L’histoire du Québec de la bataille des plaines d’Abraham… aux bungalows!
L’historien Laurent Turcot replonge de nouveau dans la petite et grande histoire du Québec avec son nouveau livre L’histoire nous le dira 2 – La Conquête, les bungalows et autres marqueurs de l’identité québécoise.
Dans le premier tome de L’histoire nous le dira, l’historien s’était intéressé à notre gastronomie avec sa poutine, son sirop d’érable et son fameux pâté chinois, le hockey et ses grandes rivalités, l’origine de certaines fêtes comme la -Saint-Jean–Baptiste, la -Saint-Valentin ou encore le -Carnaval de -Québec.
Cette fois-ci, il revient sur les origines du Québec, s’attarde aux lieux de mémoire comme les clubs privés de chasse et pêche et la forêt, ainsi qu’au patrimoine bâti, dont le chemin du Roy, le château Frontenac, les phares et le stade olympique.
« Il y a une chose qui m’a marquée. Quand tu arrives en avion au Québec, tu vois la forêt, les lacs, les chalets… Il y a un rapport viscéral à la nature. D’où viennent les bûcherons? Que faisaient-ils comme travail? Je voulais retourner dans ces origines pour comprendre les origines du Québec, entre autres du point de vue des événements tels que l’arrivée de Champlain ou la bataille des plaines d’Abraham », explique Laurent Turcot, qui est également professeur d’histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
« Il y a des lieux emblématiques comme le château Frontenac, mais on ne sait pas d’où ça vient, poursuit-il. Ce livre vient donner les bases. Je voudrais qu’on soit capable de se souvenir un peu plus de notre histoire et que ça enrichisse nos vies. On est souvent complexé par notre histoire. Quand on va ailleurs, on se dit qu’ils ont beaucoup d’histoire et que la nôtre n’est pas très glorieuse. Au contraire! Quand on creuse et qu’on va plus loin, on réalise que notre histoire est intéressante et ça donne envie d’en savoir plus. Il s’agit de créer ce désir de vouloir en savoir plus. »
L’historien prend le pari d’amener une sensibilité à l’histoire qui peut parfois avoir l’air distante. « Une façon de réduire la distance de 300 ans entre un événement et nous, c’est quand tu plonges dans l’histoire de tous les jours pour voir comment les gens vivaient. Tous les gestes du quotidien ont été marqués par l’histoire. C’est d’avoir une certaine sensibilité face aux pratiques d’autrefois, note-t-il. Par exemple, l’histoire de la forêt est très marquante au Québec, mais c’est aussi l’histoire de la destruction de la forêt, de coupe à blanc. »
Intrigué par l’histoire des référents les plus marquants de l’identité du Québec, Laurent Turcot s’est aussi penché sur les autoroutes et ce qu’elles symbolisent au Québec, de même que le concept de banlieue avec ses bungalows, son barbecue et ses piscines.
« Il suffit de demander aux gens s’ils préfèrent l’autoroute 20 ou la 40 et les débats partent! Par exemple, mon beau-père ne veut rien savoir de prendre la 40. Il est de l’école de la 20. On a beau lui dire qu’il y a moins de circulation sur l’Autoroute 40, que le paysage est plus beau, il ne veut rien savoir: c’est imbriqué en lui. Quand on y pense, c’est assez récent les autoroutes, fait remarquer l’auteur et historien. Le gouvernement fédéral avait donné de l’argent aux provinces pour construire des autoroutes et relier les provinces. Maurice Duplessis ne voulait rien savoir. C’est sous le gouvernement de Jean Lesage qu’on a vu le retard et qu’on a bétonné le Québec avec les autoroutes, l’échangeur Turcot. Les autoroutes font partie de notre paysage culturel. »
« Dans le cas de la banlieue, il y a cette particularité où on n’y retrouve pas de trottoir. Les maisons se ressemblent et l’entrée principale est condamnée pour privilégier une entrée par le carport. C’est intéressant de voir d’où ça vient et pourquoi on a une piscine dans la cour arrière. En avion, quand tu atterris, c’est fou le nombre de piscines qu’on voit. C’est vraiment une culture! Ce sont des choses ordinaires auxquelles on ne pense pas, mais qui portent en elles une mémoire et une valeur forte de notre histoire collective. Ce n’est pas parce qu’on pense qu’il n’y a pas d’histoire que c’est réellement le cas », ajoute-t-il.
Il consacre également un chapitre complet sur trois affaires judiciaires qui ont marqué le Québec, soit l’affaire Roncarelli, l’affaire Chantale Daigle et celle de Nancy B. sur le droit de mourir.
Celui qui a été éclaboussé par des allégations de plagiat par un confrère de l’Université du Québec à Trois-Rivières affirme qu’il « fait plus attention ». « Dès que les problèmes de référencement ont été signalés pour le premier tome, je les ai corrigés. Les éditeurs sont au courant. Tout a été refait. J’ai aussi changé ma méthode de travail pour que ça ne se reproduise pas. Je suis content de présenter ce nouveau livre. C’est le summum de ce que j’ai retiré de cette histoire », conclut Laurent Turcot.
Le livre L’histoire nous le dira 2 est disponible en librairie.