Étienne Beaulac: un Petit frère présent et attentionné

Un bénévole de Trois-Rivières, Étienne Beaulac, vient de se voir décerner le Prix Hubert-de-Ravinel par l’organisation provinciale des Petits frères. Cette distinction souligne l’implication d’exception d’un bénévole de moins de 35 ans au sein de l’organisme dont la mission est d’agir contre l’isolement des personnes aînées.

Le bénévolat a toujours fait partie de la vie d’Étienne mais c’est la pandémie qui l’a incité à s’engager avec les Petits frères de Trois-Rivières.

« Le bénévolat, ça vient de ma mère. Quand j’étais jeune, elle en faisait beaucoup. J’ai toujours eu ce côté-là, j’avais fait auparavant de l’aide aux devoirs, je fais de la robotique en parascolaire depuis dix ans, mais pendant la pandémie, on était cloîtrés chez nous. J’ai des amis infirmières, médecins, je les voyais avoir des situations pas possibles puis j’avais envie de faire quelque chose. J’ai donné mon nom pour faire ma part, une toute petite part, dans le contexte. »

On se rappelle que durant cette période trouble, certains aînés étaient particulièrement isolés. La Santé publique avant même demandé aux personnes de 70 ans et plus de ne pas sortir de leur domicile pendant un certain temps.

« J’appelais mes propres grands-parents, on faisait ce qu’on pouvait. Je me souviens d’aller à l’épicerie pour eux, d’aller déposer ça sur leur perron. Ma famille, on est proche, on s’aide, ça va, mais j’ai réalisé qu’il y a beaucoup de personnes qui n’en ont pas de famille. D’entrer en contact avec ces personnes-là, ça m’a ouvert les yeux. »

En juillet 2020, Étienne commence à faire des appels d’amitié à Madame Raymonde sur une base hebdomadaire. Il n’a jamais cessé de le faire depuis.

Madame Raymonde a grandi à Trois-Rivières mais a passé une grande partie de sa vie aux États-Unis. Au décès de son mari, son retour dans sa région natale s’est fait dans un contexte de grande solitude. Accompagnée par les Petits frères depuis 2014, Madame Raymonde avait longtemps hésité à accepter les services de jumelage.

« Quand elle est revenue à Trois-Rivières, elle était seule. Elle allait dans des activités à la maison des Petits frères et c’est ce qui lui a permis de contrer l’isolement. »

Les conversations téléphoniques entre Étienne et elle peuvent ressembler à ce que se disent des amis qui discutent de tout et de rien.

« Souvent, ça tourne autour du quotidien, ce qu’elle a fait dans sa journée, dans sa semaine. Parfois, elle fait des liens avec ce qu’elle a vécu en Californie auparavant. Quand on s’appelle c’est un moment pour elle, donc je la laisse parler. Je suis enseignant au secondaire, elle va me poser des questions sur l’école, mais c’est vraiment un moment pour elle. »

C’est en octobre 2021 qu’Étienne et Madame Raymonde se rencontrent pour la première fois.

« Ça faisait déjà plus d’un an qu’on se parlait au téléphone. Je suis allé la chercher et on est allé à la maison des Petits frères pour une activité un après-midi, un café rencontre. Depuis, on se voit tout le temps à Noël, à Pâques, pour la cabane à sucre et des activités comme ça. Je vais lui porter des cadeaux quand c’est son anniversaire. »

On dit souvent que le bénévolat fait autant de bien à la personne qui le fait qu’à celle qui le reçoit.

« Après quatre ans, on est proche et je le ressens. Je trouve ça tellement enrichissant. Pour moi, c’est un appel par semaine. Ça ne me prend pas de temps, mais pour elle et pour les personnes seules, cet appel-là peut faire une grande différence parce que c’est peut-être le seul appel qu’elles reçoivent dans la semaine ou presque. Quelqu’un qui prend de leurs nouvelles et à qui elles peuvent parler sans filtre, sans avoir peur du jugement. Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas plus de personnes qui fassent ça. Quand elle me parle de sa vie, c’est tellement loin de ma réalité. Il y a une richesse chez les personnes âgées. Je me trouve privilégié qu’elle s’ouvre à moi comme ça. »

Le prix remis à Étienne lui fait chaud au cœur. L’organisme a notamment souligné sa chaleur humaine, sa patience et son respect des besoins et du rythme de sa Grande amie. « Il a su illustrer l’essence même des Petits frères: offrir une présence bienveillante, sans attentes, mais avec une volonté profonde d’apporter du bonheur. »

« C’est une belle reconnaissance et je l’apprécie. Du moment qu’on met le pied là-dedans et qu’on voit tous les besoins, on a l’impression de ne pas en faire assez. L’équipe permanente aux Petits frères est extraordinaire. Si ça peut donner le goût à quelqu’un, peu importe son âge, de le faire aussi, je trouverais ça bien extraordinaire que d’autres personnes puissent être aidées. Juste un appel comme ça, ça ne prend pas beaucoup de temps mais ça peut faire toute une différence dans la vie de quelqu’un. »

Étienne a l’intention de poursuivre son implication qui revêt une importance encore plus grande à l’approche de la période des fêtes qui peut être difficile à vivre pour des gens plus isolés.

« Je me vois continuer à faire ça autant que je peux. Je garde les causes les plus importantes pour moi et qui me font plaisir. Je pense à Noël. Ils organisent un grand dîner. Si les Petits frères ne faisaient pas cette activité, il y a des gens qui ne verraient personne à Noël. On voit les étoiles dans leurs yeux. De les voir heureux pendant ces journées-là, c’est extraordinaire. On n’a pas idée tant qu’on ne le vit pas. »