Plaidoyer pour le jeu dans la rue
Mise sur pied après la tenue de marches exploratoires sur la sécurité et la mobilité dans le district des Rivières, la Table de concertation citoyenne sur la sécurité travaille sur trois actions prioritaires depuis quelques mois: le développement d’un plan de déplacement scolaire en 2025, l’organisation d’un événement autour des arts dans la rue et faire en sorte que les enfants puissent jouer dans la rue.
À l’heure actuelle, le règlement municipal, à l’instar de nombreuses autres villes et municipalités au Québec, fait en sorte qu’il est interdit d’entraver la voie publique.
« Ça fait en sorte que, techniquement, les enfants n’ont pas le droit de jouer dans la rue ou de laisser leur panier de basketball sur le bord de la rue. Le projet Dans ma rue, on joue, qui a été initié par Beloeil, c’est une façon d’encadrer le jeu dans la rue par règlement. Il y a tout un processus réglementaire et une démarche citoyenne reliés à ça. Par exemple, les citoyens doivent faire signer une lettre d’entente à tous les résidents de la rue et ça prend un certain pourcentage de personnes qui acceptent que la rue soit transformée en rue où l’on peut jouer », explique Pascale Albernhe-Lahaie, conseillère municipale du district des Rivières.
La conseillère municipale avait présenté l’initiative lors d’une réunion du Comité Assurer la sécurité des milieux en novembre 2023. Au terme des discussions sur le sujet, le comité a recommandé de mandater les fonctionnaires pour analyser la possibilité d’autoriser le jeu libre dans les rues locales. Mme Albernhe-Lahaie souhaite également que certaines rues soient identifiées comme des zones de jeu libre afin de dynamiser les quartiers où résident de nombreuses jeunes familles.
« On souhaite que nos enfants puissent jouer dans la rue sans qu’on soit continuellement stressé, à craindre pour leur sécurité et à être inquiet », ajoute-t-elle.
Le comité citoyen est déjà en action. Ça a commencé par la création du groupe Facebook Jouer dans la rue – District des Rivières qui vise à encourager la pratique des sports et, ultimement, à sensibiliser les conducteurs à la présence des enfants dans la rue.
« Par exemple, une personne du district peut annoncer, qu’à 18h, un match de hockey est prévu chez elle et inviter des gens sur quartier à les rejoindre. L’idée est aussi de rassembler les gens et de partager l’équipement sportif. Ça permet d’échanger entre voisins, d’apprendre à les connaître », souligne Gabrielle Kirouac-Bernier, membre du comité et citoyen et administratrice du groupe Facebook.
« Dans le comité, on a tous connu ça, plus jeunes, de pouvoir jouer dans les rues dans les années 80-90. On sortait les buts de hockey, on les tassait quand une voiture approchait, poursuit-elle. Pour bien des gens, ce n’est pas accessible financièrement de jouer au hockey dans une équipe. Ça peut être le fun de savoir que des voisins y jouent pas trop loin. »
L’initiative a déjà des retombées dans le quartier, constate le comité.
« On a des voisins qui ont adhéré au groupe. Ça fait des années qu’un voisin a son panier de basketball dans sa cour arrière. Il l’a mis dans la rue et a écrit sur la groupe qu’il est là pour être partagé et que les gens pouvaient venir y jouer », raconte Andréanne Dubois, membre de la Table de concertation citoyenne sur la sécurité.
« Toujours dans l’esprit de l’accessibilité, on a un nouveau voisin qui arrive d’Haïti qui s’est installé près de chez nous et qui a un garçon du même âge que mon fils. Il aimerait que son fils puisse jouer au soccer, mais ce n’est pas possible pour lui actuellement, ajoute-t-elle. J’ai suggéré qu’on prenne un ballon, qu’on réunisse quelques voisins et d’aller jouer ensemble, tout simplement. Cette page Facebook permet de pouvoir créer ce genre de réseau pour organiser des matchs spontanés. »
Les membres du comité remarquent deux discours jusqu’à présent. Le premier se veut assez ouvert sur le fait de laisser les enfants jouer dans les petites rues. « L’autre discours qu’on entend, c’est que les rues, ce n’est pas fait pour jouer, qu’il y a des parcs pour ça. Au comité, on pense qu’il peut y avoir une cohabitation et un partage de la rue. Ce n’est pas le même type de jeu que dans un parc. Ce n’est pas évident de jouer au hockey dans le gazon dans un parc », mentionne la conseillère municipale.
Cette dernière voit d’ailleurs d’un bon œil la diminution des limites de vitesse à 30 km/h dans les rues résidentielles de la ville et fait remarquer que cela permettra d’améliorer le sentiment de sécurité et de favoriser un meilleur partage des rues. L’idée derrière l’initiative est aussi de sensibiliser les conducteurs dans le district à la présence des enfants dans la rue, qu’ils soient à pied, à vélo ou sur le bord de la rue avec son panier de basketball.