Jean Lamarche ne se représentera pas en 2025
Le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, a pris tout le monde par surprise en annonçant, à une semaine de Noël, qu’il ne sollicitera pas un troisième mandat à l’élection municipale de novembre 2025.
Sa décision a été prise il y a quelques semaines déjà. Elle a d’abord été rendue publique en début de soirée mercredi lors de la diffusion d’une entrevue accordée à Ici Mauricie-Centre-du-Québec entre la mi et la fin novembre.
« Je me sens bien. À partir du moment où je l’ai décidé. Cette fois-là, je suis sorti un peu ébranlé », confie-t-il à propos du tournage de cette entrevue.
Sa réflexion à se présenter ou non à la mairie de Trois-Rivières une troisième fois a amené Jean Lamarche à songer à la suite de son cheminement professionnel.
« J’étais rendu à une étape où ce qui est ressorti, c’est l’âge. J’ai 53 ans, je vais avoir pratiquement 54 ans (à la prochaine élection). Ça m’amenait à 58 ans. Où j’en étais dans les réflexions, c’est à savoir qu’est-ce que je peux faire avec ça. Il me reste peut-être de 12 à 15 ans de vie professionnelle, avec deux mandats de mairie dans mon portfolio. Je pense que je peux prendre ce que j’ai et l’amener plus loin. »
Chose certaine, il complétera son mandat. Il ne démissionnera donc pas pour se lancer en politique fédérale. Cependant, il n’a pas encore arrêté son choix sur la façon dont il poursuivra sa carrière.
« Je ne pense pas avoir fait six ans de vie active politique pour revenir au même endroit où j’étais il y a six ans. J’ai un cheminement. Ça fait partie de la réflexion. On a différentes avenues. Je me fais accompagner là-dedans. Je suis en train de voir, mais j’ai plein d’idées. J’essaie de les canaliser vers quelque chose de bien. Je crois que je suis à un moment où je peux faire fructifier tout ça. »
Élection municipale: 2 novembre 2025
La conseillère du district des Rivières, Pascale Albernhe-Lahaie, et l’ancienne animatrice radio Catherine Gaudreault ont fait connaître leur intention de briguer la mairie en 2025, avant même l’annonce de M. Lamarche, qui souhaite voir d’autres candidatures se concrétiser d’ici la prochaine élection municipale.
« Pour la pluralité des points de vue. Ce que je souhaite, c’est qu’on fasse des débats sur des enjeux. Je veux qu’on parle de nos réalités, de nos infrastructures. Je veux qu’on parle de comment on voit le développement. C’est facile en campagne de dire que tu vas faire plus avec moins. Mais plus il y a de candidats, plus les gens vont devoir préciser la nature de ce qu’ils veulent faire. Je pense qu’on a tous à gagner d’avoir beaucoup de candidats. »
M. Lamarche croit que son absence des bulletins de vote permettra à certaines personnes de se lancer dans la course.
« Je pense qu’il y a des gens qui partagent ma vision. Ceux qui pensent comme moi ne seraient peut-être pas allés. Si je n’y vais pas, il faut que je le dise le plus tôt possible. Il y a le temps des Fêtes. Il faut que les gens se mettent à réfléchir pour savoir s’ils ont le goût d’y aller. »
Il ne sait pas s’il appuiera éventuellement un candidat ou une candidate à sa succession.
« Je ne suis pas là du tout pour l’instant. Je n’ai pas pensé à ça. Je ne sais pas encore. Il faudrait aussi que je voie. Si je suis pour appuyer quelqu’un et que ça lui nuit, je ne le ferai pas. Est-ce qu’appuyer quelqu’un, ça veut dire qu’il doit absolument épouser toute ma vision? Je ne peux pas demander ça à quelqu’un. »
« La pédale au fond jusqu’en novembre »
Le maire sortant voit maintenant la fin de son mandat avec une nouvelle perspective.
« Je m’en vais vraiment avec l’idée d’avoir un dix mois où on clenche. Ma façon de travailler va un peu changer parce que j’ai une date butoir. J’ai ça à faire, j’ai ça à déposer. Les maires, on doit amener des projets à la table du conseil. C’est ça, souvent, qui correspond à la vision. Je vais les mettre sur la table. »
Son départ annoncé ne l’empêchera pas d’instaurer des projets à long terme, parmi lesquels figurent les célébrations du 400e anniversaire de la Ville dans dix ans, par exemple.
« Si on veut faire de quoi de prestigieux en 34, il faut commencer là. Aussi, on a mis des affaires en place qu’il faut qu’on amène encore plus loin. Le parc de l’Expo, c’est un enjeu. »
M. Lamarche est également préoccupé par la crise du logement.
« On est en train d’avoir déjà des résultats par rapport au taux d’inoccupation. On est passé de 0,4 % à 1 %. Au-delà du 0,6 %, c’est quand même le coup de barre: on est en train de remonter. Ça, pour moi, ça ne vient pas de nulle part. On annonce de 60 à 80 logements par séance du conseil. Maintenant, il va falloir travailler sur l’abordabilité, mais ça vient avec la gestion de l’offre et de la demande. »
Le travail est loin d’être terminé. Un plan stratégique a été élaboré pour s’attaquer à trois priorités: habitation, mobilité et changements climatiques.
« Pour moi, ça, ça devient important de le transposer en actions, en gestes qui vont venir se mettre en place. Je veux donner un sens, une orientation. Une orientation, ce n’est pas un bout de trottoir à déneiger, ce n’est pas un boisé, ce n’est pas une piscine. C’est bien plus que ça. C’est une lunette ou un angle vers lequel tu te diriges. C’est ça qu’on est en train de mettre en place. »
Premier bilan des réalisations
Même si Jean Lamarche n’en est pas encore à faire le bilan des six années qu’il aura passées à la tête de la Ville de Trois-Rivières, il évoque tout de même quelques réalisations dont il est fier, comme la mise sur pied du fonds environnemental Éclore.
« On n’a pas encore vu le dixième de ce qu’on peut faire avec cette mécanique-là. C’est quelque chose qu’on est en train d’instaurer, qui va se développer à mesure que les gens vont le connaître. C’est de voir comment on peut travailler sur l’économie verte et dire aux gens que la bioéconomie est payante. C’est comment on peut sensibiliser les entreprises en disant que si vous prenez le virage, ça va être aussi payant. Là, elles le font dans l’allégresse parce qu’ils savent que le retour sur l’investissement est le même ou supérieur. J’y crois beaucoup. Au niveau économique, les gens ont acheté ça à 100 %. Il y a encore 720 millions d’investissements cette année à Trois-Rivières, du jamais vu. »
Pour lui, l’arrivée d’un pavillon universitaire au centre-ville envoie un message fort.
« Ce qu’on a travaillé par rapport à la démarche universitaire qui s’en vient, c’est un élément qu’il fallait rattraper. Il faut de plus en plus qu’on sente l’université dans la ville, qu’on sente aussi le Cégep et le Collège Laflèche. C’est important. On est en train de le faire. »
La revitalisation du Bas-du-Cap représente aussi une fierté pour lui.
« En ce moment, quand je pars du pont Duplessis et que je m’en vais au bout de Sainte-Madeleine, je suis bien content de ce qu’on a fait. »
Il se félicite d’avoir été proactif dans le dossier des personnes en situation d’itinérance.
« Ça pourrait être aussi un des éléments pour lesquels je suis fier. Lorsqu’on a parlé d’itinérance, on n’était pas pire qu’ailleurs. Mais on a tout de suite mis des choses en place. »
Jean Lamarche se dit heureux d’avoir amené une nouvelle façon de faire au conseil de ville.
« Je suis un maire qui est capable d’utiliser les forces des gens qui m’entourent. Je suis chanceux, je suis hyper bien entouré. Ce que je fais, c’est que je laisse travailler le monde. »
Même s’il a connu ses moments difficiles pendant ses deux mandats, Jean Lamarche recommencerait « cent fois ». Il ne semble pas avoir perdu l’essence de ce qui l’a animé pour se lancer en politique.
« Je suis arrivé en disant: nous allons maintenant être la ville avec un conseil uni, où tout le monde va travailler ensemble, main dans la main. J’y ai cru. J’y ai cru à m’en rendre malade. Je me suis battu à vouloir aller chercher l’unanimité, à viser des consensus. Ce qui va rester, c’est une ville qui avance, qui a posé des actions, qui en retire maintenant les bénéfices. On est une ville active, qui a su en même temps prendre un virage vert et un virage économique, sans négliger l’aspect culturel et social. »