Elle aide à identifier des donneurs potentiels de tissus humains dans la région

Depuis janvier, Kristina Paquin effectue une vigie de tous les décès qui surviennent en milieu hospitalier dans la région. Son objectif: identifier des donneurs potentiels de tissus humains.

Sur les 78 000 décès qui surviennent en moyenne chaque année au Québec, Héma-Québec estime qu’entre 40% et 50% de ces personnes auraient pu être des donneurs potentiels de tissus humains. Cependant, seulement 5780 donneurs potentiels de tissus ont été recommandés à l’organisation en 2023-2024, ce qui a résulté en 989 donneurs prélevés.

Les besoins en tissus humains sont importants et grandissants. Héma-Québec espère que l’arrivée de Kristina Paquin, une ressource dédiée, au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (MCQ) contribuera à accroître la recommandation des donneurs potentiels dans la région et ainsi générer plus d’opportunités de prélèvements.

« Il y a plusieurs gains à ce nouveau modèle de fonctionnement. Il y a de nombreux décès qui surviennent dans les hôpitaux. Pour qu’Héma-Québec puisse agir pour que le prélèvement se fasse, il faut que l’on soit informé de ces décès, indique Étienne Fissette, directeur de l’exploitation des tissus humains à Héma-Québec. Avoir une personne du personnel d’Héma-Québec dans les établissements hospitaliers permet de travailler conjointement avec l’équipe en place pour mieux identifier les donneurs potentiels. »

Le rôle de Kristina Paquin, qui est basée au CHAUR de Trois-Rivières, est d’abord d’assurer une vigie des décès en centre hospitalier sur le territoire du CIUSSS MCQ pour évaluer l’admissibilité des donneurs potentiels.

« Quand j’identifie des donneurs potentiels, je vérifie s’ils ont déjà été recommandés par un membre du personnel à Héma-Québec. Sinon, je peux le faire. Je vérifie les consentements dans les différents registres disponibles. S’il y a des consentements signés, on peut communiquer avec la famille et effectuer le processus de coordination, détaille-t-elle. On passe ensuite à l’étape du questionnaire médical et social pour s’assurer de l’admissibilité du donneur parce qu’on veut des tissus de qualité et sécuritaires pour les receveurs. Ça permet de déterminer l’admissibilité du donneur. »

Le processus peut prendre jusqu’à 24 heures suivant le décès. Évidemment, si les tissus sont prélevés plus rapidement, meilleures sont la qualité et la qualification des tissus pour la greffe.

Des cornées prélevées à Trois-Rivières

À Trois-Rivières, seul le prélèvement de cornées peut être réalisé puisque l’opération ne demande pas d’équipements aussi spécialisés que pour les autres types de prélèvements de tissus. La particularité du prélèvement de cornées est qu’il faut l’effectuer le plus rapidement possible à la suite du décès afin qu’elle soit de la meilleure qualité possible.

« Tous les autres tissus, à l’exception des tissus oculaires, peuvent être prélevés dans un délai de 24 heures. La particularité des tissus oculaires, c’est qu’on maintient des cellules vivantes pour la greffe. C’est donc idéal si on arrive à prélever une cornée dans un délai de 12 heures. Le tissu est de meilleure qualité », précise M. Fissette.

La demande pour les cornées est constante. Il y a entre 800 et 900 greffes de cornée par année au Québec, un nombre qui est en croissance.

Étienne Fissette, directeur de l’exploitation des tissus humains à Héma-Québec. (Photo courtoisie)

« Les besoins chirurgicaux varient toutefois chaque semaine. Parfois, on en a besoin de dix dans la semaine, tandis qu’une autre fois, ça peut être 30. On doit s’ajuster à la demande changeante de semaine en semaine. C’est pour cette raison qu’on parle de l’importance de recommander des donneurs et d’identifier des donneurs potentiels pour assurer un niveau de prélèvement adéquat pour répondre aux besoins de greffe. C’est le nerf de la guerre », explique-t-il.

C’est là que Kristina Paquin entre en jeu, notamment. En ayant des ressources sur place au CIUSSS de l’Estrie – CHUS, au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec de même qu’au CHU de Québec-Université Laval, Héma-Québec estime que cela devrait améliorer l’approvisionnement et la qualité des dons de tissus.

« Il n’y a eu que du positif par rapport à mon arrivée. C’est vraiment une belle collaboration pour soutenir les équipes en place, les outiller et leur venir en aide, affirme Kristina Paquin. J’ai été bien reçue par les équipes. On trouve des stratégies pour faciliter la recommandation pour faire en sorte que le personnel sache comment recommander, expliquer le don de tissu. »

« La performance de certains établissements est variable. On a de la sensibilisation à faire auprès du personnel soignant également. On souhaite s’assurer que chaque établissement rehausse sa performance. En ajoutant une ressource, c’est un pas en ce sens », complète Étienne Fissette qui mentionne que le taux de recommandation était « quand même bas » dans la région si l’on considère le bassin de la population. « C’est un travail de longue haleine et on veut travailler en collaboration. »

Encore de la sensibilisation à faire

Pour signifier son consentement au don de tissu, il suffit de signer la vignette au dos de sa carte d’assurance maladie ou de l’inscrire à l’un des registres officiels : le Registre de la Régie de l’assurance maladie du Québec ou le Registre de la Chambre des notaires. Il est ensuite primordial d’en informer ses proches afin de s’assurer que sa volonté soit respectée.

« On a encore beaucoup de sensibilisation à faire du côté du personnel et de la population. Les gens confondent le don de tissu humain et le don d’organe, constate Mme Paquin. Dans mes expériences personnelles jusqu’à présent, je n’ai jamais été mal reçue au téléphone avec les familles. Je leur explique ce que c’est, la façon dont est fait le prélèvement, ce que ça peut apporter à une personne. La majorité du temps, les gens acceptent le don, surtout si le défunt avait exprimé son consentement. Dans la majorité des cas, les gens respectent la volonté du défunt. »

« Je pense que les proches y trouvent aussi un certain réconfort, ajoute-t-elle. Un peu comme si ça permettait de donner un sens au non-sens qu’est la mort et de savoir que leur proche peut aider significativement quelqu’un qui en a besoin. En prélevant les cornées d’une personne, on peut redonner la vue à deux personnes. »

Le saviez-vous?

La Semaine nationale du don d’organes et de tissus se déroule du 21 au 27 avril. En consentant à faire un don de tissus humains à son décès, une seule personne peut changer la vie de plus de 20 autres personnes.

Quels sont les tissus humains pouvant être prélevés?

  • Tissus oculaires (cornée et autres)
  • Tissus musculosquelettiques (ligaments, tendons, os morcelés, extrémités du fémur)
  • Tissus cutanés (peau)
  • Tissus artériels (aortes abdominales, artères)
  • Tissus cardiaques (valve cardiaque)