Ils ont consacré leur carrière au service des citoyens

Ils ont tous deux commencé leur carrière au sein de la Ville de Cap-de-la-Madeleine fraîchement sortis des études et c’est au cours de l’été que Robert Dussault, directeur général adjoint – Planification, et Me Yolaine Tremblay, greffière et directrice du greffe, de la gestion des documents et des archives, prendront leur retraite au terme d’une carrière de plus de 30 ans dans le monde municipal.

Me Yolaine Tremblay n’avait pas envisagé travailler dans le monde municipal à la fin de ses études de notaire. En fait, comme jeune notaire, elle avait en tête de devenir fonctionnaire au provincial. Une personne l’avait cependant approchée, à l’été 1994, en lui disant que le greffier de la Ville de Cap-de-la-Madeleine prenait se retraite.

« J’y ai vu ma chance d’entrer dans le monde municipal. Ça me faisait penser au discours qu’a prononcé Monique Gagnon Tremblay à notre collation des grades. Elle nous disait de ne pas nous limiter au niveau provincial comme notaire et que nos études nous préparaient à bien d’autres choses que le rôle de notaire dans son sens traditionnel », se remémore-t-elle.

Le 5 décembre 1994, Me Tremblay faisait son entrée comme greffière à la Ville de Cap-de-la-Madeleine.

« Il n’y avait jamais eu de juriste dans l’équipe. Il fallait vraiment standardiser la façon de rédiger les résolutions et les procès-verbaux, organiser les fiches décisionnelles, notamment. J’ai beaucoup appris dans les premières années et ça m’a vraiment aidée pour la suite des choses », souligne-t-elle.

Me Tremblay a ensuite rejoint l’équipe de juristes de Trois-Rivières au moment de la fusion municipale. Elle a alors été responsable du volet immobilier.

C’est en 2017, au moment du départ de Me Gilles Poulin, qu’elle a pris la relève à titre de greffière de la Ville de Trois-Rivières. Deux ans plus tard, elle se retrouvait également à la tête de la nouvelle direction regroupant la greffe, la gestion des documents et les archives.

« La gestion des documents a été un gros défi. Avec la pandémie, il y a eu tout le projet de numérisation des documents. Il fallait mettre en place un processus strict et rigoureux pour la numérisation, car on ne peut pas jeter ce type de document n’importe comment », note Me Tremblay. On accompagne donc beaucoup nos gens dans la numérisation de leurs documents. »

Gravir les échelons un à un

Depuis son embauche à la Ville de Cap-de-la-Madeleine comme technicien en bâtiment en juin 1985, Robert Dussault a gravi les échelons de l’administration municipale jusqu’à terminer sa carrière en tant que directeur général adjoint – Planification.

« À l’époque, au Cap, on délivrait les permis, on inspectait nos permis et on faisait l’évaluation.  J’ai eu l’opportunité en 2001 de postuler sur un poste de cadre de coordonnateur des inspecteurs en bâtiment et environnement. Je suis devenu chef de service aux permis en 2008. Au début de 2016, j’ai été nommé directeur de l’aménagement. Trois ans plus tard, j’ai aussi été nommé directeur général adjoint – Planification », détaille-t-il.

« Je suis content de voir qu’avec une simple formation comme technicien en évaluation foncière, j’ai été capable d’évoluer au sein d’une organisation qui te fait confiance. J’ai beaucoup de gratitude envers la Ville de m’avoir donné cette opportunité. J’ai fait mes preuves, mais je me sens privilégié d’avoir été soutenu. La Ville a cru en moi », ajoute M. Dussault.

« Gravir les échelons de la sorte, ça permet de connaître l’organisation pour laquelle tu travailles. Et tu en apprends tout le temps au fil des ans, autant au niveau administratif que technique, mentionne-t-il. Par exemple, aujourd’hui, je peux te parler de conduites municipales, ce que je ne pouvais pas faire à mes débuts. L’ensemble des données que tu récoltes au fil des années te rend meilleur. Ça fait aussi en sorte que tu peux répondre aux questions des conseillers municipaux plus rapidement quand ils veulent des informations sur des dossiers. J’ai eu la chance de pouvoir parfaire mes connaissances avec les gens du milieu, que ce soit aux communications, au génie, à l’environnement. Beaucoup de gens m’en ont appris beaucoup. »

Réalisations marquantes

Parmi ses réalisations marquantes en carrière, Robert Dussault cible rapidement le développement de Trois-Rivières sur Saint-Laurent avec l’Adresse sur le fleuve.

« J’ai pris ce projet à la fin 2015. Il y avait deux bâtiments de 40 unités construits. J’ai eu la chance de travailler avec des promoteurs exceptionnels. J’avais déjà planifié prendre ma retraite à 60 ans, alors je leur ai qu’on allait arrêter de brasser du sable et du papier et qu’on allait développer. Je regarde ce qui est fait aujourd’hui. Il reste le bâtiment commercial et un terrain voisin du Technoparc. L’ensemble de l’œuvre sera complété, bien qu’il restera des détails à améliorer. Pour moi, c’est une fierté. »

La mise à jour du schéma d’aménagement de la Ville a aussi été un gros morceau de la carrière de Robert Dussault. Les travaux entourant la Zone d’intervention spéciale (ZIS) lors des inondations de 2019 ont aussi marqué les années plus récentes. « Les gens se retrouvaient avec des potentiels de zones d’inondation sur leur terrain. Quand tu veux vendre ta maison, les arpenteurs font un certificat en conséquence. On avait déposé un moratoire au ministère des Affaires municipales. Il y avait eu une rencontre avec 400 personnes au Delta. Ça avait très bien été, même si c’était un sujet sensible pour les propriétaires. J’étais fier de l’avoir présenté et de toute l’équipe qui avait travaillé fort sur ce dossier dans les semaines précédentes. »

Pour sa part, Me Tremblay est fière d’avoir eu l’occasion de mener trois grosses élections municipales durant sa carrière, dont celle durant la pandémie en 2021. 

« Mener une élection, c’est vraiment difficile. Ça m’a appris des choses sur moi, notamment le fait que je suis très résistante au stress, car quand tu mènes une élection, tu as une obligation de résultat et tu n’as pas le droit à l’erreur. En même temps, tu viens d’embaucher 1000 personnes, il faut faire une logistique incroyable de fin de semaine et tu dois accompagner des personnes qui se présentent pour la première fois ou pour qui il y a des enjeux particuliers! »

Elle se dit aussi fière d’avoir amélioré le service d’accès à l’information. « On a fait beaucoup pour améliorer les choses. On est passé, en 2017, d’un service qui était essentiellement papier avec pratiquement du caviardage à la main à un service presque entièrement numérique avec une façon de faire et la mise en place de statistiques, ce qui nous permet de voir quelles sont nos catégories de demandes d’accès à l’information. »

Une dernière séance

Me Yolaine Tremblay récitera l’ordre du jour pour une dernière fois en séance publique du conseil municipal le 2 juillet prochain. Depuis son arrivée à ce poste, elle se fait un devoir de vulgariser les ordres du jour pour donner des clés de compréhension aux citoyens qui assistent pour une première fois à une séance.

« Je me dis que si j’étais là pour une première fois et que j’entendais une dame me parler de toutes sortes de choses, mais sans rien comprendre, probablement que ça ne m’intéresserait pas. Si je veux intéresser le plus possible les citoyens aux affaires de leur gouvernement de proximité, je pense qu’il faut expliquer les choses le mieux et le plus simplement possible. J’essaie toujours d’être claire et de donner les éléments importants pour que les citoyens puissent exercer leurs droits. Quand je parle d’une ouverture de registre ou encore d’un avis d’approbation référendaire, c’est important que les citoyens soient au courant, qu’ils connaissent la procédure, qu’ils sachent s’ils peuvent aller signer et quand. »

Des enjeux importants pour l’avenir

Robert Dussault aurait aimé voir plus d’avancement dans le développement industriel de la Ville. Il identifie d’ailleurs le développement industriel comme un élément à accentuer dans l’Avenir.

« Le taux de taxation est trois fois plus important dans le secteur industriel que pour le résidentiel.Je pense que pour baisser le fardeau fiscal du milieu résidentiel, il faut travailler ce levier de façon plus concertée avec le milieu. On l’a fait avec trois moutures du parc industriel 40-55, affirme-t-il. Je pense que l’acceptation sociale est plus grande, mais pas totale. »

« On aurait pu être plus réactif pour augmenter le pourcentage d’occupation des bâtiments industriels par rapport au terrain, ce qu’on fait maintenant. Ça aurait permis de densifier plus vite, analyse M. Dussault. On s’est retrouvé avec des terrains ayant une occupation de 10 ou 15% et qui servent pour l’entreposage. Ce n’est pas un gain en termes de valeur foncière. Je pense qu’il y aurait des gains substantiels à faire en développant plus le secteur industriel. »

« En même temps, il faut aussi agir du côté de la crise du logement. »

De son côté, la greffière de la Ville, qui agit aussi à titre de présidente d’élection lors des élections municipales, s’inquiète du taux de participation pour les années à venir.

« La déception que j’ai par rapport à mes élections, c’est qu’on a fait beaucoup d’efforts pour aller chercher l’électorat du 18 à 35 ans. On s’est aperçu que ça ne marchait pas, mentionne Me Tremblay. Il faut revoir les mécanismes. C’est clair que ça passe par ça. Il faut que le jeune de 18 à 35 ans soit capable de voter par ordinateur ou avec son cellulaire. Sinon, je crains qu’on devienne comme les centres de services scolaires dans le temps où il y avait des élections au très faible taux de participation. »

« Je pense qu’Élections Québec a réalisé ça. Il devait y avoir un projet pilote de vote par Internet, mais finalement, ça ne fonctionne pas. Je pense qu’en 2029, ce sera un incontournable », conclut-elle.