Fraude des grands-parents: témoignage touchant d’une Trifluvienne
Plusieurs directeurs de police étaient réunis à Trois-Rivières, mardi matin, pour y tenir une conférence-témoignage dédiée à la lutte contre les fraudes envers les grands-parents. Pour l’occasion, c’est une victime, Francine, qui a livré un poignant témoignage, avec tout son courage.
La Trifluvienne a été victime d’une fraude par téléphone, dans les derniers mois. La personne, à l’autre bout du téléphone, a utilisé une voix trafiquée, identique à celle de sa petite-fille.
« Je savais que l’intelligence artificielle avait des bienfaits, mais je ne connaissais pas ses côtés négatifs. C’est donc ma petite fille qui me demandait de lui venir en aide puisqu’elle avait fait un accident de voiture, entrant en collision avec une autre voiture, occupée par une femme enceinte. Elle était accusée de conduite dangereuse, alors elle m’a mis en contact avec un faux avocat, a-t-elle raconté, courageusement. Lui m’a expliqué la situation, puis m’a parlé d’une caution de 4300$. Je suis allée retirer l’argent et il m’a recontacté par la suite. Il m’a d’abord dit que ça ne fonctionnerait pas, mais je voulais qu’elle puisse être libérée le soir même alors c’est là qu’il m’a suggéré de récupérer les sous à la maison. »
Une tierce personne s’est ensuite présentée à son domicile pour récupérer la somme. Comme preuve, il lui a donné le numéro de dossier (finalement fictif) de sa petite fille et le tour était joué. « Lorsqu’il est parti, j’ai contacté ma petite-fille et bizarrement, elle m’a répondu. Elle m’avait expliqué que les policiers lui avaient confisqué son téléphone. Je lui ai demandé si tout allait bien et où elle se trouvait? J’ai compris lorsqu’elle m’a dit qu’elle était chez elle », admet-elle.
« Ce que je veux, c’est non seulement mettre les gens en garde contre la fraude, mais aussi tout ce que ça implique. J’ai vécu de très fortes émotions de stress, de peur et d’incertitude par rapport à ma petite-fille. Je ne pensais qu’à cet évènement, les cinq jours suivants. Les gens me demandaient si j’avais eu de la colère et j’ai répondu que non. Ce que j’ai éprouvé, c’est d’abord un énorme soulagement que rien de tout ça ne soit arrivé à ma petite-fille. Bref, c’est terriblement inhumain de faire vivre de telles émotions à quiconque. »
Depuis ce triste événement, Francine a pu livrer son poignant témoignage, ce matin, mais elle l’avait aussi fait dans des résidences de personnes âgées, lors de conférences policières.
« Ces gens-là sont très forts et très préparés. Ils ont réponse à tout. Ma première réaction, ce fut de dénoncer pour que le moins de gens possible puissent vivre ça, ajoute-t-elle. Je l’ai aussitôt dit aux policières que si elles avaient besoin de mon témoignage, je serais là pour eux. Je me suis fait un devoir d’en parler et j’ai été très bien accompagné par les policiers. On pense souvent qu’ils sont inaccessibles, mais c’est tout le contraire. Il y a des policiers qui font leur travail, et d’autres qui font davantage que leur travail. Les deux policières qui ont pris mon dossier en charge, avec Jean-Pascal, ont à mon avis fait plus que leur travail. »
« Ce que je conseillerais aussi aux familles, c’est de se donner un mot de passe familial si jamais une telle situation se présente à eux. Dans le doute ou dans un cas comme celui-ci qui implique une somme d’argent, on vérifie avec son petit-enfant si c’est bien lui ou elle à l’aide du mot de passe. »
Dans les derniers 12 mois, Trois-Rivières avait reçu 49 plaintes en ce sens, auxquelles se sont ajoutées les 12 du mois d’août. Dans la dernière année, quelque 200 fraudes de faux représentants ont aussi été rapportées sur le territoire.