Le Port de Trois-Rivières repousse son projet de Terminal 21
Face à l’explosion des coûts de construction depuis la pandémie, le Port de Trois-Rivières a décidé de repousser son projet de construction du Terminal 21.
La réalisation de ce projet permettrait d’accroître de près de 50% la capacité du Port qui fonctionne déjà à plein rendement. Le projet prévoit l’ajout de 716 mètres de façades de quais, pour près de 100 000 mètres carrés de superficie, à l’ouest des infrastructures actuelles.
« Avec les coûts qui ont augmenté, il faut tout réévaluer les coûts de construction pour établir à quel moment il sera possible pour nous, financièrement et techniquement, de faire le projet de Terminal 21. Ce sera beaucoup attaché à notre capacité financière », explique Gaétan Boivin, président-directeur général du Port de Trois-Rivières.
La construction du Terminal 21 devait initialement débuter avant la pandémie. Mais depuis, les coûts de construction ont grandement augmenté.
« On ne sait même plus combien ça va coûter, ajoute-t-il. Dans les faits, je suis quasiment content qu’on n’ait pas encore commencé ce projet. On aurait commencé un peu avant la pandémie, puis le chantier aurait probablement été mis sur pause. Les coûts auraient ensuite explosé. Je pense qu’on a été chanceux dans les circonstances. On va recommencer à zéro, mais on moins, on va en avoir le cœur net. »
Dans les circonstances, le Port a décidé de devancer le projet des quais 16 et 17, qui comprend la reconstruction du quai 17, le remplissage du bassin, la construction du nouveau quai 16, l’aménagement d’un nouvel espace d’entreposage, ainsi que l’installation de nouveaux équipements de déchargement.
Ceux-ci seront inutilisables cette année, ce qui entraînera une diminution des marchandises qui transiteront par le Port en 2025.
« C’est le plus gros projet que le Port aura fait jusqu’à présent, affirme M. Boivin. Où cela a été un défi, c’est que l’équipe a eu moins de deux ans pour planifier le projet, faire les études environnementales et établir le montage financier. Je dois reconnaître que l’équipe a travaillé très fort. »
Gaétan Boivin, président-directeur général du Port de Trois-Rivières. (Photo Marie-Eve Alarie)
Au terme des travaux qui s’échelonneront en 2025 et sur une partie de l’année 2026, le Port de Trois-Rivières disposera de plus d’espace d’entreposage extérieur. Par ailleurs, les poussières seront diminuées.
« Ça deviendra des terminaux carboneutres, soutient M. Boivin. Tout le chargement sera électrique. La manutention sera carboneutre, mais les navires qui s’y connecteront ne le seront pas encore. Cependant, on aura toute l’infrastructure pour se connecter lorsque les navires seront, à leur tour, carboneutres. »
« Avec les travaux aux terminaux 16 et 17, on sera l’un des premiers ports au Canada qui aura refait toutes ses infrastructures portuaires commerciales, du côté ouest. C’est un gros gain. Ces travaux nous permettront aussi d’avoir une meilleure idée des coûts de construction actuels en prévision du montage financier du projet de Terminal 21 », poursuit-il.
La productivité dans la ligne de mire
L’un des enjeux des 10 prochaines années du Port de Trois-Rivières consistera à améliorer sa productivité. « C’est un changement de paradigme. On veut être capable d’en faire plus avec moins, que ce soit au niveau de la circulation, l’entreposage ou encore les équipements de chargement et de déchargement », précise M. Boivin.
La gestion efficace de la circulation représentera un gros morceau dans cette volonté d’optimisation.
« On veut que le camion rentre et ressorte le plus rapidement possible. On veut aussi être capable de tourner nos inventaires le plus rapidement possible. Ça veut dire que ça aura un impact sur trois modes de transport: le maritime, le camionnage et le ferroviaire. Par exemple, on ne veut pas que le grain arrive de l’ouest trop rapidement et que le navire ne soit pas là. On veut que lorsque le navire arrive, le grain arrive à ce moment. Ça aidera au roulement et ça nous permettra de mieux utiliser nos infrastructures », précise le président-directeur général du Port.
L’intelligence artificielle aura également un apport dans l’amélioration de la productivité, mais il est encore difficile de dire précisément de quelle façon elle sera utilisée.
« Il faut être en avant de la parade en ce qui a trait à la numérisation, mais en ce moment, on ne sait pas comment le faire, confie M. Boivin. Il faut travailler là-dessus et il faut également changer la structure portuaire pour être en mesure de répondre à ce défi. On a peu de gens spécialisés en numérisation en ce moment au Port, mais on va vers ça. »
Gaétan Boivin prévoit que des dizaines de projets émergent de cette démarche d’amélioration de la productivité.