Simon Kean clôt le dernier chapitre d’une belle histoire

Simon Kean a pris la décision de mettre un terme à sa carrière de boxeur, ce lundi, à l’aube de ses 35 ans. Le boxeur de renom dresse donc le trait final à une carrière de 70 combats amateurs, 25 combats professionnels – dont 23 victoires – et une participation aux Jeux olympiques de Londres en 2012.

Le Trifluvien s’est dirigé vers la boxe afin d’implémenter structure et discipline dans une vie jusqu’alors turbulente, notamment chamboulée par le décès de son père. Bien épaulé par sa mère et son grand-père, entre autres, il s’est lancé dans une grande aventure qui l’a amené à voyager aux quatre coins du globe afin de livrer des performances qui l’ont rendu fier, mais qui surtout, l’ont fait grandir en tant qu’athlète et en tant qu’homme. 

« J’ai perdu mon père à 17 ans et mon grand-père ma pris sous son aile. Ma mère a fait tout ce qu’elle pouvait pour nous et mon grand-père m’a repris lorsque personne ne m’endurait. C’est aussi grâce à lui que je me suis rendu là et je lui en dois une, c’est certain », lance-t-il d’entrée de jeu.

Kean s’est investi corps et âme dans la boxe, qui se voulait un exutoire en premier lieu, mais aussi une manière concrète de réaliser son plein potentiel sportif. En 2007, son premier grand succès fut celui de décrocher le titre champion chez les juniors. En 2009, il montre sur la troisième marche du podium aux Championnats nationaux seniors, desquels il sera sacré champion en 2011 et 2014. Son cheminement sur la scène nationale, en tant que membre de l’équipe canadienne, sera ponctué par sa participation aux qualifications olympiques, ainsi que l’obtention de son laissez-passer pour les Jeux olympiques de Londres en 2012. Une fois rendu, il battra le français Tony Yoka (champion des Jeux olympiques de 2016), avant de s’incliner face au géant kazakh Ivan Dychko, mettant ainsi un terme à son parcours olympique.

« C’est ma plus grande fierté, cette victoire aux Jeux olympiques, lance-t-il sans hésiter. Je n’ai jamais battu personne chez les pros qui étaient aussi bons que Tony Yoka. Je venais de me faire opérer à une épaule alors je n’avais qu’une main pour me battre. Il n’y a pas grand monde qui me voyait remporter une victoire aux Jeux olympiques. Le simple fait de me qualifier était un exploit. Je perdais en début de combat et j’ai dû me parler pour me relever. C’est la première fois que je me retrouvais à la télévision et c’est ce qui m’a mis sur la map. Encore aujourd’hui, on parle de l’Olympien Simon Kean alors ça m’a suivi. »

En 2015, celui qu’on surnomme le Grizzly fait le grand saut chez les professionnels. Doté d’une puissance brute, il signera 15 victoires consécutives par K.-O., dont la 15e, face à Adam Braidwood, qui a marqué l’imaginaire des amateurs de boxe en Mauricie. Devant une foule scandant le nom de Kean, ce dernier livre une brillante performance face l’ex-footballeur devenu boxeur, « The Boogeyman ». Quatre mois plus tard, l’histoire est tout autre alors qu’il subira cette fois un premier revers en carrière face au cogneur Dillon Carmen. Le Trifluvien a ensuite remis les pendules à l’heure lors du combat revanche entre les deux pugilistes, alors qu’il est venu surprendre Carmen en lui faisant visiter le plancher au troisième assaut.

« J’ai toujours eu la chienne dans le ring. C’est tough la boxe! Même à l’entraînement, lorsque je mettais les gants, j’avais la chienne! C’est normal, et peu de gens le disent. Le courage, c’est de se relever les manches et faire face à ses peurs, et les surmonter. Autant dans ma carrière sportive que professionnelle, ça va être le même principe. Dans le ring, j’avais peur. Une fois que quelques coups sont lancés, la peur s’en va et la glace est cassée », confie-t-il.

« Les journées de combat étaient longues aussi. Tu as les mains moites, tu ne sais pas trop pourquoi et c’est long. Ça semble éternel et ça, ça ne me manquera pas!  Peu importe l’adversaire, tu ne sais pas comment ça va se passer et le stress est là. La seule fois que je n’ai pas eu peur et que je n’avais pas ce stress-là, j’ai perdu contre Dillon Carmen! »

Se faisant remarquer à chaque fois, le Québécois grimpera dans les classements et se verra offrir de combattre pour certains titres, dont l’IBO Inter-Continental, le NABF des poids lourds, ainsi que les ceintures WBC Francophone, Silver, et International. Toutes ses performances l’auront préparé à disputer des combats d’envergure et croiser le fer avec des athlètes tout aussi puissants et talentueux, le conduisant à ce qui sera son dernier combat face à l’ex-champion WBO et aspirant IBF, IBO et WBA, Joseph Parker. Sur la plus grande carte de boxe de l’histoire de la division reine, à Riyad, en Arabie Saoudite, ce fut un revers pour le Trifluvien alors que Parker a su imposer sa loi. Maintenant, l’heure de la retraite aura donc sonné pour Simon, avec une fiche de 23 gains contre 2 échecs. Sa force de frappe était indéniable, comme en font foi ses 22 victoires par K.-O.

« C’est sûr qu’à 35 ans, j’y pensais. La pandémie a fait mal parce que nous (les poids lourds), on est bon de 30 à 35 ans. C’est la période où on est le plus performant et ça m’a ralenti. J’ai décidé d’y aller pour un combat d’envergure et malheureusement, j’ai subi la défaite. Ça m’a fait un peu débouler dans les classements et je n’avais plus rien à gagner, vraiment. Je suis quand même triste d’accrocher les gants, mais on était rendu là », concède-t-il.

« Je suis excité par mon nouveau défi d’entrepreneur en construction. Je pense que la discipline que j’ai acquise va me suivre. Je vais la transposer dans mes compagnies et on va avoir du succès », conclut-il.