Flavie Dubé fait revivre Le Brun en ville
Elle a grandi dans le magasin général Le Brun à Maskinongé. Elle connaît bien l’esprit qui anime l’endroit. Elle s’en est éloignée pendant quelques années, le temps de tenter de nouvelles expériences. Mais quand sa mère a parlé de fermer la boutique Le Brun en ville au centre-ville de Trois-Rivières, c’était inconcevable pour Flavie Dubé.
C’est d’ailleurs cette décision de sa mère qui lui a donné la poussée dans le dos dont elle avait besoin pour se lancer dans l’entrepreneuriat.
« Je fais partie de la famille du Le Brun depuis que j’ai neuf ans. C’est très familial et j’ai baigné tôt dans ce milieu parmi les antiquités et les artisans. Je travaille encore à l’hôpital aussi, alors je venais aider de temps en temps. Puis, ma mère a annoncé qu’elle fermait Le Brun en ville. Je lui ai dit qu’elle ne pouvait pas fermer! On a vu que les gens souhaitaient que ça reste ouvert. Je lui ai dit que je voulais essayer de prendre la relève », raconte Flavie Dubé.
Aurait-elle fait le saut dans l’entrepreneuriat, n’eût été l’opportunité de prendre la relève de Le Brun en ville? Probablement, mais pas de la même façon.
« J’ai toujours eu cette fibre entrepreneuriale en moi depuis que je suis jeune, affirme Flavie Dubé. J’aidais ma mère au magasin plus jeune, mais je ne voyais pas l’arrière-scène et tout ce que ça prenait pour être entrepreneur. Plus ça allait en grandissant, plus j’avais en tête d’acheter une fourgonnette et de la transformer en petit café mobile, mais quelque chose me retenait. Il me manquait l’élan pour me lancer véritablement. »
« Ma mère m’avait déjà proposé de reprendre Le Brun en ville, mais je disais que non. Ça m’intéressait, mais je ne l’avais jamais verbalisé avant que ma mère annonce qu’elle fermait la boutique du centre-ville. C’était ma chance, l’élan dont j’avais besoin. »
La vague d’amour qui a suivi l’annonce de la fermeture sur les réseaux sociaux l’a aussi convaincue de faire le saut.
« Quand j’ai vu la vague d’amour et de soutien, je me suis dit que je ne serais pas seule dans cette aventure. Je suis peut-être seule comme propriétaire, mais je sens qu’il y a beaucoup de gens qui me soutiennent. C’est une grosse vague d’amour chaque jour quand les gens viennent acheter quelque chose, raconte-t-elle. Ils me disent qu’ils sont contents qu’on soit demeurés ouverts finalement, d’autres que c’est leur boutique préférée. »
Ce contact avec les clients est particulièrement précieux pour l’entrepreneure.
« J’ai occupé plusieurs emplois dans les dix dernières années qui m’ont confirmé que ma flamme, c’est la vente et le service à la clientèle. Quand il n’y avait pas ce contact humain que me procure le service client, je devenais vite blasée d’un emploi. »
Sa mère est encore présente auprès d’elle pour la conseiller sur certains éléments et faciliter la transition. Elle quittera toutefois dans quelques semaines, de sorte que Flavie Dubé volera entièrement de ses propres ailes dans le monde de l’entrepreneuriat.
« J’en ai encore beaucoup à apprendre sur mon travail de propriétaire, notamment tout le côté de l’administration. Ce sera un gros défi. Ça m’angoisse un petit peu, mais je suis confiante! Je reste très proche de l’équipe du magasin général Le Brun à Maskinongé. Je sais que si je lève la main parce que j’ai besoin d’aide, ils viendront me donner un coup de main. »
Depuis son arrivée, elle a modifié le visuel de la boutique: la peinture a été refaite et les habitués remarqueront que les comptoirs ne sont plus disposés de la même façon.
« Le changement de garde va surtout paraître dans la sélection des produits, avance-t-elle. On va bien sûr conserver plusieurs produits qui sont demandés, mais ça se peut que je fasse rentrer, par exemple, Les Flambettes qui sont d’ici, qui font des chandelles et qui sont connues dans la région. Je veux aussi me rapprocher davantage du côté antique. J’ai eu l’impression qu’on s’en était un peu éloigné dans les dernières années au magasin de Trois-Rivières. Je veux qu’on garde bien en tête cet esprit de magasin général. »
Flavie Dubé est consciente des autres défis qui viennent avec la gestion de la boutique Le Brun en ville, dont le fait d’attirer des clients durant l’hiver. « On est chanceux, car on a des articles pour toutes les saisons, mais l’hiver, ça reste une période plus difficile. Plusieurs restaurants ouvrent seulement en soirée, des boutiques sont fermées… Pour le moment, on s’en sort bien, les chiffres sont beaux, mais il faudra élaborer des stratégies pour viser une meilleure fréquentation en hiver, après les Fêtes. J’ai déjà des idées! »
Elle entend également continuer à concilier la gestion de Le Brun en ville avec son emploi dans le milieu de la santé. « C’est conciliable, car j’ai la chance de faire mon horaire, note Flavie Dubé. Les jours où je travaille à l’hôpital, les employés de la boutique savent qu’ils peuvent lâcher un coup de fil au magasin de Maskinongé s’il y a un problème. J’ai aussi la possibilité de quitter si jamais il y a une urgence. Ces deux emplois m’apportent beaucoup dans différentes facettes de ma vie. Mon travail est plus routinier à l’hôpital, alors qu’à la boutique, tout est très nouveau. J’aime pouvoir conserver cette vision d’être employée et, en parallèle, être gestionnaire à la boutique. »