La qualité de l’air « généralement bonne » à Trois-Rivières
Remise en question depuis plusieurs années, la qualité de l’air à Trois-Rivières est comparable à celle des autres milieux urbains du Québec, d’après les données du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).
C’est ce qui est ressorti de la table ronde organisée sur le sujet par Environnement Mauricie qui réunissait des experts du MELCCFP et de la Santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
Trois stations installées à l’école Mauricie English Elementary School, près de la Kruger Wayagamack et à la résidence Louis-Denoncourt mesurent les données sur la qualité de l’air pour la ville et suivent son évolution à long terme. Plusieurs contaminants sont mesurés, dont les particules en suspension totale, incluant les particules fines, ainsi que divers métaux.
La tendance des dix dernières années montre une diminution significative des particules en suspension totale. Les mesures de dioxyde de soufre, responsable des mauvaises odeurs près des usines, s’avèrent comparables à celles des autres milieux urbains. Si la tendance d’émissions de dioxyde de soufre est significativement à la baisse à la station de mesure du Cap-de-la-Madeleine, celle de Trois-Rivières enregistre une diminution, mais non significative aux yeux du ministère de l’Environnement. Les normes sont généralement respectées en la matière, quoique le Ministère a noté quelques dépassements par année, mais c’est considéré comme un « dépassement occasionnel ».
À Trois-Rivières, quatre entreprises doivent produire une déclaration obligatoire pour leurs émissions atmosphériques, soit G3 Canada Limited (silo à grain), Savik Super-Chrome, ainsi que les usines Kruger Trois-Rivières et Kruger Wayagamack. Ce sont surtout ces deux dernières qui sont suivies par le contrôle environnemental puisque leurs activités peuvent avoir un impact sur la qualité de l’air à Trois-Rivières.
Depuis septembre 2022, le ministère de l’Environnement a mené deux inspections à la Kruger Wayagamack et 19 inspections hors site. L’usine a reçu trois avis de non-conformité concernant quatre articles réglementaires, dont un en lien avec une dérogation pour la qualité de l’air. Du côté de la Kruger Trois-Rivières, l’usine a reçu deux avis de non-conformité et une sanction administrative pécuniaire, mais rien en lien avec le niveau d’émissions atmosphériques.
Un plan d’action est en place pour ces deux installations pour réduire le bruit, les odeurs et les poussières. Le Ministère tient également des rencontres trimestrielles pour assurer le suivi du plan d’action.
« La qualité de l’air est généralement bonne à Trois-Rivières. Les concentrations de contaminants dans l’air sont comparables à d’autres milieux urbains du Québec. On constate très peu de dépassements des normes de la qualité de l’air, à l’exception du dioxyde de soufre. L’influence des papetières est en partie responsable des mauvaises odeurs », résume Catherine Savard, directrice adjointe de la surveillance de la qualité de l’air et du climat au MELCCFP.
Encore beaucoup de questionnements
Plus d’une cinquantaine de citoyens s’étaient déplacés pour assister à la table ronde du 24 janvier. Des fonctionnaires de la Ville de Trois-Rivières et plusieurs conseillers municipaux ont également répondu présents.
Beaucoup de questionnements subsistaient encore à la suite de la présentation des experts de la Santé publique et du ministère de l’Environnement.
Des citoyens ont notamment questionné le nombre d’appareils de mesure du ministère et leur intérêt à installer un capteur près de l’aéroport de Trois-Rivières, ainsi que la présence des microplastiques dans l’air, la gravité des avis de non-conformité remis aux deux installations de Kruger, de même que le souci de la Ville de Trois-Rivières pour la qualité de l’air.
Des questionnements en lien avec les feux de cheminée ont aussi été émis. D’ailleurs, le chauffage au bois résidentiel est la principale cause des journées de mauvaise qualité de l’air en hiver. Au Québec, le chauffage au bois était responsable de 18,4% des émissions de particules fines en 2021, indique la Santé publique.
Et maintenant?
« La suite nous appartient collectivement. Les prochaines étapes reviennent aux citoyens et aux élus. J’entends le désir de faire avancer notre ville en ce sens. On a eu un peu plus l’heure juste sur la situation ce soir », a conclu le conseiller municipal du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier.