dramaturgie. »

Les Sages Fous ont coproduit le spectacle Les Veuves parallèles, qui a été présenté pour la première fois au Festival international de Casteliers à Montréal. « On a fait plein d’étapes de travail ici, note Claudine Rivest. Le spectacle en chantier a même été présenté ici avant la métamorphose de l’église en Fabrique de théâtre insolite. Il y a donc un public qui a vu une étape de travail lorsque le spectacle était encore en chantier. »

Le pouvoir d’émerveillement des marionnettes

La marionnettiste a plongé dans l’univers du théâtre de marionnettes après avoir été émue par des spectacles de marionnette dans sa vingtaine.

« Je viens plus du monde des arts plastiques que du théâtre, confie-t-elle, mais j’avais besoin que l’art rentre dans le mouvement. Je connaissais l’art de la marionnette dans mon enfance, mais dans ma vingtaine, j’ai vécu une expérience où j’ai vu à quel point un petit objet comme la marionnette arrive à concentrer toute l’énergie d’un groupe. C’est fascinant ce pouvoir que peut avoir un objet inanimé. Ça me permet de bricoler, faire de la scène, écrire. Tout ça m’a fait tomber en amour avec le milieu de la marionnette. »

« Quand tu vas voir un spectacle de marionnette, tu retombes en enfance. tu te laisses prendre au jeu. C’est quelque chose de fort. Je pense que la marionnette amène une dimension autre et ça nous permet d’atteindre un autre niveau de notre humanité. Ça permet aussi de parler de sujets tabous ou de sujets qui nous dépassent un peu », fait remarquer Sophie Deslauriers. 

« Je dirais que ça touche à notre pouvoir d’émerveillement, enchaîne Claudine Rivest. C’est d’accepter qu’un objet inanimé prenne vie le temps d’un spectacle. On peut en quelque sorte se projeter en eux. Ils vivent par notre imaginaire. »

Après son passage à Trois-Rivières, le spectacle Les Veuves parallèles voyagera en Islande en juin. Des représentations du côté de Kelowna sont aussi dans les plans.

Les billets pour assister aux représentations de Trois-Rivières à la Fabrique de théâtre insolite sont en vente en ligne sur sagesfous.tuxedobillet.com