Les citoyens des Forges expriment leur ras-le-bol au Groupe Bellemare
Une centaine de citoyens ont assisté à la séance d’information tenue par le Groupe Bellemare, mercredi soir, en lien avec les activités de Sable des Forges sur le boulevard industriel. Cela a été l’occasion pour les résidents du secteur de partager les nuisances vécues au quotidien.
Odeurs nauséabondes, bruit, poussière, dégradation du ruisseau Lavoir : les citoyens en ont lourd sur le cœur, certains depuis de nombreuses années.
« On est conscient et sensible face à la situation qui perdure depuis des années. On veut aussi travailler en collaboration avec la Ville de Trois-Rivières, le ministère de l’Environnement et la Santé publique », a indiqué d’entrée de jeu Serge Bellemare, président du Groupe Bellemare, en précisant que cette présentation aux citoyens avait été suggérée par les conseillers municipaux, qui ont eu droit à la même présentation le 3 juin.
Le Groupe Bellemare a présenté les mesures d’atténuation des nuisances qui ont été mises en place ou qui seront mises en place pour améliorer la cohabitation avec le secteur résidentiel à proximité des installations de Sable des Forges.
L’entreprise a notamment réalisé le pavage de plus d’un kilomètre de route pour réduire les émissions de poussières, a modernisé et insonorisé certains équipements, ajouté des silencieux sur les cheminées des dépoussiéreurs, mis en place des murs coupe-son et travaille sur un andin coupe-son pour réduire les bruits émanant du site.
Des tournées de surveillance préventive quotidiennes ont aussi été instaurées sur le site et dans les quartiers avoisinants. Les activités au centre d’enfouissement ont aussi pris fin en novembre dernier.
Les échantillonnages de bruit, d’odeurs et de poussière recueillis par le Groupe Bellemare respectent les normes. » Aucune matière dangereuse n’est traitée sur le site », insiste l’entreprise.
La volonté du Groupe Bellemare d’allonger la cheminée du dépoussiéreur du séchoir du verre recyclé à une hauteur de 24 mètres, plutôt que les 6 mètres actuels, dans le but de favoriser la dispersion des vapeurs d’eau à une altitude plus haute.
La mesure a été reçue avec scepticisme par plusieurs citoyens. La hauteur envisagée de la cheminée a d’abord suscité des critiques puisqu’elle serait visible à bien des endroits. D’autres craignent également que cela fasse en sorte d’éloigner les odeurs du site et que cela affecte des quartiers présentement moins affectés cette problématique.
« On ne peut pas cohabiter »
Les problèmes de cohabitation entre l’entreprise et les résidents du secteur ne se régleront visiblement pas de sitôt.
« Malgré vos investissements et les mesures de mitigation, ça n’a pas réduit l’impact de vos opérations sur le voisinage. Je peux aussi constater la dégradation de l’écosystème près du lac. Pourquoi avoir persévéré dans le développement du site? On est tous d’accord avec la cause de l’économie circulaire, mais de voir l’impact de toutes ces modifications pour le voisinage, ça montre que vous n’êtes pas au bon endroit. C’est clair que vous avez fait des efforts, mais malgré ça, le problème persiste. On ne peut pas cohabiter », lance Hugo Courchesne.
Plusieurs ont également partagé leurs inquiétudes face à la dégradation du lac à proximité et du ruisseau Lavoir. « Ce n’est pas clair que ce que vous faites ne contamine pas le ruisseau près de chez moi, affirme une citoyenne. La qualité du lac a diminué et il est en train de se remplir de dépôt. »
Plusieurs ont émis de sérieux doutes sur le fait que les filtres soient efficaces à 99,9% comme le mentionnait l’entreprise compte tenu des différentes poussières retrouvées sur leur terrain.
Le Groupe Bellemare invite les citoyens du secteur à contacter directement l’entreprise via la ligne dédiée aux signalements (873-398-0565) pour partager leurs problèmes en lien avec les opérations de Sable des Forges.
« On veut améliorer les communications et la collaboration avec le voisinage. On a mis des outils en place et on veut vous entendre. On pense qu’à travers cette crise, on va devenir un exemple au Québec en matière de responsabilité environnementale », soutient Serge Bellemare.
« Les gens commencent à penser à une action collective, affirme Gilbert Cabana. Il faut voir si ce sera contre la Ville, contre le Groupe Bellemare ou le ministère de l’Environnement. Les choses ne bougent pas. »
Une décision le 2 juillet
Le dossier reviendra à l’ordre du jour de la séance publique du conseil municipal de Trois-Rivières du 2 juin. Les élus devront se prononcer en faveur ou contre le changement de zonage du terrain du boulevard Industriel visant à y autoriser des activités de revalorisation du verre.
L’usage était permis dans l’ancien schéma d’aménagement, mais a été retiré dans le nouveau schéma d’aménagement adopté en 2022.
Plusieurs conseillers municipaux, le maire de Trois-Rivières, ainsi que le directeur de l’Aménagement et du Développement durable à la Ville étaient présents à titre d’observateurs à la séance d’information aux citoyens. Des citoyens ont d’ailleurs demandé à quelques reprises aux élus de s’opposer à la modification du schéma d’aménagement.
« Si le changement de zonage va de l’avant, on pourra faire la demande de permis pour construire le bâtiment de tri optique du verre, complémentaire aux installations existantes. S’il ne passe pas, on va continuer, mais on ne pourra pas faire des modifications ainsi que certains engagements d’internaliser des opérations, comme de mettre le silicate directement à l’intérieur », commente M. Bellemare.
C’est d’ailleurs au moment de la demande du permis que l’entreprise a appris que le zonage avait changé depuis 2022, de sorte que tout le volet de revalorisation n’était plus autorisé sur le site
L’entreprise a aussi des terrains sur le boulevard industriel qui pourraient éventuellement être développés.