La ministre Duranceau dévoile à Trois-Rivières la stratégie gouvernementale en habitation
La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a choisi Trois-Rivières pour divulguer les détails de la Stratégie québécoise en habitation, la ville où le taux d’inoccupation des logements locatifs au Canada est le plus bas.
Le Québec aurait besoin de 560 000 nouvelles unités locatives d’ici 2034 pour retrouver un équilibre. La ministre explique que la stratégie est basée sur le principe de « briser les silos ».
« Oui, il faut poursuivre les investissements, mais il faut absolument travailler plus efficacement pour que les résultats soient au rendez-vous. L’une des clés si on veut obtenir des résultats, c’est la collaboration. C’est pourquoi la stratégie vise aussi à ce que chaque secteur et partenaire joue pleinement son rôle. Je pense notamment au secteur privé et au milieu communautaire. L’habitation, c’est un écosystème. Tout le monde doit être mis à contribution si on veut améliorer les choses. »
Aucune nouvelle somme n’a été annoncé, mais des investissements de 3,7 milliards de dollars sont prévus pour les cinq prochaines années.
« Notre gouvernement et nous tous comme société avons investi déjà 6,3 milliards en habitation, dont 3,7 milliards qui seront déployés au cours des prochaines années. D’autres unités de logement social et abordables vont s’ajouter aux 23 000 en développement présentement, notamment grâce aux ententes que nous souhaitons conclure avec le fédéral suite aux annonces dans leur budget d’avril 2024. Les discussions avancent bien. »
La ministre croit qu’il faut revoir en profondeur les façons de faire et que la stratégie inculque un changement de culture.
« La crise du logement que l’on vit ne se réglera pas du jour au lendemain, malgré le dépôt d’une stratégie en habitation. Il nous faut tous optimiser nos pratiques et s’assurer que les investissements présents et futurs en logement se fassent sous le signe de l’efficacité, de la rapidité et de l’efficience. Les obstacles qui se dressent sur le chemin des projets d’habitation sont nombreux, que ce soit le « pas dans ma cour », la pénurie de main-d’œuvre, le contexte économique avec les taux d’intérêt ou encore certaines règlementations trop rigides. On doit aplanir le plus possible ce qui retarde les projets. »
Le gouvernement du Québec a la volonté de favoriser et accélérer le développement résidentiel.
« Nous avons déjà posé des gestes porteurs pour soutenir la productivité de l’industrie de la construction. Nous avons aussi outillé nos partenaires municipaux pour les aider à accélérer le développement de projets résidentiels en leur conférant des pouvoirs spéciaux, en leur donnant des outils fiscaux. Les municipalités sont des joueurs clés dans l’équation. La valorisation des immeubles existants fait aussi partie des mesures phares de la stratégie, qu’ils soient du domaine privé ou ceux de l’État. On doit diversifier nos partenariats et nos modes de financement pour construire plus d’unités, plus vite. »
La ministre Duranceau soutient que les ménages dans le besoin sont aussi au cœur de la stratégie.
« Au-delà de la construction de logements, ma mission comme ministre responsable de l’Habitation, c’est aussi de soutenir ceux qui ont de la misère à se loger et les gens qui sont plus vulnérables. Sachant que l’équilibre ne se rétablira pas du jour au lendemain, la stratégie réunit une série de mesures pour continuer de soutenir les ménages selon leurs besoins. On va poursuivre nos actions pour favoriser l’accessibilité aux logements et l’abordabilité. »
La coordonnatrice d’InfoLogis Mauricie, Geneviève Dugré.
À l’extérieur des locaux de l’Office municipal d’habitation de Trois-Rivières où se déroulait la conférence de presse, les organismes InfoLogis et Bail Mauricie étaient présents.
« C’est un pas dans la bonne direction, mais ça fait tellement longtemps qu’il y a eu sous-investissement dans le logement que ça ne vient pas répondre totalement à la demande », a commenté la coordonnatrice d’InfoLogis Mauricie, Geneviève Dugré. Parce que ce qu’il manque, ce sont des logements qui sont réellement abordables. Mais au-delà de ça, on veut aussi du logement social. Parce que dans sa politique, on ne retrouve que du logement abordable, mais ça veut dire à peu près n’importe quoi. Ça peut être du logement qui est nettement au-dessus de la capacité de payer des locataires . Donc ça répond pas du tout aux besoins. »
Malgré leurs demandes répétées, il ne leur est toujours pas possible de rencontrer la ministre.
« On a été pris un peu par surprise, ce matin, de savoir que c’était ici qu’elle lançait sa stratégie. On voulait en profiter pour la rencontrer, parce que c’est excessivement difficile de la rencontrer comme organisme communautaire. On se sent laissés un peu à part. Nous, principalement, on défend les droits des locataires. Donc on comprend mal pourquoi elle veut pas nous rencontrer. On comprend que le droit des locataires n’est pas nécessairement sa priorité. C’est sûr qu’on se réjouit du fait qu’elle veut qu’il y ait plus de construction. Mais il faut se rappeler que c’est vraiment une crise d’abordabilité et non pas seulement une crise de manque de logement. C’est pas une crise de construction, c’est une crise sociale. Il faudrait pas éclipser ça. »
« La stratégie se décline sous deux axes, avait indiqué la ministre. Un axe qui vise à créer un environnement propice à la construction. En ce moment, il faut construire tous les types de logements. C’est de ça qu’on a besoin collectivement. Puis des nouveaux logements libèrent un ancien, il y a un effet domino puis il y a une abordabilité qui se crée seulement par le fait de construire davantage. Le second axe, c’est de s’occuper des gens plus vulnérables, puis d’être là avec des programmes de soutien directement à la personne. Puis on le dit clairement dans la stratégie, il faut continuer de soutenir le logement social et abordable, parce que ça, c’est ce qui vient aider les gens les plus vulnérables. »
Enfin, la ministre a laissé entendre qu’une autre annonce aura lieu dans les prochaines semaines.
« On va inviter les promoteurs et les constructeurs à miser sur la productivité et sur les nouvelles technologies pour réduire les coûts et les délais, entre autres avec la construction modulaire, la préfabrication. Il y a clairement moyen de mieux faire travailler nos dollars pour livrer plus de logements. »