Des élèves gèrent leur horaire au Séminaire Saint-Joseph

Le Séminaire Saint-Joseph a consulté les élèves, l’an dernier, afin de connaître leur appréciation et faire naître de nouvelles idées. Le tout fut présenté aux membres du personnel et de là est né le projet de « Séquence pédagogique différenciée », qui s’est tenu du 8 au 18 avril. 

Le concept est assez simple en soi. Pendant neuf jours, les élèves n’avaient plus d’horaire fixe conventionnel de 8h25 à 15h15 à suivre. Ils étaient plutôt appelés à faire des choix afin d’aménager leur horaire d’une façon à développer leur plein potentiel.

« L’intention de départ est de permettre aux élèves de faire des choix. Pendant ces jours-là, ils ont un choix de tâches à réaliser, le moment où ils vont les réaliser et l’endroit pour les réaliser. On veut favoriser l’autonomie et la responsabilisation à l’intérieur d’un cadre. C’est rare qu’on offre à l’élève autant de choix, mais on sait que lorsqu’ils vont arriver au chapitre post-secondaire, ils vont faire face à beaucoup de choix », explique d’emblée Marc-André Godbout, directeur des Services pédagogiques et de niveaux du Séminaire Saint-Joseph.

« L’an dernier, les élèves ont exprimé qu’ils voudraient un peu plus de flexibilité à l’horaire. On s’est assis avec les professeurs et on a regardé ce qu’on pourrait créer de différent à l’intérieur du modèle existant. C’est de là qu’est née l’idée de faire un horaire flexible. On avait une école au sein de la Fédération des écoles privées du Québec qui le fait depuis plusieurs années, soit le Collège Mont-Sacré-Cœur, de Granby, qui nous a accompagnés là-dedans. On ne partait donc pas de zéro. »

Codes de couleurs

Les élèves ont donc reçu un plan de travail avec l’ensemble des tâches à réaliser pendant les neuf jours. Ils avaient un horaire avec des codes de couleurs, par période, ainsi qu’une liste de locaux collaboratifs où ils pouvaient se déplacer pour les réaliser.

« Sur le plan, ils retrouvaient l’ensemble des tâches qu’ils ont à faire pendant neuf jours. Ils avaient un horaire avec des codes de couleurs, des locaux collaboratifs où ils peuvent aller pour faire changement. Une période bleue signifie que l’enseignant est maître est à 100%, bref une période conventionnelle. Pour les périodes jaunes, l’enseignant va diriger sa classe pendant dix ou quinze minutes avant que les élèves deviennent maîtres de choisir quoi faire à l’intérieur leur plan de travail. Finalement, il y a les périodes vertes qui sont celles où l’élève choisit à 100% ce qu’il fait. »

« Évidemment, les élèves de première secondaire ont beaucoup moins de cases vertes et beaucoup plus de cases bleues. Plus le niveau de scolarité avance, plus le niveau de vert est élevé dans leur horaire. »

Pour ce qui est du nombre de périodes flexibles par jour, il a été décidé par chacun des enseignants, selon son groupe. 

« De notre côté, on n’a pas mis de minimum ni de maximum à respecter. On avait vraiment confiance en nos enseignants. Pour l’élève, c’est vraiment aidant pour développer son autonomie. Il doit planifier ses tâches alors ce n’est pas parce que je suis en mathématique que je vais nécessairement faire des mathématiques à ce moment-là. »

« L’élève a aussi des travaux à remettre dans la semaine, et des évaluations planifiées, alors il va organiser un horaire qui lui convient le mieux. Bref, nos élèves de secondaire 1, dans cinq ans, vont devenir des experts avec le concept. » 

À répéter?

Étant donné que la réception des élèves et des enseignants fut excellente, est-ce que le Séminaire pourrait répéter l’expérience annuellement? 

« On leur a dit que c’était un choix collectif d’aller vers ça et la réponse des enseignants a été exceptionnelle. Ils se sont vraiment lancés dans le vide à expérimenter cette séquence pédagogique différenciée. Maintenant, l’intention est d’en organiser plus qu’une par année, ajoute le directeur. L’an prochain, on en vise minimalement deux. La première expérience a tellement bien été que trois pourraient être envisageables, mais on ne veut pas monter les marches trop rapidement. Toute cette aventure-là a demandé beaucoup de temps à nos enseignants. On veut innover, mais pas surcharger non plus. L’avantage, c’est qu’ils l’ont vécu une première fois et ils savent à quoi s’attendre. De notre côté aussi on connaît davantage les angles morts qu’on n’avait pas vu venir et les petits pièges, alors à suivre. »

« Non seulement ça crée un engouement au niveau des élèves, mais le niveau d’engagement a été très élevé. Ils aiment que ce soit différent, et pouvoir décider et même sortir de sa classe habituelle. On des surveillants et ils l’ont constaté eux aussi. Le mérite revient aux élèves et aux enseignants qui ont préparé un plan de travail qui était précis », conclut-il.