Les œuvres de Marcelle Ferron à l’honneur au Centre d’exposition Raymond-Lasnier
La directrice des arts visuels de Culture Trois-Rivières a les yeux qui brillent: elle rêvait depuis longtemps d’avoir la chance d’exposer des œuvres de Marcelle Ferron. Voilà que c’est chose faite puisque l’exposition Marcelle Ferron: Le geste coloré est bien installée au Centre d’exposition Raymond-Lasnier jusqu’au 9 mars.
L’exposition met en lumière une cinquantaine d’œuvres vibrantes et expressives de l’artiste native de Louiseville qui a été une pionnière de la peinture abstraite au Québec.
On y retrouve des peintures, œuvres sur papier et même des œuvres en verre fusionné de la production artistique de Marcelle Ferron. Cette production dominée par l’importance de la lumière se démarque par ses couleurs riches et la puissance de son geste énergique et franc.
Les couleurs sont vibrantes et plus on prend le temps de regarder une œuvre, plus on en découvre de nouvelles facettes, de nouvelles textures, de nouvelles couleurs qui n’avaient pas marqué le premier regard.
L’exposition retrace des œuvres allant du début de la pratique de Marcelle Ferron dans les années 1940 jusqu’aux plus tardives des années 1980 et 1990.
« Dans l’accrochage des œuvres, c’est essentiellement chronologique, mais ce qui est intéressant, c’est que lorsqu’on mélange les années, on n’est pas capable de déterminer si une œuvre date du début de sa carrière ou de sa production plus tardive. C’est toujours du Marcelle Ferron. Elle a fait des explorations au fil de sa carrière, mais elle a toujours conservé un fil conducteur depuis le début », souligne Marie-Andrée Levasseur, directrice des arts visuels chez Culture Trois-Rivières.
« Marcelle Ferron a été hospitalisée tôt, car elle a eu la tuberculose osseuse, ainsi qu’à certains moments dans sa vie. Il y a donc des moments où elle n’était pas capable de travailler sur chevalet, alors elle travaillait couchée ou assise. Elle s’est fait faire une table pour mettre à côté de son lit et continuer à peindre. C’était des formats à la verticale », précise la directrice des arts visuels de Culture Trois-Rivières. Quelques-uns sont d’ailleurs exposés au Centre d’exposition Raymond-Lasnier.
Si l’exposition propose surtout des grands formats, on y retrouve aussi une mini-oeuvre réalisée sur une toute petite feuille. « Pour elle, le support avait peu d’importance, de sorte que pour ses œuvres sur papier, elle pouvait utiliser l’arrière d’une photo, d’une enveloppe, d’une liste d’épicerie et particulièrement le carton que l’on retrouvait dans les barres de chocolat Caramilk à l’époque, raconte Marie-Andrée Levasseur. Mais même si le format est plus petit, le style de Marcelle Ferron y est reconnaissable. »
Colorer le quotidien
L’accessibilité était importante pour l’artiste de Louiseville. On doit à Marcelle Ferron plusieurs œuvres en verre qui ponctuent le quotidien de nombreux Québécois. On peut penser à la verrière de la station de métro Champ-de-Mars à Montréal, mais aussi à au Centre hospitalier régional de Trois-Rivières, près du coin du boulevard du Carmel.
« Faire des œuvres sur papier était aussi une façon pour elle de rendre son art plus accessible et d’y donner accès à des personnes qui en auraient moins les moyens, explique Marie-Andrée Levasseur. Pour elle, faire des verrières, c’était une autre façon de donner accès à l’art à tous puisqu’elles sont accessibles en tout temps. Elle voulait particulièrement que tout le monde puisse avoir accès au mouvement et au pouvoir des couleurs. D’ailleurs, elle a produit beaucoup de verrières pour des palais de justice et des prisons, pour y amener de la couleur. Le fait de pouvoir, à notre tour, donner accès gratuitement à ses œuvres, c’est significatif. »
Née à Louiseville en 1924, Marcelle Ferron a marqué l’histoire de l’art en étant la première femme à recevoir le Prix Paul-Émile-Borduas, la plus haute distinction en arts visuels au Québec. Cosignataire du manifeste Refus global en 1948 aux côtés de figures emblématiques telles que Paul-Émile Borduas, Jean Paul Riopelle et Marcel Barbeau, elle a contribué à redéfinir le paysage artistique québécois. Ses œuvres ont notamment été présentées en France, en Belgique, en Angleterre, en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Brésil.
Le vernissage de l’exposition Marcelle Ferron: Le geste coloré aura lieu au Centre d’exposition Raymond-Lasnier (Maison de la culture) le dimanche 15 décembre à 14 h.
Visites guidées
Pour enrichir l’expérience du public, la réservation de visites guidées gratuites sera proposée du 21 décembre au 9 mars, du jeudi au dimanche. Ces visites, d’une durée de 45 minutes, se dérouleront à 11 h et 14 h. Ce sera l’occasion pour les visiteurs d’approfondir leurs connaissances sur Marcelle Ferron, sa démarche artistique et ses techniques. Cette expérience personnalisée et participative promet d’ajouter une nouvelle dimension à l’exploration des œuvres de l’artiste.
« Ça permet vraiment d’amener un éclairage différent sur l’exposition. Et puis, selon ce que les guides-animateurs ont retenu de leurs lectures sur Marcelle Ferron, la visite peut mettre de l’avant des anecdotes différentes », mentionne Marie-Andrée Levasseur.
Des groupes de maximum 10 personnes seront formés pour chaque visite guidée. Une réservation est toutefois nécessaire. L’exposition est également accessible sans réservation.
Des activités pour mieux comprendre Marcelle Ferron
En complément à l’exposition, deux conférences seront offertes au public. Le 15 décembre à 10h30, le galeriste Simon Blais présentera L’œuvre de Marcelle Ferron à la salle Anaïs-Allard-Rousseau. C’est une opportunité de découvrir le métier de galeriste ainsi que l’artiste et son Œuvre à travers des discussions sur l’art contemporain québécois.
Pour sa part, la conférence Marcelle Ferron: Révolutionnaire sera présentée par Éric Perron le 1er février à 13h30 à la salle Louis-Philippe-Poisson. L’activité retracera le parcours de Marcelle Ferron de 1940 à 2000, mettant en lumière la détermination de cette femme d’exception.
« C’est un petit bout de femme qui est partie de Louiseville pour aller à Montréal, puis s’envoler à Paris. Elle a fait de grandes choses. Elle a été une grande femme. Elle a été une femme très engagée, très militante. Son côté social était très fort. Elle a toujours été une fonceuse », rappelle Mme Levasseur.
Ces deux activités sont gratuites, mais il faut réserver sa place au www.culture3r.com.
Par ailleurs, les enfants de 6 ans et plus sont invités à venir découvrir la peinture abstraite et à explorer la liberté de l’expression artistique par l’abstraction à l’occasion d’une activité familiale gratuite offerte le 2 février et le 5 mars à 10h. Les participants auront l’occasion d’utiliser des formes, des couleurs et des gestes pour créer des œuvres uniques et personnelles. Une réservation est obligatoire.
Pour en savoir plus: www.culture3r.com.
Riopelle, Ferron et les autres
En quelques années, le Centre d’exposition Raymond-Lasnier aura accueilli des œuvres de Marcel Barbeau, Marc Séguin, Jean-Paul Riopel et de Marcelle Ferron.
« Le point de départ qui nous a permis d’accueillir tous ces artistes d’exception, c’est le fait qu’on ait pu accueillir l’exposition du Musée d’art contemporain de Montréal. Ça nous a permis d’atteindre un niveau et d’avoir certains éléments dans les conditions d’accueil physiques égales à un musée d’art pour nous donner accès à de grands noms de l’art du Québec sans que les visiteurs aient à payer », conclut Marie-Andrée Levasseur.