Michel Fugain et sa Bandapart en supplémentaire à Trois-Rivières

C’est sur la scène de la salle J.-Antonio-Thompson que Michel Fugain a célébré ses 81 ans le 12 mai dernier dans une soirée qu’il qualifie d’inoubliable. Il revient au Québec pour présenter des supplémentaires du spectacle « Michel Fugain fait Bandapart ». La série de représentations débute à Trois-Rivières le 13 février.

Attention mesdames et messieurs, La fête, Une belle histoire, Fais comme l’oiseau et autres succès du Big Bazar occupent toute la première partie du spectacle « Michel Fugain fait Bandapart ».

Sa « bande à part », ce sont les cinq musiciens qui l’accompagnent sur scène, un groupe dont fait partie sa compagne des vingt dernières années.

« Ma bande à part? Ce sont des frères. Ce sont de très bons musiciens et tout le monde chante. On est un vrai groupe et on a même une chanteuse, ma femme Sanda. Tout ça est pétri de choses bonnes. Je ne veux pas dire du bonheur parce que c’est un mot qui s’est vidé de son sens. Mais c’est du plaisir. C’est hédoniste, plutôt. C’est de la joie. »

Le chanteur entretient une relation privilégiée avec les Québécois pour qui il vient chanter depuis longtemps.

« J’ai mis les pieds pour la première fois au Québec en 1969. J’ai des images qui sont tellement inoubliables. On est restés à la Place des Arts pendant 21 soirs. La première fois qu’on est passés, il y a eu de la neige à Montréal. Il est tombé un mètre durant la nuit et la journée. Je pensais que c’était gâché, que personne n’allait venir. C’était mal connaître les Québécois. »

Il a eu l’occasion de tisser des liens uniques avec des artistes de chez nous.

« J’ai une grosse histoire avec plein d’amis. Le Québec intervient puissamment dans ma création. Robert Charlebois est le déclencheur d’un certain nombre de trucs, mais en tout cas de « Les Acadiens ». J’ai entendu pour la première fois la musique cajun chez Robert et sur scène, je raconte les circonstances. »

Un nouveau spectacle à venir

Michel Fugain continue toujours de composer des chansons. Il en interprétera quelques-unes lors de la supplémentaire du 13 février.

« Il y en a trois. Elles étaient déjà là à Trois-Rivières quand j’ai fêté mes 81 ans. Je présente exactement le même programme que j’ai présenté parce que j’ai nettement l’intention de venir avec le prochain spectacle qu’on va mettre sur pied à la fin du printemps. On va préparer la façon de mettre sept ou huit nouvelles chansons dans ce spectacle. Le métier ayant changé, on ne travaille plus pour faire des disques. »

Comme il veut profiter de la vie jusqu’à la dernière seconde, il souhaite chanter le plus longtemps possible.

« Il y a un moment où physiquement, je suppose, parce que pour l’instant je le vois pas venir, même au niveau vocal. Je pense que ma voix n’ayant pas changé, elle s’est même un peu améliorée parce que j’ai appris des trucs en cours de route. »

Il nous confie son désir d’élaborer un spectacle-événement avant de se retirer.

« Le dernier spectacle auquel je participerai, très très sérieusement on s’est demandé si on allait pas le créer au Québec parce que ça va être une sorte de truc un peu fellinien, à la  »8 et demi ». Le mec, il sort tout. Il sort sa vie qui passe. Je vois une troupe, un funambule, plein d’apports. Imaginez: j’ai déposé quelque chose comme 300 chansons à mon éditeur. J’ai de quoi faire. Je peux faire une nuit en musique, avec du sens. Ce qui m’intéresse dans un spectacle c’est le sens. Que les gens comprennent que chaque chanson qui arrive après une autre apporte quelque chose de complémentaire. »

 « J’ai fait le plus beau métier du monde »

Michel Fugain fait partie du paysage artistique depuis plus de 50 ans. Il est toujours aussi passionné par son métier auquel il ne se destinait pas du tout. Fils de médecin, il délaisse des études en médecine pour se diriger vers le monde du cinéma où il a œuvré comme assistant-réalisateur.

Au milieu des années 60, le hasard lui fait côtoyer Michel Sardou au moment où ce dernier s’apprête à passer une audition à la prestigieuse maison de disques Barclay sans avoir véritablement de chansons originales.

« C’est un miracle. On était quatre inséparables. J’avais une guitare que m’avait offerte ma grand-mère. Et on lui a dit:  »On va te les faire, tes chansons ». C’était complètement inconscient, comme si c’était facile. Dès le lendemain matin on s’est mis au boulot et j’ai commencé à faire un truc qui m’a bouleversé: j’ai découvert que je faisais des airs. Et ça n’a qu’empiré. Parce que c’est un virus: quand vous ne le soignez pas, vous arrivez à faire de la chanson pendant 60 ans! »

Une autre rencontre déterminante allait se produire. Il allait travailler avec celui qui deviendra un des paroliers les plus prolifiques et respectés de la francophonie.

« Chez Barclay, une dame m’a demandé si j’avais d’autres chansons que celles que j’avais faites pour Sardou. Et j’avais effectivement des airs qui étaient inoccupés par aucune parole. Elle a écouté et a sauté sur son téléphone pour appeler Pierre Delanoë, le premier auteur que j’ai rencontré dans ma vie. Je lui ai chanté mes petits airs et il m’en a pris deux pour Hugues Aufray, qui vendait des tonnes de disques à l’époque. Six mois après, les droits d’auteur sont tombés et j’ai reçu un chèque. Je me suis dit: « C’est quoi ce métier? On fait ça après le petit-déj’ en fumant une clope, et on gagne ça? » J’ai immédiatement quitté le cinéma. »

Et c’est par un autre concours de circonstances qu’il deviendra chanteur.

« Tout ça est arrivé très progressivement. Apprendre à faire des chansons avec un mec comme Pierre Delanoë, c’est sûr que j’apprenais. Alors que je présente une chanson pour Marie Laforêt, son directeur artistique me propose de faire un disque. Je ne savais pas bien ce que ça voulait dire. Je n’étais pas chanteur. Et j’insiste parfois pour dire que je ne suis toujours pas chanteur. Mais j’ai fait le plus beau métier du monde: faire des chansons, les chanter pour des gens. »