Mois de l’histoire des Noirs en Mauricie : célébrer l’excellence des personnes noires
Le Mois de l’histoire des noirs se déploie jusqu’au 29 février sous la thématique L’excellence des personnes noires: un patrimoine à célébrer, un avenir à construire. Ce thème représente la résilience et la richesse de la culture afro-descendante, tout en soulignant l’importance de construire un avenir à la fois inclusif et équitable.
« Pour moi, ça représente aussi la capacité d’adaptation des personnes noires, mais aussi le dépassement de l’esprit, soit cette force de pardonner, et les capacités intellectuelles des noirs. Les personnes noires ont toujours participé à la construction de l’Amérique du Nord, souligne Khadiarta Cissé, étudiante à la maîtrise en Communication sociale et co-porte-parole du Mois de l’histoire des noirs en Mauricie. Je ne m’imagine pas non plus un monde sans le pardon des Noirs, mais ça ne veut pas dire qu’on oublie. L’esclavage, ça fait aussi partie de notre histoire. (…) Le devoir d’histoire qui doit être fait pour les Autochtones devrait également être fait pour les Noirs partout, car l’esclavage, c’était mondial. »
Pour Marie Cecile Sauther, co-porte-parole, l’excellence des personnes noires, c’est être capable de voir les petites choses positives qui arrivent, mais ça réfère également à la mémoire. « Beaucoup d’afrodescendants se sont impliqués dans la construction de nos Québec. Il faut que nos enfants sachent qui ils sont. L’excellence, c’est quelque chose qui nous appartient comme peuple tiré d’Afrique par la traite des Noirs. Ils n’ont pas eu le choix de performer pour qu’on en arrive là. Et dans le contexte dans lequel j’ai été élevée, l’excellence, c’est ce que les parents visaient pour tous leurs enfants. »
Il reste encore de nombreuses luttes, mais les choses évoluent, assurent-elles, et pour l’avenir, cela passera particulièrement par les jeunes qui prennent la parole sur enjeux de la communauté noire.
« Il faut que quelqu’un porte la voix pour la cause noire et la vie sociale. Nous, les jeunes, devons porter la voix pour montrer aux jeunes noirs comme nous qu’il n’y a pas lieu de se complexer. Il faut avancer par rapport à nos projets. Il ne faut pas croire que l’excellence est pour les autres. Nous aussi on a la capacité d’être excellents », lance Khadiarta Cissé.
Marie Cécile Sauther. (Photo Marie-Eve Alarie)
« L’enjeu, c’est l’égalité »
Khadiarta Cissé et Marie Cecile Sauther sont toutes deux passées par le processus de l’immigration. Originaire du Sénégal, Khadiarta est arrivée à Trois-Rivières en septembre 2022 pour ses études. Pour sa part, Marie Cecile est partie d’Haïti il y a 47 ans. À son arrivée, elle s’est installée à Sherbrooke où elle a fait ses études en sciences infirmières.
« Le Regroupement des Amazones d’Afrique et du Monde, c’est un organisme que j’aurais aimé avoir quand je suis arrivée au Québec, confie Marie Cecile Sauther. J’ai eu la chance d’avoir des gens à Sherbrooke, à mon arrivée, qui m’ont pris en charge et qui m’ont parlé d’histoire, de ce qu’est la démocratie, etc. »
Quand elle entend des politiciens dire qu’il faut réduire l’immigration au pays, elle espère voir le discours changer.
« Il y a des contradictions, surtout avec toute la main-d’oeuvre qu’il manque, note-t-elle. Je suis fière de ce que je suis, de ma peau. Mais quelquefois, je voudrais qu’on passe inaperçu. C’est un vœu pieux. L’enjeu, c’est l’égalité. Je ne veux pas être considérée comme une personne de seconde zone. Oui, je viens d’ailleurs, mais je suis engagée, impliquée et je travaille pour que le pays se développe. Je veux que mes droits soient évalués et soient respectés en tant que femme, surtout en tant que personne noire. »
Cette dernière s’implique depuis longtemps au sein de plusieurs organismes. Elle a créé le Regroupement des Haïtiens de la Mauricie pour favoriser l’intégration des Haïtiens dans la région lors de son arrivée en Mauricie.
Elle s’est aussi impliquée dans le Comité d’accueil des néo-Canadiens, qui est devenu le SANA, et continue de demeurer active au sein du Comité de solidarité/Trois-Rivières. « J’ai beaucoup reçu et en travaillant dans le soutien à domicile, j’ai pu rencontrer des gens qui m’ont toujours bien accueillie. M’impliquer, ça m’a permis de redonner. »
« Je pense qu’il faut toujours revendiquer le droit à l’égalité, que ce soit pour les femmes ou pour les minorités. C’est là-dessus qu’il faut résister. Il ne faut pas lâcher. Et il faut s’impliquer », conclut-elle.
Plusieurs activités jusqu’à la fin du mois
Le Mois de l’histoire des noirs est célébré à travers la région en février à travers des spectacles, des conférences et des ateliers. Plusieurs organismes emboîtent le pas au Regroupement des Amazones d’Afrique et du Monde, dont les SANA de Trois-Rivières, Shawinigan et Louiseville, Développement Mauricie, Stratégie Carrière, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et le Cégep.
- 15 février, midi: projection du documentaire Un film avec toi sur l’ancienne Gouverneure générale Michaëlle Jean au local 1200 du pavillon Albert-Tessier de l’UQTR
- 17 février, 10h30: activité familiale d’initiation à la danse d’expression africaine à la bibliothèque Bruno-Sigmen de Shawinigan. Réservation: 819 537-4989 (gratuit pour les abonnés de la bibliothèque)
- 22 février, midi: conférence d’Elvire Toffa sur l’intégration et l’inclusion en Mauricie à l’Atrium de l’UQTR
- 24 février, 18h: clôture des activités au restaurant La Belle Haïtienne à Trois-Rivières
La programmation complète se retrouve sur la page Facebook du Mois de l’histoire des noir.e.s de la Mauricie.