Récupération d’appareils électroniques: les besoins sont grands

Uni-Recycle a tenu à Trois-Rivières en novembre un projet pilote de collecte à domicile d’appareils électroniques, une première au Canada. La demande est telle qu’on songe à le rendre non seulement permanent, mais aussi accessible aux citoyens d’autres municipalités de la région.

Lancé à la fin octobre dans le cadre de la Semaine québécoise de réduction des déchets, le projet pilote poursuivait l’objectif d’augmenter le taux de récupération de ces appareils qui se situerait à moins de 25 % au Québec alors que près d’une personne sur deux possède de vieux produits dont elle souhaite se débarrasser, selon l’Association pour le recyclage d’appareils électroniques.

La présence de points de collecte s’avère être un incitatif insuffisant pour donner envie aux citoyens de se déplacer pour recycler leurs électroniques, d’où l’idée de cette collecte à domicile.

« Non seulement c’est concluant, mais on réalise qu’il y a un besoin, constate le président-directeur général d’Uni-Recycle, Philippe Gignac. On a eu à peu près 250 demandes qui sont rentrées. On ne s’attendait pas à en avoir autant. Je pense que ça fait la preuve qu’il y a un besoin d’avoir un service à domicile pour ce genre de produits-là. »

C’est souvent faute de moyens que les gens ne se départissent pas de vieux appareils qu’ils possèdent: ils n’ont pas de véhicule ou ils sont seuls pour transporter des appareils trop lourds.

« C’est ça qui est énormément ressorti. Des objets qui sont relativement lourds, mais des fois non. Parfois aussi, ce sont des gens aussi qui avaient peur d’envoyer ça dans des endroits publics. Ils faisaient plus confiance à une entreprise comme Uni-Recycle pour gérer le tout. »

L’entreprise trifluvienne assure en effet la sécurité des données des appareils qu’elle récupère. Habituée à traiter les appareils contenant  des données dans le cadre de son service de collecte aux entreprises, Uni-Recycle fournit un certificat de recyclage et de destruction de données à ses clients.

Les citoyens ont profité du projet pilote pour faire recycler une panoplie d’appareils différents.

« Il y a des gens qui ont des choses à la maison qu’on ne pourrait même pas imaginer tellement c’est vieux: des grosses télés cathodiques qui datent d’une quinzaine d’années, on en a reçu beaucoup, des écrans plats aussi, des ordinateurs portables, des tours, des cellulaires. Étrangement, des gens continuent de mettre des petites choses aux poubelles, puis pour le reste, quand c’est plus gros, on va nous appeler. Il y a une sensibilisation à faire auprès des citoyens parce qu’il ne faudrait pas pouvoir mettre ça dans le bac de poubelle. Il faut vraiment que les gens changent cette habitude-là pour faire en sorte qu’on s’améliore réellement, pas juste avec les encombrants. »

Rendre ces collectes permanentes

Le projet pilote a voulu démontrer le besoin actuel tout en évaluant les défis qu’entraînent pour l’entreprise une collecte directement à la résidence des citoyens.

« On veut faire ça pour toujours à Trois-Rivières. On voulait faire un projet et s’améliorer pour revenir avec une option encore plus facile pour les Trifluviens. Puis il y a eu énormément de gens d’autres villes qui nous ont approchés. On souhaiterait que pour 2025, on rende ça permanent, pour Trois-Rivières du moins. Le principal enjeu, c’est la manière de rejoindre les gens. On voulait appeler les personnes avant de se présenter sur place mais on réalise que les gens répondent très peu au téléphone. On va probablement se présenter sur place, s’il y a quelqu’un, tant mieux, sinon on va reporter. Ce sont des observations qu’on a eues de notre côté. »

Avant de pouvoir rendre le service de collecte à domicile permanent, la règlementation actuelle devra être modifiée.

« Tout va dépendre de nos discussions avec les instances gouvernementales. Ce n’est pas quelque chose qui est prévu au programme actuellement. On veut stimuler ce mouvement-là pour faire en sorte que les produits électroniques soient recyclés. Au Québec, des programmes officiels régissent tout ce qu’on peut faire avec les produits électroniques. On aimerait faire changer la règlementation pour pouvoir permettre aux Québécois d’avoir plus de services. »

Le modèle d’affaires

S’inscrivant dans une vision d’économie circulaire, Uni-Recycle ne facture pas ses clients pour la récupération du matériel ni même pour la destruction des données garantie par un certificat. Son modèle d’affaires est basé sur la réutilisation maximale des appareils et des pièces récupérées.

« On dit recyclage, mais en fait, c’est beaucoup plus du réemploi de produits informatiques. On se spécialise là-dedans. Pour le projet pilote on a un taux de réemploi d’à peu près 54 %. On est plus bas, vu que c’étaient des vieilles choses, mais dans tous les cas, la majorité, je dirais 95 à 96 % des matières qui entrent chez Uni-Recycle vont être soit réutilisées ou recyclées à part entière. »

De plus, les collectes se font uniquement avec des véhicules électriques.

« On a plus de 6500 clients partout au Québec, des entreprises. C’est clair que tout le monde n’a pas les mêmes choux gras et tout le monde n’a pas le désir de recycler les mêmes choses. Le déchet de l’un peut faire le bonheur de l’autre. Donc, on trouve notre compte. »

Par ailleurs, Uni-Recycle prêche par l’exemple depuis les débuts de l’entreprise en 2016.

« On est très engagé au niveau de l’environnement. Tous nos équipements informatiques sont 100 % recyclés. Notre premier bureau était constitué uniquement de matière recyclée et pour les locaux, on n’a pas eu à réaménager quoi que ce soit. On est en train de regarder potentiellement pour un bâtiment éventuel qui va être certifié LEED, certifié écoresponsable comme bâtiment durable. »