Johanne Pothier lance un nouveau roman
L’auteure trifluvienne Johanne Pothier marie une fois de plus son amour pour la musique, l’histoire et la littérature dans son nouveau roman Un 10 décembre à Munich, qui a paru plus tôt cet automne.
Cette fois-ci, l’action se déroule en 1978. Trois musiciens se préparent pour un concert bénéfice.
Pianiste dans la cinquantaine, Erika Maria Gahl tente de concilier la culpabilité de sa jeunesse hitlérienne au sentiment de la « révolte du vaincu » qui l’habite encore. Il y a aussi le violoncelliste américain Harry Donard Barzay Frieser, déserteur réfractaire à la guerre du Vietnam, qui fuit son pays et son père militaire. Quant à Jeanne Edelman, violoniste talentueuse et jeune fille irrévérencieuse à la génétique acadienne et juive, elle se cherche une identité libérée de la mémoire des siens.
« Je voulais qu’on puisse prendre le temps de les comprendre individuellement. On retourne donc dans leur passé, très différent l’un de l’autre. La blessure principale qui pourrait les réunir ou les éloigner, c’est le fait qu’ils combattent la culpabilité. On apprend aussi comment ils se sont retrouvés ensemble », souligne Johanne Pothier.
Ils ont chacun leur leur histoire, qui se mêle à celle plus vaste de leurs pays respectifs, sans savoir qu’ils sont liés par un passé et un destin qui leur échappent. Ils ont toutefois ceci en commun qu’ils ont des problèmes avec leurs pères.
Structuré en quatre mouvements, un clin d’œil aux quatre mouvements du Trio pour piano, violon et violoncelle no 1 en ré mineur, op. 49 de Mendelssohn que joueront les musiciens, Un 10 décembre à Munich suit l’évolution des personnages ensemble jusqu’au jour du concert.
Ce n’est pas un secret: Johanne Pothier a un faible pour les personnages complexes. Ceux-là, elle les a tirés de ses quatre ans et demi passés à Salzbourg au milieu des années 70. C’est dans cette période marquante de passage entre l’adolescence et l’âge adulte et dans les souvenirs qui y sont raccrochés que l’auteure a puisé son inspiration.
Parce qu’elle a connu des Erika Maria, des Sarah Jeanne et des Harry Donald, autant de cœurs et d’esprits hantés par l’endoctrinement systématique ou le poids du devoir de mémoire.
« Je me sers de toutes les rencontres que j’ai pu faire pour créer des personnages. Mes années à Salzbourg représentent quatre ans et demi de ma vie, mais j’ai plus de souvenirs accrochés à cette période de ma vie qu’à n’importe quelle autre. J’ai toujours été fascinée par l’histoire aussi. (…) Par exemple, dans le roman, Erika trouve encore difficile en 1978 de voir le regard que les autres lui portent. Quand j’étais à Salzbourg, j’en ai vu des gens qui regardaient les Allemands en se disant qu’ils avaient dû connaître Hitler », raconte Johanne Pothier.
Il est toujours difficile de dire adieu à des personnages que l’on aime, mais Johanne Pothier sent qu’elle n’en a pas fini avec ces personnages. « Je me demande ce qui arriverait si Jeanne [un des personnages de son précédent roman, Mulos] venait à rencontrer Sarah Jeanne en 2024 à Montréal et de ramener ça dans le cadre d’un concert pour la paix. Je suis en train de brasser tout ça un peu pour leur faire un au revoir moderne, leur permettre une dernière envolée. »
Le roman Un 10 décembre à Munich est en vente dans les librairies.