La caverne d’Ali Baba de Florence
Florence Durand-Fernandes ne croyait pas qu’elle avait la fibre entrepreneuriale. Pourtant, il y a deux ans, elle devenait la propriétaire de la friperie La Belle Saison au centre-ville de Trois-Rivières à l’âge de 23 ans.
Cette opportunité lui est arrivée sur un plateau d’argent.
« Avant, ici, c’était le PURR VNTG. J’y ai travaillé pendant trois ans. Puis, en 2022, ça a fermé. Les propriétaires m’ont proposé de racheter la boutique. Ça m’allumait beaucoup, alors j’ai plongé et j’en ai profité pour mettre la boutique à mes couleurs », raconte Florence Durand-Fernandes.
Adolescente, c’est le théâtre qui l’animait essentiellement, jusqu’à étudier dans une école de théâtre professionnelle. Elle est revenue à Trois-Rivières juste avant la pandémie. C’est à ce moment qu’elle a commencé à travailler chez PURR VNTG et à étudier en stylisme de mode.
« On m’a donné de plus en plus de responsabilités, de sorte que je gérais beaucoup la boutique. On me demandait aussi d’aller chercher du stock ailleurs. En étant collée directement à la source, je voyais ce que les clients demandaient, ce qu’ils aimaient voir, ajoute-t-elle. Mes études en stylisme de mode m’ont permis de me développer une petite fibre entrepreneuriale que j’ignorais avoir. Je m’imaginais alors ouvrir ma propre boutique avec des services de stylisme, mais disons que c’est arrivé plus tôt que ce que je pensais. Mais je ne pouvais pas passer à côté de cette offre. C’était le destin, on dirait. »
Et puis, il faut dire que les valeurs de la mode circulaire – ou le slow fashion – sont chères au cœur de Florence Durand-Fernandes.
« Les tendances de la mode sont cycliques. J’ai également étudié les impacts de l’industrie de la mode sur l’environnement. C’est l’une des industries les plus polluantes au monde. Autant que j’aime la mode, autant je vois à quel point ça peut être dommageable, note l’entrepreneure aujourd’hui âgée de 25 ans. Pourtant, on a tellement de vêtements sur la Terre qu’on en a assez pour habiller les six prochaines générations sans produire de nouveaux vêtements. Avec ma boutique, j’espère encourager les gens à voir qu’il y a vraiment de beaux vêtements de seconde main. Par ailleurs, c’est souvent de meilleure qualité que les vêtements d’aujourd’hui produits dans l’esprit du fast fashion. Mon but, c’est de vendre pour que ça dure. »
« J’aime partir à la recherche de trésors un peu partout et ramener de beaux morceaux qui pourront être réutilisés par des gens et qu’ils vont aimer remettre, poursuit-elle. La majorité de ce qui se trouve dans la boutique, c’est moi qui suis allée les chercher. Je regarde particulièrement les couleurs chaudes et vives ainsi que les tissus. Je m’attarde également aux coutures pour m’assurer de leur bon état.
En plus des vêtements, elle se plaît à rapporter de petits objets vintages qui sont mis en vente dans la boutique: cassettes de films cultes, vaisselle, accessoires, etc. Les produits d’une dizaine d’artistes québécois sont aussi en vente dans la boutique de la rue Notre-Dame Centre.
(Photo Marie-Eve Alarie)
Des services de stylisme en friperie
Depuis qu’elle a fait l’acquisition de la friperie La Belle Saison, Florence Durand-Fernandes a mis sur pied un service de stylisme personnalisé en boutique.
« Les gens aiment recevoir de petits conseils pour agencer leurs trouvailles. Avoir ma boutique m’a permis d’ajouter plus de services à la clientèle, car je me sens plus libre de le faire. Je sais ce que je peux offrir. L’offre de services de stylisme en friperie est encore assez marginale au Québec. Souvent, on associe le stylisme à quelque chose de riche ou de loin de soi. J’ai eu l’occasion de l’offrir à une cliente dernièrement. Elle m’a expliqué ce qu’elle cherchait, quel est son style et son mode de vie. Puis, elle m’a laissé carte blanche. J’ai pu lui proposer des agencements. »
« Personnellement, la mode m’avait beaucoup aidée pendant mes études. Quand j’ai commencé à travailler ici, ça m’a permis de développer ma personne et mon identité et à me sentir plus moi-même et confortable dans ce que je porte. J’avais le goût de pouvoir offrir ça aux autres aussi, à essayer autrement, à sortir de sa zone de confort et voir ce qui leur convient. »
Il lui arrive aussi de louer des vêtements à des troupes de théâtre pour certaines productions.
Une Belle Saison à développer
Florence Durand-Fernandes ne manque pas d’idée pour continuer de faire évoluer la friperie en 2024. En plus de poursuivre son service de stylisme en boutique, elle souhaite bonifier la boutique en ligne de La Belle Saison et entreprendre de petits projets de couture avec des tissus qu’elle a pu récupérer afin de les transformer en sacs ou en bandeaux, par exemple.
« J’ai aussi un peu de marchandise à l’image de La Belle Saison en boutique et j’aimerais utiliser des vêtements de seconde main sur lesquels je pourrais imprimer moi-même pour que l’image de La Belle Saison se propage. Je veux aussi pousser davantage le service de stylisme et le montrer davantage. Je veux vraiment continuer à développer le service à la clientèle. »
« Acheter La Belle Saison m’a sortie de ma zone de confort, mais je travaille pour la job que j’aime et je peux y mettre tout le temps et l’énergie que je le souhaite », conclut-elle.